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Jours tranquilles à Paris
20 octobre 2019

« Camille » : en mémoire de la photographe de presse

Il manque, au début de Camille, l’une de ces mentions – « d’après des faits réels », « inspiré d’une histoire vraie » – faites pour établir la légitimité d’une fiction.

C’est que le film que Boris Lojkine a consacré aux derniers mois de la photographe de presse Camille Lepage, tuée en mai 2014, lors d’un accrochage entre factions rebelles centrafricaines, n’a pas besoin de cet artifice.

A son arrivée en République centrafricaine, à l’automne 2013, la jeune femme – elle a alors 25 ans – trouve un pays divisé entre la coalition Séléka essentiellement musulmane, et ses opposants qui, face à l’impéritie du gouvernement et des forces internationales censées maintenir l’ordre, ont commencé à former des milices baptisées « anti-balaka ». La capitale, Bangui, commence à être le théâtre d’affrontements et de représailles exercées contre les civils de l’un ou l’autre camp.

C’est là que Boris Lojkine a amené ses acteurs français, Nina Meurisse, qui tient le rôle de Camille Lepage, Bruno Todeschini ou Grégoire Colin, qui forment avec Augustin Legrand la petite meute de journalistes français venue couvrir le conflit ; c’est là qu’il a trouvé les Centrafricains qui interprètent les étudiants avec qui Camille se lie dès son arrivée, juste avant que ces jeunes gens ne soient obligés de choisir leur camp.

Boris Lojkine évoque les éternels débats qui agitent les journalistes de guerre. Plus important, il met en scène l’effet de leur présence sur les protagonistes d’une histoire qui n’est pas celle des témoins. L’une des scènes les plus fortes du film oppose Camille Lepage à Cyril (Fiacre Bindala), un étudiant qui a choisi la lutte armée contre la Séléka. A la jeune femme qui lui demande si l’élimination de ses adversaires est la solution, le guérillero demande ce qui lui donne le droit, à elle, la Française venue d’un pays qui a façonné l’histoire de la Centrafrique, de dire le bien et le mal. T. S.

« Camille », film français de Boris Lojkine. Avec Nina Meurisse, Fiacre Bindala, Bruno Todeschini, Ousnabee Zounoua, Grégoire Colin (1 h 30).

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