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Jours tranquilles à Paris
29 décembre 2019

« Le Lac aux oies sauvages », fuite en eaux troubles dans la nuit chinoise

Diao Yinan, 50 ans, est certainement la plus belle révélation du cinéma d’auteur chinois de ces dernières années. Trimardant, comme scénariste, puis acteur, depuis les années 1990 dans le milieu du cinéma, il réalise deux remarquables longs-métrages – Uniforme en 2003, Train de nuit en 2007 – qui le font d’emblée remarquer du public cinéphile. L’Ours d’or de la Berlinale décerné au magnifique Black Coal en 2014 lui ouvre les portes de la notoriété internationale. L’éparpillement d’un cadavre sur le territoire mandchou y est prétexte, au cours de l’enquête sinueuse menée par un flic impavide, à un film noir mélancolique et poisseux.

Il eût été dommage, après une telle réussite autour du genre, de s’arrêter en si bon chemin. Diao Yinan revient donc au polar, substituant au film d’enquête solitaire un film de couple en cavale, passant en un mot du point de vue des flics à celui des truands, de la ténacité de la Loi à l’ivresse de la transgression. Passant en même temps du nord au sud du pays, du givre poudreux à l’éclat de la nuit, de la pâleur à la luxuriance. Accusant aussi délibérément son formalisme, déjà sensible dans Black Coal, ce que d’aucuns n’ont pas manqué de lui reprocher lors de la présentation du film à Cannes en mai dernier.

Mais il en va en vérité du formalisme comme de toute chose, il en est un mauvais et il en est un bon. Il serait donc plus précis de dire que Le Lac aux oies sauvages est un récit à la fois ténu et palpitant, qui tient tout entier dans l’épiphanie de sa mise en scène. Un film, autrement dit, essentiellement raconté par sa lumière, son mouvement, sa vision, la graphie de ses personnages davantage que leur psychologie. J. M.

« Le Lac aux oies sauvages », film chinois de Diao Yinan. Avec Hu Ge, Gwei Lun Mei, Liao Fan, Wan Quian (1 h 50).

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