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Jours tranquilles à Paris
5 novembre 2019

Le prix Goncourt décerné à Jean-Paul Dubois, le prix Renaudot à Sylvain Tesson

goncourt

Par Raphaëlle Leyris

Le Goncourt récompense avec « Tous les hommes n’habitent pas le monde de la même façon » un roman sur l’échec, l’art de gâcher sa vie et la manière dont les morts nous accompagnent. Le Renaudot a, lui, été remis à Sylvain Tesson pour « La Panthère des neiges ».

Le prix Goncourt a été attribué à Jean-Paul Dubois pour Tous les hommes n’habitent pas le monde de la même façon (L’Olivier). Etaient également en lice : Soif, d’Amélie Nothomb (Albin Michel), Extérieur monde, d’Olivier Rolin (Gallimard) et La Part du fils, de Jean-Luc Coatalem (Stock). C’est, comme chaque année, depuis le restaurant parisien Drouant, où se réunissent les jurés, que la nouvelle a été proclamée, lundi 4 novembre.

Annoncé dans la foulée, et dans le même établissement, le prix Renaudot est, lui, décerné à Sylvain Tesson pour La Panthère des neiges (Gallimard). Eric Neuhoff a reçu, pour sa part, le Renaudot essai pour (Très) cher cinéma français (Albin Michel) .

C’est un beau roman sur l’échec qui remporte ainsi le plus convoité des prix littéraires français. « Il y a une infinité de façons de gâcher sa vie », assure son narrateur, Paul Hansen. Il en connaît un rayon en la matière, par son père, pasteur danois à la foi chancelante, autant que par sa mère, Anna, à l’athéisme aussi irréductible que son amour du cinéma – elle travaillait comme programmatrice dans une salle toulousaine, ce qui ne fut pas sans susciter nombre de frictions entre les époux.

Paul s’est lui aussi appliqué, à sa manière, à saboter sa propre existence : on fait sa connaissance au pénitencier de Montréal, où l’a conduit un acte qu’il ne révélera que tardivement, et où il partage sa cellule avec un colossal biker.

Voitures, tondeuses, dentistes, chevaux…

Paul n’éprouve aucun remord à l’égard des faits qui lui ont valu son emprisonnement, mais cela n’empêche pas Tous les hommes n’habitent pas le monde de la même façon d’être un roman du regret et de la perte. Jean-Paul Dubois fait jaillir des éclats de burlesque ou d’onirisme, voire de chamanisme, dans le récit douloureux de son narrateur, qui a l’élégance de ne jamais se départir d’un léger sourire.

A cela, il ajoute la nécessaire pincée d’obsessions bien connue de ses lecteurs – les voitures, les dentistes, les tondeuses, les chevaux, les accidents d’avion… Le miracle est que cet attelage qu’on pourrait imaginer bigarré constitue un poignant hommage aux morts, et à la manière dont on habite le monde à leurs côtés.

Né en 1950 à Toulouse, où il vit toujours dans la maison de son enfance, Jean-Paul Dubois a longtemps été grand reporter au Nouvel Observateur. Jaloux de son temps et de sa liberté, il l’a quitté le jour même de 2004 où Une vie française (L’Olivier) a reçu le prix Femina. Depuis, il continue d’écrire, tous les trois ou quatre ans, sur les 31 jours d’un mois de mars, un roman dont les personnages s’appellent Paul et Anna, d’une noirceur et d’un humour mélancolique qui les rendent immédiatement reconnaissables.

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