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Jours tranquilles à Paris
12 octobre 2019

"Thierry Mugler : Couturissime" : six choses à savoir sur le couturier avant de voir l’exposition de Rotterdam

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Après Montréal, la première rétrospective consacrée à Thierry Mugler s'installe à Rotterdam à partir du 13 octobre. 140 tenues, costumes, croquis et archives - retraçant 35 ans de carrière - revisitent l'univers de ce couturier visionnaire, metteur en scène et photographe.

Créateur, couturier, metteur en scène, photographe, réalisateur et parfumeur, Thierry Mugler a d’abord été un danseur qui "a inventé le langage du corps" dans la mode, une liberté dans la coupe. L’exposition Thierry Mugler : Couturissime retrace le parcours de ce créateur français à l’œuvre visionnaire singulière. Première rétrospective et première monographie, après une première mondiale à Montréal, l'exposition entame sa tournée avec 140 tenues jamais exposées, accessoires, costumes de scène, clips, vidéos, archives, croquis, et la centaine d’images signées par les plus grands photographes de mode.

"Mes visions créatives n’ont pas de limite… Il y a toujours une solution Muglériene et mon seul rêve est de fasciner, transporter, envoûter l’esprit humain grâce à tous les véhicules artistiques qu’offre la vie pour rendre hommage le mieux et le plus joyeusement possible à l’univers sublime où nous vivons et au plus bel animal sur terre : l’être humain. Croyons en demain. Vive le futur".

Voici six choses que vous ne savez peut-être pas concernant ce couturier :

1 - Il obtient le plus gros budget de la Comédie-Française pour les costumes de Macbeth & Lady M

Le 6 juillet 1985, lors de la soirée d’ouverture du Festival d’Avignon, dans la Cour d’honneur du Palais des Papes, les spectateurs découvrent une version renouvelée de Macbeth de William Shakespeare. Disposant du plus gros budget de la Comédie-Française depuis sa fondation en 1680, le couturier a créé 70 costumes et accessoires : "Les acteurs sont tous dans des armures et des cuirasses magistrales, des musculatures-pourpoints, en cuir et en métal, alors qu’ils sont vulnérables en dessous". Véritable cage dorée, la robe de Lady Macbeth – une imposante structure métallique autoportante – s’ouvre pour révéler la reine déchue dans une robe simple en chiffon déchaussée de ses hautes plates-formes. Engoncées dans d’énormes fraises en satin plissé évoquant des billots de guillotine, les sorcières sont chauves : historiquement, la tonte était pour une femme une humiliation et une punition ultimes. Leurs sublimes robes Renaissance sont déchirées et calcinées, des appliques de latex créent les brûlures de fagots enflammés dans leur traîne.

2 - Il est le premier à présenter en Occident un défilé-spectacle ouvert au public

"Ma seule vraie vocation, c’est le spectacle". Loin des défilés haute couture convenus, organisés dans des salons privés, il révolutionne la mode avec ses défilés-spectacles et ses mannequins vedettes. Le podium devient comédie musicale, bulles de bande dessinée, écran hollywoodien ou cabaret glamour : ses mannequins incarnent des personnages de fiction, des superhéroines affranchies et pleines d’humour. Important un concept instauré en 1973 par le couturier japonais Issey Miyake, Thierry Mugler est, en 1984, le premier créateur à présenter en Occident un défilé-spectacle ouvert au public. Dans la salle du Zénith à Paris, 6.000 personnes assistent à un "opéra mode" réunissant 60 mannequins portant 350 modèles.

3 - Il lance la tendance des guest stars sur les podiums

Thierry Mugler comprend qu’avec les célébrités vient la célébrité. Leurs apparitions figurent parmi les moments les plus mémorables de ses défilés. Il lance la tendance des guest stars sur ses podiums en y invitant chanteuses et actrices hollywoodiennes. Avec la génération des top-models, cette extravagance caractérise les années 1980. Ses vêtements sont portés par des stars de la scène comme David Bowie, James Brown, Céline Dion, Madonna, Lady Gaga et Beyoncé.

