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Jours tranquilles à Paris
24 janvier 2020

Une certaine culture du corps vue par la photographe Camille Vivier

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Comme dans la continuité d'une performance de bodybuilding, la photographe française Camille Vivier saisit avec tendresse la culturiste Sophie. Ensemble, elles se jouent des poses plastiques codifiées de cette pratique, tout en s'évadant dans un certain imaginaire ne révélant que mieux la personnalité surprenante de la muse de l'artiste.

Le travail de Camille Vivier s'articule essentiellement autour de la représentation de la femme et de son corps. Une femme assumée et qui ne s'excuse jamais d'être là, présente au monde, non "offerte" à la photographe, mais plutôt dans un moment de partage actif - et non passif - avec celle-ci.

Il est alors presque logique que cette photographe française ait choisi de livrer, pour son deuxième livre sobrement intitulé Sophie (du prénom de son modèle), une véritable ode au corps de cette culturiste. Mais pas que : grâce à la douceur de son regard, c'est l'être tout entier de sa muse qu'elle célèbre. Mais le point de départ est bien le corps. Ce corps, sculpté par des heures de musculation qu'on imagine nombreuses et sûrement douloureuses. Ce corps impressionnant, qui étonne par ses muscles prononcés, et dont le côté de prime abord outrageux est encore souvent attribué, dans l'imaginaire collectif, au bodybuilder masculin.

Avec ce travail, Camille et Sophie dépassent ce cliché. Passés les premiers instants de découverte du plus évident, nous sommes ensuite rapidement saisis par la tendresse émanant du visage de Sophie, mais aussi par sa délicatesse et sa présence particulière. Sans compter le jeu des deux femmes autour du déguisement, comme pour mieux brouiller les pistes et montrer que le corps et la perception qu'en ont les autres ne sont qu'une simple question de point de vue, ou de volonté.

De la même manière que Sophie a musclé son corps pour mieux se le réapproprier, elle peut aussi décider de s'exhiber autrement, en devenant tour à tour Marilyn Monroe, une écolière anglaise, une héroïne de film noir pointant un revolver - rappelant ainsi Gena Rowlands dans un Cassavetes -, une catcheuse 80's aux faux airs de Wonderwoman... Et aussi, et surtout, jouer des codes de la virilité jusqu'au bout, en s'armant de cuir et de clous tel un Robert Mapplethorpe au féminin.

Sophie, de Camille Vivier, Art Paper Editions, 35€

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Lancement du livre fait le 29 novembre 2019 au BAL, Paris XVIIIe.

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