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Jours tranquilles à Paris
7 avril 2020

Mort de Jean-Laurent Cochet, le maître de théâtre de Depardieu, Huppert, Auteuil, Béart...

DISPARITION - Le comédien et metteur en scène a formé des générations d'artistes dans son cours créé en 1965. Il vient de décéder à 85 ans.

Par Jean-Baptiste Garat

cochet

Ancien pensionnaire de la Comédie-Française au début des années 1960, il avait fondé sa propre école, le cours Cochet en 1965 et formé des générations de comédiens.

Jean-Laurent Cochet, comédien, metteur en scène et professeur d'art dramatique est décédé dans la nuit de lundi à mardi à l'âge de 85 ans, a annoncé son entourage au Figaro. Il était «le Maître le plus érudit de notre répertoire dramatique et lyrique», selon la formule de Pierre Gaxotte. Mais aussi «la mémoire théâtrale de ces quarante dernières années, et il réussit ce miracle d’en transmettre à lui seul l’essentiel».

Né en le 28 janvier 1935 à Romainville, Très tôt monté sur les planches, il devient pensionnaire de la Comédie-Française au début des années 1960. Il fonde ensuite sa propre école, le cours Cochet en 1966 et forme des générations de comédiens. De Gérard Depardieu à Maxime d'Aboville, en passant par Richard Berry, Emmanuelle Béart, Isabelle Huppert, Daniel Auteuil, Fabrice Luchini...

Avec Jean-Laurent Cochet, c'est un pan entier de l'histoire du théâtre français qui disparaît, lui qui avait mis en scène Jean Le Poulain, Suzy Delair, Danielle Darrieux, Jeanne Moreau, Claude Brasseur et tant d'autres. Au point que Jean d'Ormesson avait salué le maître de théâtre en des mots laudateurs. «Dieu a besoin des hommes. Molière, Racine, et les autres ont bien de la chance d’être servis avec tant de fidélité, d’enthousiasme et d’intelligence par Jean-Laurent Cochet, qui est leur délégué parmi nous», avait expliqué l'académicien.

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Le metteur en scène et professeur Jean-Laurent Cochet est mort

Fabienne Darge

Le comédien, fondateur du Cours Cochet à Paris, avait formé un grand nombre d’acteurs parmi lesquels Huppert, Luchini ou Depardieu

DISPARITION

Jean-Laurent Cochet est mort, mardi 7 avril à Paris, des suites du Covid-19, à l’âge de 85 ans. Il avait été hospitalisé à l’hôpital Bichat cinq jours plus tôt. Comédien, metteur en scène et professeur d’art dramatique, c’est surtout dans ce dernier rôle qu’il s’était illustré, en formant au fil de cinquante ans de pédagogie un nombre impressionnant de vedettes de théâtre et de cinéma. Gérard Depardieu, Isabelle Huppert ou Fabrice Luchini figurent à son tableau de chasse, mais aussi Daniel Auteuil, Emmanuelle Béart, Carole Bouquet, Richard Berry, Bernard Giraudeau, Mélanie Thierry, Andréa Ferréol, Stéphane Guillon et bien d’autres encore.

Né le 28 janvier 1935 à Romainville (Seine-Saint-Denis), il s’était tourné très tôt vers le théâtre, sous l’égide de professeurs eux-mêmes dépositaires de la grande tradition classique : Béatrix Dussane, Maurice Escande, René Simon ou Jean Meyer. En 1959, il entre comme pensionnaire à la Comédie-Française, où il restera jusqu’en 1963, jouant Molière, Marivaux ou Feydeau sous la direction de Jacques Charon ou de Jean Meyer.

Il se lance dès cette époque dans la mise en scène, qu’il va pratiquer jusqu’au début des années 2010, au fil de quelque quatre-vingts spectacles qui alterneront sans coup férir classiques du répertoire et succès du théâtre de boulevard : Molière croise Sacha Guitry ; Marivaux, André Roussin ; Musset, Françoise Dorin ; Labiche et Feydeau ne sont jamais bien loin.

« Travailler le passage du texte »

Dans ce théâtre qui ne s’embarrasse pas de modernité, les vedettes sont les bienvenues, et Jean-Laurent Cochet met en scène Suzy Delair ou Danielle Darrieux, Jacques Dufilho ou Claude Piéplu, Jean Le Poulain ou Thierry le Luron, Claude Brasseur ou Jean-Pierre Bacri, Jeanne Moreau ou Michèle Morgan. En 1962, il fait ses premières apparitions à la télévision avec l’émission Le Théâtre de la jeunesse, de Claude Santelli.

Mais c’est comme pédagogue qu’il restera dans l’histoire. En 1965, il ouvre le cours Cochet à Paris, où il va former et révéler à eux-mêmes un nombre impressionnant de comédiens. « Le talent, disait-il, cela n’existe pas. Le théâtre, c’est un métier qui se travaille. Les dons, c’est parfois dangereux car un élève doué a tendance à ne pas travailler. »

Fabrice Luchini, qui a toujours dit ce qu’il lui devait, et qui a été un des premiers à lui rendre hommage, le racontait dans un entretien au Monde en 2008 : « J’ai eu la chance d’apprendre le métier dans le cours de Jean-Laurent Cochet, où il fallait travailler le passage de texte, et pas la confidence personnelle. On devait d’abord apprendre à articuler pendant des heures. Moi, je suis comme Michel Bouquet : je viens sur scène pour passer quelque chose de plus grands que moi. Mais cela ne suffit pas d’aimer et d’admirer Baudelaire ou Molière : il faut savoir les phraser. Cela demande des années de pratique. Comme un pianiste, avec ses gammes. »

Isabelle Huppert « [se] souvien[t] surtout d’avoir passé des heures à l’écouter. J’étais fascinée, a-t-elle déclaré à l’AFP, par sa manière de poser les mots, de rythmer, de respirer les phrases (…). Chaque auteur avec lui devenait limpide. A son cours, j’étais plus spectatrice qu’actrice ».

Ce savoir à l’ancienne, qu’il opposait parfois de manière caustique à un art en pleine (r)évolution depuis les années 1960, de même que ses souvenirs émaillés d’anecdotes, de passion et d’indignation, Jean-Laurent Cochet les avait réunis dans trois livres, Mon rêve avait raison (Pygmalion, 1998), Faisons encore un rêve (Pygmalion, 2004) et L’Art et la Technique du comédien : comme un supplément d’âme (Pygmalion, 2010). Un savoir qu’il emporte aujourd’hui avec lui.

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