4 - Il réalise ses propres campagnes de pub

Inséparable de l’essor des revues, la photographie de mode se substitue aux illustrations pour s’imposer dans les années 1960. A cette époque, les annonceurs n’appartiennent pas à de puissants groupes de luxe. Le rôle des rédactrices en chef grandit, leur permettant de soutenir de jeunes talents. A la tête de Vogue (France), Francine Crescent propulse la carrière de Mugler. Elle donne aussi carte blanche a deux maîtres qui bouleversent les codes de la photographie de mode : l’Australo-Allemand Helmut Newton et le Francais Guy Bourdin. Le déclic pour la photographie se produit en 1976, quand Mugler demande à Newton de réaliser une campagne publicitaire : intervenant constamment durant la séance photo, Newton lui répond : "Si tu es tellement sûr de ce que tu veux, pourquoi ne le fais-tu pas toi-même ?". Mugler se lance alors, réalisant ses campagnes visuelles, inspiré par son propre univers. Il photographie ses créations portées par ses muses, dont Iman et Jerry Hall, dans des lieux extrêmes, vierges et inaccessibles : un iceberg au Groenland, les dunes du Sahara, les aigles du Chrysler Building ou le toit de l’Opéra de Paris.

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5 - Il invente des silhouettes robotiques ou des super-héroïnes

"J’ai toujours essayé, dans mon travail, de rendre les gens plus forts en apparence qu’ils ne le sont vraiment". Thierry Mugler imagine des silhouettes aérodynamiques et robotiques qui deviendront emblématiques. Il s’inspire de la science-fiction et des super-héroïnes de bande dessinée, des armures médiévales et des uniformes, du design industriel et des automobiles futuristes. En 1989, il présente sa collection Buick en hommage à l’Americain Harley J. Earl, qui a dessiné les ailerons des Cadillac Eldorado en 1959. Le couturier conçoit des fourreaux amovibles ou "décapotables", des bustiers "pare-chocs", des ceintures "radiateur", sans oublier le sac "aileron". Son chef-d’oeuvre demeure sa Maschinenmensch [femmerobot] : en 1995, lors du défilé anniversaire des vingt ans de sa maison, la mannequin, coiffée d’un grand chapeau et vêtue d’une robe en mousseline noire sous un manteau de satin violet, révèle son corps robotisé, hommage au robot Futura du roman Metropolis. La cuirasse s’articule grâce à des empiècements rattachés par du cuir et du caoutchouc, une structure interne en plastique facilitant les mouvements sur la peau.

6 - Bien avant tout le monde, il délaisse la fourrure pour les matières synthétiques

Bien avant Jean Paul Gaultier, Prada ou John Galliano, Thierry Mugler fait le choix de refuser la fourrure et les plumes rares. "Depuis toujours, je suis fasciné par le plus bel animal sur terre : l’être humain". Selon lui, la séduction humaine réfère au monde animal qui inspire ses créations fantastiques. Les nymphes aquatiques peuplent les fonds marins de sa collection Les Atlantes : bustiers "coquillage" en verre cranté, accessoires "oursin", robe à effet "raie manta", crêtes en relief bleu espadon… Ses extravagantes Méduses résultent d’une technique inédite utilisant de l’organza plissé, bombé à la main puis laqué, avec des insertions de caoutchouc rappelant des tentacules. Son bestiaire s’inspire des reptiles, des insectes, des oiseaux et des papillons. Innovateur, le créateur n’utilise pas de fourrure mais des matières synthétiques. Il refuse les peaux luxueuses ou les plumes rares mais imite les pelages ou les carapaces. En 1997-1998, deux collections redonnent un second souffle a la haute couture française : Les Insectes comprennent un fourreau à traîne de velours noir, orné d’ailes de papillon en plumes de coq de la maison Lemarié ; La Chimère dévoile une créature mythologique avec une armure articulée, des écailles brodées de cristaux, de diamants fantaisie, de plumes et de crins de cheval.

Exposition Thierry Mugler : Couturissime du 13 octobre 2019 au 8 mars 2020. Kunsthal Rotterdam. Museumpark. Westzeedijk 341 3015 AA Rotterdam.

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