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Jours tranquilles à Paris
29 février 2020

Le trophée de meilleur réalisateur donné à Polanski couronne les “Césars de la honte"

cesar honte

COURRIER INTERNATIONAL (PARIS)

Le César du meilleur réalisateur décerné à Roman Polanski en pleine vague #MeToo n’est pas passé inaperçu dans la presse internationale, qui retient une grande soirée du cinéma français sous “haute tension».

L’histoire, au final, retiendra peut-être le César du meilleur film pour Les Misérables de Ladj Ly, couronnant une carrière fantastique commencée l’an dernier à Cannes. Mais vendredi soir, la presse internationale n’avait d’yeux que pour le trophée de meilleur réalisateur remis à Roman Polanski pour J’accuse.

Le Hollywood Reporter rappelle que le cinéaste franco-polonais “n’était pas présent à la soirée pour recevoir sa récompense, ayant renoncé à participer à la cérémonie, craignant selon lui d’être ‘lynché publiquement’ par les manifestantes féministes”.

De fait, de nombreux militants avaient fait le déplacement, observe le Daily Telegraph, et “se sont accrochés avec la police, peu avant que les grands noms du cinéma français n’arrivent à la Salle Pleyel, mais aucun n’a pu atteindre le tapis rouge. Non loin de là, d’autres manifestants brandissaient des pancartes sur lesquelles on pouvait lire ‘Honte à une profession qui protège des violeurs’”.

El Mundo a parlé à l’une des militantes, Élodie, “une professeure de collège venue à la manifestation car elle est ‘engagée dans la lutte contre la violence machiste’”. Elle est contre l’idée, “défendue par certains en France, qu’il faut séparer l’homme et son œuvre à l’heure de récompenser ou non Polanski. ‘Quand un professeur est pédophile, on ne sépare pas l’enseignant de l’homme. Pour moi, c’est pareil pour l’art’, dit-elle”.

“Tension palpable”

La démission collective, en début d’année, de la direction de l’Académie des Césars, dans la foulée des critiques sur son fonctionnement, n’avait pas suffi à calmer les esprits.

Pendant la cérémonie elle-même, “la tension était palpable dans la salle, remplie d’artistes qui, ces dernières semaines, avaient exprimé ouvertement leur irritation vis-à-vis de l’Académie du Cinéma, même s’ils n’ont finalement pas profité de leurs discours pour la dénoncer”, rapporte El País.

Mais lorsque le nom de Polanski a résonné dans la Salle Pleyel pour le César du meilleur réalisateur, l’ambiance a définitivement changé. “Immédiatement après l’annonce, on a entendu des cris et des huées dans le public”, écrit The Guardian.

Adèle Haenel, l’actrice de Portrait de la jeune fille en feu, qui avait accusé le réalisateur Christophe Ruggia d’avoir abusé d’elle sexuellement quand elle était enfant, s’est alors levée et a quitté la salle, “en bougeant les bras et en disant ‘C’est une honte’”, selon le New York Times.

L’actrice avait annoncé la couleur dans les colonnes du quotidien new-yorkais, en début de semaine. Elle avait estimé dans une interview que “distinguer Polanski reviendrait à cracher au visage des victimes. Cela voudrait dire que violer des femmes n’est pas si grave”.

L’actrice “ne fut pas la seule” à quitter la salle, souligne El País. “Au moins une dizaine d’invités ont décidé, au même moment, de quitter les Césars le plus controversés de l’histoire. La présentatrice de la soirée (Florence Foresti) a refusé de poser pour la photo finale et s’est déclarée ‘écœurée’ sur son compte Instagram. Et dans la rue, les manifestants s’en prenaient de plus belle aux ‘Césars de la honte’”.

cesar contestation

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