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Jours tranquilles à Paris
31 octobre 2019

ETATS-UNIS : Impeachment : la bonne résolution des démocrates

Par Isabelle Hanne, correspondante à New York

Déjà confortée par l’audition d’un témoin crucial, l’enquête pour destitution pourrait bénéficier d’un cadre formel en cas d’accord des représentants.

Impeachment : la bonne résolution des démocrates

La Chambre des représentants doit voter jeudi une résolution pour «éliminer tout doute» quant à son enquête en vue d’une destitution éventuelle de Donald Trump, a expliqué sa présidente, la démocrate Nancy Pelosi. Une première étape formelle pour légitimer la procédure en cours, notamment grâce à des auditions publiques de témoins. Jusqu’ici, celles-ci se sont déroulées à huis clos, devant les membres, démocrates comme républicains, des commissions chargées de l’enquête. Déclenchant l’ire de certains républicains qui ne sont pas membres de ces instances, qui considèrent être exclus de la procédure. La semaine dernière, une vingtaine d’entre eux a même fait irruption dans la pièce sécurisée où se tenait l’audition d’un responsable du Pentagone, retardant son témoignage. L’opposition démocrate cherche depuis un mois à établir si Donald Trump a abusé de son pouvoir à des fins personnelles quand il a demandé à l’Ukraine d’enquêter sur son potentiel rival pour l’élection 2020, l’ex-vice-président Joe Biden.

«Mascarades»

La résolution, qui a de fortes chances d’être votée dans une Chambre à majorité démocrate, énonce également «les droits garantis au président et à sa défense». Les avocats de Trump seront en effet autorisés à le défendre formellement et à contre-interroger des témoins quand la commission judiciaire de la Chambre commencera ses débats sur le vote ou non de l’impeachment. Mais loin de se satisfaire de cette proposition, la Maison Blanche et les républicains y ont vu l’aveu, par les démocrates, de l’irrégularité de la procédure, comme ils le clament depuis son lancement. L’enquête pour destitution «est une mascarade», a affirmé la porte-parole de la Maison Blanche, Stephanie Grisham. Nancy Pelosi «admet enfin ce que le reste de l’Amérique sait déjà : que les démocrates mènent une enquête non autorisée […] et leurs auditions secrètes, suspectes, menées à huis clos sont absolument illégitimes», a-t-elle ajouté. La Maison Blanche refuse jusqu’ici de coopérer à une enquête qu’elle qualifie de «chasse aux sorcières», et a intimé aux membres de l’administration de ne pas répondre aux convocations du Congrès.

Rien n’oblige pourtant la Chambre à organiser un vote en séance plénière pour lancer ces investigations préparatoires. Lors des procédures de destitution contre Richard Nixon et Bill Clinton, des enquêtes avaient été menées en amont, avant que la procédure ne soit ouverte au public. En procédant à huis clos, les élus de l’opposition affirment également qu’ils ont empêché les témoins de coordonner leurs versions.

Pour les démocrates, cette résolution permet d’encadrer une nouvelle phase de la procédure. Et de contrer une administration Trump qui «refuse de transmettre des documents, empêche les auditions de témoins, ignore des injonctions dûment autorisées ou continue à faire entrave à la Chambre des représentants», a précisé Nancy Pelosi. «Les preuves que nous avons déjà collectées dressent le portrait d’un président qui a abusé de son pouvoir en utilisant plusieurs leviers du gouvernement pour faire pression sur un pays étranger pour qu’il interfère dans l’élection 2020», résument des leaders démocrates de la Chambre dans un communiqué.

Inquiétudes

Ce vote intervient après un nouveau témoignage déterminant dans le cadre de l’enquête. Mardi, lors de son audition à la Chambre, le lieutenant-colonel Alexander Vindman, directeur des affaires européennes au sein du Conseil de sécurité nationale et expert sur l’Ukraine, a livré de nouveaux détails embarrassants pour Donald Trump. Vindman est le premier témoin auditionné à avoir écouté l’appel téléphonique du 25 juillet, au cours duquel Donald Trump a demandé à son homologue ukrainien, Volodymyr Zelensky, de «se pencher» sur l’ancien vice-président Joe Biden, et les affaires de son fils Hunter en Ukraine.

Selon cet ancien combattant de la guerre en Irak, le transcript livré par la Maison Blanche de cette conversation, au cœur des investigations de la Chambre, a omis des mots et des phrases cruciaux. Trump aurait notamment affirmé qu’il existait des enregistrements de Joe Biden évoquant la corruption en Ukraine. Zelensky aurait, lui, explicitement mentionné Burisma Holdings, la compagnie gazière qui employait Hunter Biden. Alexander Vindman, aurait tenté, en vain, de faire rajouter ces éléments dans la retranscription de l’appel. Très «préoccupé» par cette conversation, il a affirmé dans sa déclaration liminaire avoir rapidement fait part de ses inquiétudes à l’avocat du Conseil de sécurité nationale. «Je ne pensais pas qu’il était approprié d’exiger qu’un gouvernement enquête sur un citoyen américain, j’étais inquiet des conséquences», a-t-il précisé.

A partir des informations obtenues lors de ces auditions, la Chambre des représentants pourrait voter en fin d’année sur des articles de mise en accusation de Donald Trump. Si son impeachment est approuvé, le Sénat devra ensuite organiser le procès du Président. Compte tenu de la majorité républicaine dans cette enceinte, il semble peu probable, à ce stade, qu’il soit destitué.

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