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Jours tranquilles à Paris
5 avril 2020

Jean Castex, le « M. Déconfinement » du gouvernement

jean castex

L’ex-secrétaire général adjoint de l’Elysée sous Nicolas Sarkozy a été chargé par Edouard Philippe de préparer la sortie de crise à long terme

Un haut fonctionnaire qui connaît parfaitement le monde de la santé et qui est redoutable d’efficacité. » C’est ainsi qu’Edouard Philippe a présenté Jean Castex au grand public, jeudi 2 avril, sur le plateau de TF1. Le premier ministre a annoncé que l’actuel délégué interministériel aux grands événements sportifs, âgé de 54 ans, a été chargé de coordonner le travail de réflexion du gouvernement sur les stratégies de déconfinement de la population française, invitée à rester chez elle depuis le 17 mars pour endiguer la propagation du Covid-19.

« Plusieurs scenarii possibles » sont à l’étude, a souligné le chef du gouvernement, et charge est donnée à cet ancien directeur du cabinet de Xavier Bertrand au ministère de la santé de les débroussailler. « Castex est conforme à la jurisprudence que l’exécutif va appliquer désormais : des experts, mais avec un bagage politique », souligne un poids lourd de la majorité. Concrètement, cet énarque, passé par la Cour des comptes, doit prendre en main les personnels qui travaillaient déjà sur le sujet sous l’égide du directeur général de la santé, Jérôme Salomon. « Jean Castex doit bâtir une équipe, une organisation, agréer l’ensemble des compétences interministérielles pour préparer avec le gouvernement la future feuille de route », explique-t-on à Matignon.

Le déconfinement − que le premier ministre imagine « progressif » − devra-t-il être régionalisé, effectué par classe d’âge, ou bien en fonction des capacités à tester la population ? Faudra-t-il permettre le traçage numérique du parcours des citoyens, sur la base du volontariat, porte ouverte par Edouard Philippe ? « C’est une série de points d’interrogation sur lesquels nous n’avons pas beaucoup de réponses », reconnaît-on dans l’entourage du chef du gouvernement. Ce dernier a néanmoins prévenu, jeudi soir, que « le déconfinement, ça n’est pas pour demain matin », assurant que la date du 15 avril sera « probablement » repoussée. Mais cela n’empêche pas de se préparer dès maintenant à l’« après ».

« Expert des questions sociales »

Le nom de Jean Castex n’est pas inconnu en Macronie. En octobre 2018, la rumeur de sa nomination comme ministre de l’intérieur en remplacement de Gérard Collomb avait agité la majorité. L’ex-socialiste Christophe Castaner avait finalement été préféré à cet homme encarté au parti Les Républicains (LR), conseiller départemental des Pyrénées-Orientales et maire de la commune de Prades (il a été réélu dès le premier tour lors des élections municipales, le 15 mars, avec 75 % des voix). Le profil de cet ancien secrétaire général adjoint de l’Elysée du temps de Nicolas Sarkozy avait alors soulevé des critiques parmi les soutiens de la première heure d’Emmanuel Macron, qui s’émouvaient d’une tentative de « putsch » de la part de la droite philippiste.

Aujourd’hui encore, l’arrivée de Jean Castex dans l’écosystème macroniste ne fait pas que des heureux. « Je ne vais pas lui faire de procès, mais je suis très circonspect sur cette nomination, souffle un député. Nous parlons d’un homme qui a adopté les décrets d’application de la loi hôpital en 2005, aboutissant à une concentration des pouvoirs dans les mains des directeurs d’administration, à la création de la tarification à l’acte, à une logique de coût dans l’hôpital… C’était un sarkozyste pur et dur, ce qui n’augure rien de bon pour la protection des libertés fondamentales. »

Un son de cloche isolé, veut-on croire à Matignon, où l’on jure que « le choix de Castex a tout de suite fait consensus ». « Le premier ministre a une grande confiance en lui, c’est un homme de mission, de confiance, un grand serviteur de l’Etat, qui a des compétences multiples », assure un proche de l’ancien maire du Havre. Notamment celle de savoir parler le langage des responsables politiques. Le locataire de Matignon souhaite en effet que la stratégie de déconfinement soit « discutée » avec l’ensemble des forces en présence.

Jean Castex n’arrive pas, quoi qu’il en soit, en terre inconnue. « La Juppéie le connaît très bien, depuis Mathusalem, que ce soit Alain Juppé ou Gilles Boyer [ancien conseiller spécial d’Edouard Philippe, aujourd’hui député européen] », note un soutien de M. Philippe. Thomas Fatome, directeur adjoint du cabinet du premier ministre, est un de ses protégés : M. Castex l’avait fait embaucher comme conseiller social à l’Elysée, en 2010. L’homme a aussi gardé ses entrées en Sarkozie. « Il n’était pas dans le cercle très intime, mais il est fidèle », souligne Franck Louvrier, ancien communicant de l’ex-chef de l’Etat.

Les connaissances du « M. Déconfinement » du gouvernement le décrivent comme un « Méridional chaleureux », « vrai élu de terrain et homme affable », jouissant d’« une grosse expérience administrative ». « C’est un grand expert des questions sociales », note Claude Guéant, qui l’a connu à l’Elysée. « Il ne tire pas la couverture à lui, mais il a de l’autorité et sait faire preuve de franchise », ajoute un ancien du quinquennat Sarkozy. Ce qui peut avoir son utilité par temps de crise.

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