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Jours tranquilles à Paris
1 avril 2020

Avec le confinement, l’Ile-de-France passe en mode silencieux

paris silence

Par Stéphane Mandard

Une étude relève une chute historique du bruit en région parisienne, où 90 % de la population est habituellement soumise à des niveaux sonores dépassant les recommandations sanitaires.

Les aboiements d’un chien, le chant des oiseaux, le bruissement des feuilles dans les arbres : ces derniers jours, les citadins redécouvrent des mélodies habituellement étouffées par le vacarme des grandes villes. Si ce n’était le froid, ils en seraient presque à dormir fenêtres grandes ouvertes. Confinement oblige, la ville est passée en mode silencieux.

Moins de voitures, camions, motos, scooters dans les rues. Moins d’avions dans le ciel. Moins de trains ou de métros. Moins de marteaux-piqueurs ou d’engins de chantier. Le bruit a déserté les agglomérations. Et tous les soirs, à 20 heures, peut se propager de fenêtre en balcon la claque donnée en l’honneur des soignants engagés dans le combat contre le coronavirus.

Jusqu’à 90 % de baisse près de certaines voies

Bruitparif, l’organisme chargé de surveiller la pollution sonore en Ile-de-France, a mesuré l’impact des mesures de confinement et du ralentissement de l’activité qui en découle. Les 150 capteurs disséminés dans la région sont formels : le niveau de bruit a chuté. Jusqu’à près de 90 % la nuit aux abords de certaines voies dans Paris intra-muros.

Selon le bilan des deux premières semaines de confinement publié mardi 31 mars par Bruitparif, le niveau sonore a baissé entre 5 et 10 décibels le long des axes routiers. « Du jamais vu, réagit Aurélie Solans, conseillère déléguée à l’environnement à la Mairie de Paris. Nous vivons une expérience grandeur nature inédite ». La même tendance historique avait été mise en évidence par Airparif avec la réduction drastique de la pollution de l’air liée au trafic routier.

Un impact sur la qualité de vie

Cette chute sans précédent du niveau de bruit s’est encore amplifiée au cours de la deuxième semaine, précise Bruitparif. Elle bénéficie également aux personnes vivant à proximité des aéroports de Roissy et Orly – où le trafic est désormais quasiment nul – ou sous des couloirs aériens. Les stations de mesure de l’organisme notent aussi une baisse le long des voies ferrées qui accompagne la réduction du trafic ferroviaire.

Cette réduction de la pollution sonore ne se limite pas aux transports, elle est aussi perceptible pour les riverains des chantiers (ceux du Grand Paris Express sont à l’arrêt) ou dans les quartiers festifs de la capitale. « Les nuisances sonores ont disparu des quartiers animés de la capitale, qui comptent de nombreux bars et restaurants ou établissements habituellement fortement fréquentés en soirée et en début de nuit », relève Bruitparif. Les baisses peuvent atteindre jusqu’à 20 décibels.

« On ne peut évidemment pas souhaiter que le pays reste paralysé mais peut-être que ce répit, lorsque le confinement prendra fin, aura au moins le mérite de faire prendre conscience aux gens que le bruit peut avoir un impact sur leur qualité de vie, commente Fanny Mietlicki, la directrice d’Airparif. Car beaucoup de Français, et en particulier de Franciliens, vivent en permanence dans un univers sonore bruyant. »

Un enjeu de santé publique

De par la densité de sa population et de son maillage (routes, voies ferrées, aéroports), l’Ile-de-France est la région de France la plus touchée par le bruit lié aux transports. 90 % de la population est exposée à des niveaux supérieurs aux valeurs recommandées par l’Organisation mondiale de la santé : 53 décibels (dB) pour le trafic routier (et 45 dB la nuit), et de respectivement 45 dB et 40 dB pour les avions.

« L’exposition au bruit des transports constitue un enjeu de santé publique, rappelle Aurélie Solans. La chute de l’exposition à cette pollution transforme notre paysage sonore avec des bénéfices en termes de santé. » Le bruit est en effet considéré comme « la seconde cause de morbidité derrière la pollution atmosphérique » parmi les facteurs de risque environnemental en milieu urbain. Troubles du sommeil, infarctus du myocarde, acouphènes, gênes… dans une étude publiée en février 2019, Bruitparif estimait que le bruit des transports était responsable, en moyenne, d’une perte de 11 mois de vie en bonne santé par habitant et jusqu’à trois ans pour les plus exposés, vivant souvent à proximité d’un aéroport.

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