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Jours tranquilles à Paris
27 août 2019

Analyse G7 : isolé diplomatiquement, Donald Trump a fait le choix de l’apaisement

Par Gilles Paris, Washington, correspondant

Contrairement au précédent sommet au Canada, le président des Etats-Unis s’est gardé du moindre coup d’éclat à Biarritz, et a même paru faire des concessions sur l’Iran ou encore la Chine.

Donald Trump avait quitté Washington pour le sommet du G7, en France, le 23 août, en laissant derrière lui une capitale fédérale médusée. Il venait de relancer spectaculairement sa guerre commerciale avec la Chine après un incident diplomatique avec le Danemark, qui avait répondu par une fin de non-recevoir à l’hypothèse d’un achat du territoire autonome du Groenland. Ce tumulte avait ravivé le souvenir du G7 précédent, au Canada, marqué par le refus brutal de Donald Trump d’endosser le communiqué final, et fait craindre de nouveaux dérapages.

Il n’en a rien été. A Biarritz, sans rien retrancher de ses divergences avec ses pairs sur le climat, le commerce international ou la place de la Russie, le président des Etats-Unis s’est gardé du moindre coup d’éclat. Sa proposition de réintégrer la Russie dans ce club s’est heurtée à un mur, alors qu’il met cette éviction liée à l’annexion de la Crimée, en 2014, sur le compte de son prédécesseur Barack Obama, furieux selon lui que le président russe, Vladimir Poutine, se soit montré « plus malin que lui » lors de cette crise.

Rien à gagner à mettre en évidence son isolement

Après avoir enregistré également les rebuffades courtoises du premier ministre japonais, Shinzo Abe, et du Britannique, Boris Johnson, sur le commerce international, ou encore le refus du premier ministre indien, Narendra Modi, également présent, d’une médiation américaine dans la crise avec le Pakistan sur le Cachemire, Donald Trump a manifestement considéré qu’il n’avait rien à gagner à mettre en évidence son isolement.

La seule manifestation ostensible de ses désaccords a été son absence à la session consacrée à l’environnement. La Maison Blanche l’a justifiée par des rencontres concomitantes avec la chancelière allemande, Angela Merkel, et le premier ministre indien. Les chaînes de télévision américaines n’ont pas manqué de diffuser des photos attestant pourtant de la présence de ces deux responsables à cette même réunion. Donald Trump a assumé sa désinvolture en vantant les énergies fossiles lors de la conférence de presse tenue au terme du G7. « Les Etats-Unis ont une richesse énorme. La richesse est sous nos pieds », a-t-il dit. « Je ne vais pas perdre cette richesse dans des rêves, dans des moulins à vent », a-t-il insisté.

Le souci d’apaisement du président des Etats-Unis s’est, en revanche, étendu aux tensions américano-chinoises. Il a assuré dès le début de journée, avant l’ouverture des marchés américains, que les autorités chinoises avaient contacté ses conseillers au cours de la nuit précédente pour tenter de relancer les négociations. La nouvelle a rasséréné Wall Street qui s’était effondré vendredi, même si Pékin n’a pas officiellement confirmé la réalité de ces échanges. Donald Trump a également renoué avec les propos respectueux envers son homologue Xi Jinping qu’il avait qualifié d’« ennemi » trois jours plus tôt.

Il en a été de même à propos de l’Iran, au grand dam des « faucons » républicains, dont l’ancienne ambassadrice aux Nations unies, Nikki Haley, qui a accusé sur Twitter le président français, Emmanuel Macron, d’avoir tendu un piège au locataire de la Maison Blanche. Après avoir assisté en spectateur à l’initiative de son hôte qui a reçu en marge du G7 le ministre des affaires étrangères iranien, Mohammad Javad Zarif, le président des Etats-Unis ne s’est pas frontalement opposé à la perspective d’une rencontre avec son homologue iranien, Hassan Rohani, tout en l’assortissant de conditions. Dans le même esprit, il n’a pas désapprouvé l’hypothèse d’un desserrement temporaire de l’étau financier mis en place par Washington depuis sa sortie, il y a un an, de l’accord sur le nucléaire iranien conclu en 2015.

Accueillir à son tour le G7 en 2020

Lors de sa conférence de presse, Donald Trump a répété qu’il ne vise pas « un changement de régime » en Iran, avant de pivoter brusquement vers le dossier nord-coréen. Il a alors assuré curieusement que son épouse Melania « a appris à connaître » le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un et partage sa conviction qu’il est « un homme avec un pays qui a un potentiel énorme », comme selon lui l’Iran. La Maison Blanche a été contrainte d’assurer par la suite que la familiarité supposée de la First lady avec le dictateur, qu’elle n’a jamais rencontré, venait des récits de son époux.

Outre l’effet des trésors de diplomatie déployés par son hôte, Emmanuel Macron, le souci de Donald Trump d’éviter les antagonismes a peut-être été également alimenté par la perspective d’accueillir à son tour le G7, l’an prochain, en 2020, à quelques mois seulement de la présidentielle de novembre. Donald Trump a confirmé les informations publiées par la presse américaine, tout d’abord par le Washington Post, en confirmant qu’il envisageait de l’organiser dans son club de golf de Doral, en Floride, un Etat par ailleurs crucial pour sa réélection.

Donald Trump est alors redevenu promoteur immobilier, vantant avec insistance les avantages de sa propriété, dont sa proximité avec l’aéroport international de Miami, la qualité de ses « bungalows », ou encore la taille de ses salles de réception, qui comptent à l’en croire parmi « les plus grandes de Floride ».

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