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Jours tranquilles à Paris
13 mars 2020

Coronavirus : la France sous protection rapprochée

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Par Tonino Serafini , Laure Equy , Marie Piquemal et Laure Bretton - LIBERATION

Le Président a annoncé jeudi soir la fermeture jusqu’à nouvel ordre de tous les établissements scolaires à partir de lundi, mais se refuse à laisser sombrer l’économie et appelle à une «mobilisation générale» pour aider les plus fragiles.

Coronavirus : la France sous protection rapprochée

«Quoi qu’il en coûte.» Face à la propagation du Covid-19, Emmanuel Macron a promis jeudi soir une riposte massive - sanitaire, sociale, économique - et sans compter. «La santé n’a pas de prix, a insisté le chef de l’Etat dans une allocution prononcée en direct depuis l’Elysée. Le gouvernement débloquera tous les moyens qu’il faut pour sauver des vies. Nous continuerons quoi qu’il en coûte.» Jeudi soir, le gouvernement dénombrait 2 876 contaminés et 61 morts. Au terme d’une journée de consultations tous azimuts avec les élus et les scientifiques, le Président a décidé de maintenir les élections municipales (lire ci-contre) et la circulation des transports publics.

«Faire bloc»

Il a en revanche annoncé la fermeture des crèches et établissements scolaires «dès lundi et jusqu’à nouvel ordre» dans l’espoir de ralentir encore la diffusion du coronavirus. Sans décréter le passage au stade 3 de l’épidémie ni prononcer le mot «confinement», il a recommandé aux «plus vulnérables» de rester «autant que possible» chez eux. La trêve hivernale sera ainsi prolongée de deux mois. Le Président a évoqué pendant vingt-cinq minutes «la plus grave crise sanitaire qu’ait connue la France depuis un siècle», rendant un hommage très appuyé aux personnels de santé et annonçant des décisions «de rupture» à plus long terme, adoptant d’inhabituels accents antilibéraux et altermondialistes. «Je compte sur nous tous pour inventer […] de nouvelles solidarités. Je compte sur vous toutes et tous pour faire nation», a proclamé Emmanuel Macron, lançant un appel à «l’union sacrée» : «On ne vient pas à bout d’une crise d’une telle ampleur sans faire bloc.»

Côté éducation, le chef de l’Etat a opéré un changement de stratégie. Jusqu’ici, la ligne adoptée par le gouvernement, répétée encore jeudi par le ministre de l’Education, était de s’en tenir à des fermetures localisées d’écoles, dans certains départements ou établissements, pour freiner la propagation de la pandémie. «Quand vous fermez les écoles de tout un pays, cela signifie que vous paralysez en bonne partie ce pays, faisait valoir Jean-Michel Blanquer. C’est évidemment quelque chose qui doit être regardé avec beaucoup de finesse pour ne pas être contre-productif.» Tout a donc changé en quelques heures et la France se met au diapason de nombreux autres pays : écoles et universités ont progressivement fermé en Italie, principal foyer de la maladie en Europe. Pologne, Grèce, République tchèque, Roumanie, Danemark, Ukraine, Slovénie… Dans le monde, plus d’un élève sur cinq ne peut plus fréquenter l’école à cause du coronavirus, ainsi qu’un étudiant sur quatre, annonçait mardi l’Unesco. L’Organisation des Nations unies pour l’éducation organisait à la hâte une réunion avec les hauts responsables du secteur pour «échanger des stratégies susceptibles de réduire au minimum la perturbation des systèmes éducatifs». En France, le ministère de l’Education assure que tout est opérationnel depuis plusieurs semaines pour un enseignement à distance, et ainsi assurer la «continuité pédagogique». Dans les 2 000 établissements déjà fermés en France (notamment dans l’Oise, la Corse, le Haut-Rhin), 420 000 élèves et leurs profs communiquent beaucoup comme ils ont déjà l’habitude de le faire, via les espaces numériques de travail. Le Centre national d’enseignement à distance (Cned) met à disposition des contenus pédagogiques : environ trois ou quatre heures d’activités sont proposées chaque jour aux élèves dans des matières différentes. La fermeture des écoles pose tout de même la question très concrète de la garde des enfants, avec un casse-tête supplémentaire dans l’équation : les grands-parents, par leur âge, font partie pour beaucoup des populations vulnérables et donc ne peuvent pas vraiment s’en occuper. Jeudi soir, Emmanuel Macron a annoncé que serait organisé région par région un service de garde pour les enfants des personnels soignants, «indispensable à la gestion de la crise sanitaire puisse continuer à travailler».

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Plan de relance

Tout au long de son discours, le Président a félicité les personnels des hôpitaux, «engagés avec dévouement et efficacité» et qualifiés de «héros en blouse blanche». Il a aussi enjoint les Français à mieux respecter les «gestes barrières» qui permettent de freiner le virus. Car plus la progression de la maladie est ralentie et plus elle donne du répit aux équipes médicales. L’objectif est d’éviter un afflux massif, qui rendrait difficile la prise en charge de tous ceux qui en auraient besoin.

Se voulant rassurant sur les remèdes du gouvernement, il a aussi promis qu’il n’ajouterait pas «aux difficultés sanitaires la peur de la faillite». Il a confirmé la «mobilisation générale», assurant là aussi que le gouvernement agirait «quoi qu’il en coûte». L’Etat prendra entièrement à sa charge un «mécanisme exceptionnel et massif» de chômage technique, s’inspirant de l’exemple allemand qui l’indemnise mieux que la France. Pour les entreprises, toutes les échéances d’impôts et de cotisations dus pourront être reportées, rééchelonnés voire annulés afin d’éviter au maximum les faillites. Un plan de relance national et européen verra enfin le jour, en complément des mesures annoncées par la BCE «pas suffisantes» à ses yeux. Enfin, gare aux appétits financiers qui pourraient profiter de la déconfiture des marchés pour s’emparer d’entreprises affaiblies. Pour aider les salariés, la ministre du Travail a convié les partenaires sociaux ce vendredi. Au menu, un éventuel report de la réforme de l’assurance chômage.

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