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Jours tranquilles à Paris
25 février 2020

Les Bourses mondiales saisies par la fièvre du coronavirus

Par Béatrice Madeline, Julien Bouissou

A New York, le Dow Jones a chuté de 3,6 %, sa pire séance en plus de deux ans. En Europe, la Bourse de Milan a perdu 5,4 %, le DAX allemand 4 % et le CAC 40 3,94 %.

La propagation de l’épidémie de coronavirus hors de Chine, particulièrement en Iran et en Italie, ainsi que les révisions à la baisse, dimanche 22 février, des prévisions de croissance mondiale par le Fonds monétaire international (FMI), ont semé lundi un véritable vent de panique sur les marchés financiers. A New York, le Dow Jones a chuté de 3,6 %, sa pire séance en plus de deux ans, et le Nasdaq a dégringolé de 3,7 %. En Europe, la Bourse de Milan avait perdu 5,4 % à l’issue de la séance de lundi, le DAX allemand 4 %. A la Bourse de Paris, le CAC 40 a abandonné 3,94 %. Réunis durant le week-end en Arabie saoudite, les ministres des finances du G20 ont pourtant promis des mesures pour faire face à une éventuelle de la détérioration de la situation. Ils n’ont pas été entendus.

Alors que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) évoque le risque de pandémie, c’est toute l’économie mondiale qui menace désormais d’être déstabilisée par le Covid-19. « Cette réaction reflète la déception des marchés boursiers et financiers qui pensaient que le choc du coronavirus allait être temporaire », analyse William De Vijlder, chef économiste de BNP Paribas. La propagation de l’épidémie, selon un mécanisme qui semble aujourd’hui difficile à décrypter, plonge les marchés dans l’incertitude.

Les centres de production européens désormais menacés

L’inquiétude est montée d’un cran ce week-end, en Asie, après le passage en état d’alerte maximum de la Corée du Sud à la suite d’une hausse des cas de coronavirus. Le ralentissement de son économie pourrait être plus important que prévu, en raison d’une baisse de la consommation intérieure.

Alors que les usines et les ports tournent au ralenti en Asie, ce sont désormais les centres de production européens qui sont menacés, avec plusieurs régions italiennes placées en quarantaine depuis ce week-end. Les localités touchées par l’épidémie contribuent au PIB italien à hauteur de 12 %. « L’économie italienne ne peut pas se permettre une pause de son activité », a prévenu lundi le cabinet Oxford Economics. Après une récession au quatrième trimestre 2019, les espoirs de redressement de l’économie de la Péninsule sont compromis.

Europe, c’est toutefois l’Allemagne qui est la plus vulnérable à un ralentissement de la production manufacturière et à une baisse du commerce mondial. « Avec l’apparition du coronavirus, le risque d’une récession manufacturière en Allemagne au premier semestre existe désormais », explique Ana Boata, directrice de la recherche macroéconomique au sein de la société d’assurance-crédit Euler Hermes. Même si le choc de l’épidémie est temporaire, « le rebond en Europe sera sans doute moins rapide qu’en Chine », poursuit Ana Boata. La marge de manœuvre pour une relance budgétaire y est en effet plus réduite qu’en Chine et la situation politique plus instable.

« Le choc de l’offre se superpose à un choc de la demande »

« Ce qui est frappant dans cette crise, c’est de voir le choc de l’offre se superposer à un choc de la demande », explique William De Vijlder. La baisse de la production en Chine perturbe les chaînes d’approvisionnement du monde entier. Et l’épidémie freine la consommation, comme l’illustre la baisse de 30 % des ventes chinoises de voitures depuis le début de la crise, ou encore le tarissement des flux touristiques. « La crise de confiance paralyse les agents économiques », souligne Julien Marcilly, chef économiste chez Coface. Symbole de ces dérèglements, le fabricant Apple a prévenu mi-février que la pneumonie virale allait affecter ses résultats, entraînant une chute de son cours boursier.

La baisse par le FMI de 0,1 % de ses prévisions de croissance mondiales pour 2020 est sous-estimée, selon Patrick Artus. Le chef économiste à la banque Natixis n’exclut pas une récession en Europe au premier semestre 2020, et une perte d’au moins un demi-point de croissance en France sur la même période. « Un demi-point que nous ne sommes pas certains de récupérer ensuite », prévient Patrick Artus. De telle sorte que d’ici la fin de l’année, l’épidémie pourrait faire perdre 0,2 à 0,3 point à la croissance française, laquelle était estimée à 1,1 % par Bercy et la Banque de France.

Difficile aujourd’hui de voir ce qui pourrait à court ou moyen terme rassurer les marchés. La reprise progressive de la production en Chine, qui desserre l’étau sur les chaînes d’approvisionnement, n’écarte plus la crainte de voir d’autres pans de l’économie mondiale paralysés par des mesures de confinement, voire même des mesures de protection aux frontières. « Le vrai sujet est de savoir ce qu’il adviendra des nouveaux cas de personnes infectées », avance Julien Marcilly. « On n’a pas d’exemples par le passé d’une crise similaire dans un pays aussi important que la Chine, d’une telle ampleur et on est assez mal outillés pour dire jusqu’ou cela peut aller », reconnaît William De Vijlder.

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