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Jours tranquilles à Paris
12 août 2019

Croisières. Un mirifique marché

cargo

Article de Stéphane Bugat

Des paquebots toujours plus grands, une offre toujours plus variée, des passagers toujours plus nombreux, une clientèle de plus en plus familiale : la tendance des croisières gagne du terrain. Après les Américains, Britanniques et Allemands, les Français se laissent séduire par ces vacances à bord de véritables cités flottantes.

Les croisières ont le vent en poupe dans une économie mondialisée qui accorde déjà une place croissante aux activités touristiques. En 2015, elles enregistraient six fois plus de passagers qu’en 1990. Depuis, la courbe reste solidement ascendante. Les Nord-Américains, pionniers du genre, représentent encore la majorité de la clientèle mais elle s’élargit à d’autres continents. Les Australiens et les Européens comblent progressivement leur retard. Et le secteur spécule ardemment sur l’essor à venir d’un marché chinois et plus généralement asiatique, encore embryonnaire. Le cap des 30 millions de passagers et un volume d’affaires de 50 milliards de dollars sont en vue.

La croisière étant un marché de l’offre, il y en a pour tous les goûts, pour tous les prix et pour toutes les destinations. Les Caraïbes ont longtemps été privilégiées, les côtes méditerranéennes sont maintenant très fréquentées mais celles de l’Atlantique ne sont pas négligées, tout comme les paysages du Grand Nord.

Toujours plus grand

Le luxe est le plus souvent synonyme de navires élégants de dimensions modestes. Mais la tendance dominante est à la massification. D’autant que les taux de remplissage, proches des 100 %, ont de quoi rendre jaloux les hôteliers. Car les croisiéristes peuvent compter sur une clientèle fidèle, qui vit ses séjours en mer comme autant de rituels. Une clientèle longtemps constituée de seniors mais qui ne cesse de rajeunir. « Les croisières deviennent un phénomène intergénérationnel et de plus en plus familial », affirment les professionnels.

Les chantiers navals ont donc obligation de faire toujours plus grand. Leurs carnets de commandes sont bien remplis par les quatre leaders (les deux américains, Carnival Corporation et Royal Caribbean International, et les européens Norwegian Cruise et MSC en Italie). Ils ont des programmes d’investissement vertigineux, ne serait-ce que pour résister aux nouveaux concurrents qui tentent de se faire une place. À bord des paquebots les plus imposants déjà en circulation, on compte plus de monde (passagers et personnels) qu’à Bercy, le paquebot d’un autre genre qui héberge le ministère des Finances et ses 6 000 fonctionnaires. « Les économies d’échelle et les coûts fixes partagés, grâce aux grands navires, nous permettent de renforcer le niveau de service », résume Patrick Pourbaix, le directeur général de MSC Croisières France.

La France s’y met

En tout cas, la concurrence est rude entre les ports d’escales et ceux qui veulent le devenir. Ils considèrent la croisière comme une opportunité à ne pas laisser échapper. Ils en espèrent des retombées sonnantes et trébuchantes, en particulier pour le commerce local qui ne demande pas mieux que d’être assailli, ne fût-ce quelques heures seulement, par des vagues de croisiéristes en goguette, prompts à la dépense. Encore leur faut-il disposer d’équipements adaptés, notamment portuaires.

S’agissant des croisières, la France est à la traîne. Avec un peu plus de 500 000 passagers par an, elle fait même pâle figure à côté de ses voisins allemands et britanniques qui dépassent les deux millions. L’absence de grande compagnie hexagonale ou encore la fréquentation des clubs de vacances sont quelques éléments d’explication. Ce qui ne décourage pas une compagnie comme MSC. « En France, notre gros challenge, c’est l’acheminement, note Patrick Pourbaix. Marseille est tout de même au début d’un fort développement, de même que Le Havre, vers le nord. » Une ville-port comme Brest veut, elle aussi, aller bien au-delà des 14 escales accueillies en 2018.

Les croisières n’en ont pas moins quelques inconvénients. Curieusement, les spectaculaires naufrages du Costa Concordia, en 2012, et de l’Étoile de l’Orient, en 2015, n’ont pas laissé trop de traces. En revanche, on s’interroge de plus en plus sur l’impact sur l’environnement. La légendaire Venise n’est pas la seule à en supporter les traces. En Corse, par exemple, on a des inquiétudes voisines. Les conditions de navigation sont aussi en cause. « Cela fait belle lurette que nous sommes sur ces sujets, plaide Patrick Pourbaix. Nos nouveaux navires sont au gaz liquéfié, avec un impact réduit de 85 %. Notre ambition, c’est zéro émission et notre espoir, c’est l’hydrogène. De plus, notre gestion des déchets est strictement régulée. Plus rien ne passe par-dessus bord. » En somme, des villes sur mer, mais des villes propres. Les croisières ont bien leur part d’utopie.

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