"Une fille facile" - lu sur instagram

geraldinedormoy

Je suis allée voir Une fille facile mue par la curiosité d'y découvrir Zahia Dehar filmée par Rebecca Zlotowski, cinéaste féministe. Le film raconte l'été à Cannes de deux jeunes cousines, l'une à la sexualité libérée, l'autre qui se cherche. Elles font la connaissance d'un riche marchand d'art et de son entremetteur, qui les invitent sur leur yacht.

Coup de foudre. Pour Zahia d'abord, sa diction mi-BB mi Rohmer, son charme, sa retenue, son corps de bande dessinée. Mais pour tout le reste aussi : les clins d'oeil aux sixties de la mise en scène, les personnages ciselés (Benoît Magimel dans l'un de ses plus beaux rôles, Clotilde Courau impeccable), les dialogues intelligents, la bande-son classieuse, les costumes qui servent divinement le film...

Enfin, surtout, pour sa portée politique (en filigrane, il y est beaucoup question de lutte des classes, mais ce n'est même pas à ça que je pense). Pendant un siècle, le cinéma nous a servi du « male gaze », regard masculin et hétérosexuel sur le corps des femmes.

Zlotwoski filme le désir masculin avec un regard féminin. Ça change tout. Elle contourne les clichés, creuse les caractères, nuance les relations. Un très beau film sur l'adolescence, la seduction, I'illusion de la richesse.