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Jours tranquilles à Paris
29 avril 2020

Le Parisien - L'ÉDITO de Charles de Saint Sauveur

Edouard Philippe, le funambule       

Ceux qui misaient sur une « libération » du 11 mai ont dû voir leurs espoirs - certes assez illusoires - douchés par le Premier ministre, qui présentait ce mardi, dans une Assemblée nationale silencieuse comme une cathédrale, son plan de déconfinement. D’emblée, il a utilisé un mot destiné à frapper les esprits : le risque « d’écroulement » de l’économie. Il n’a ensuite presque plus été question d’économie, comme s’il fallait éviter de nourrir les critiques de ceux qui assurent que seul ce critère guide l’exécutif pour l’après 11 mai. A cette date, la France pourra donc remettre le nez dehors, mais à pas de Sioux, avec la menace d’un retour fissa à la maison en cas de 2e vague épidémique. Le chef du gouvernement, tel un funambule, avance sur un fil. Une « ligne de crête » périlleuse, résumée ainsi : « Un peu trop d’insouciance et c’est l’épidémie qui repart. Un peu trop de prudence et c’est l’ensemble du pays qui s’enfonce ». En clair, l’hôpital ou Pôle emploi. On imagine assez facilement l’« écroulement » moral qui suivrait la moindre embardée d’un côté ou de l’autre. D’autant que le moral des ménages s’est effondré de huit points, révèle l’Insee ce matin, la plus lourde chute depuis la création de l’indicateur en 1972 ! A la fin de son discours, Philippe a repris le célèbre leitmotiv de Kennedy, qui invitait les Américains à se demander ce qu’ils pouvaient faire pour leur pays, plutôt que de tout en attendre. Lui fait reposer le succès de son plan sur le civisme des Français, mettant un peu plus en lumière l’extraordinaire fragilité du plan de sortie. Malgré les zones d’ombre et les contradictions pointées aussitôt par l’opposition, le Meccano présenté ce mardi a au moins l’avantage de planter le décor pour les mois qui viennent : « Nous allons devoir vivre avec le virus ». Et le gouvernement avancer dans cette purée de pois avec une opinion de plus en plus défiante envers sa capacité à gérer cette crise sans précédent.   

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