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Jours tranquilles à Paris
7 mai 2020

«La formidable entreprise qu’avait créée Jean-Luc Lagardère ne peut plus exister.»

Par Jérôme Lefilliâtre 

Sur le papier, c’est une victoire pour Arnaud Lagardère. Elle est même «sans appel», s’est réjoui l’homme d’affaires à la fin de l’assemblée générale (AG) des actionnaires, qui s’est tenue mardi à huis clos et a été diffusée en ligne. Le fonds activiste Amber Capital, qui lui fait des misères depuis des années, n’a pas réussi à faire voter une seule des résolutions qu’il présentait. Il souhaitait remplacer la quasi-totalité du conseil de surveillance du groupe Lagardère, capable de s’opposer au renouvellement du mandat de son gérant en 2021.

La tentative de coup d’Etat s’est fracassée sur la forteresse qu’est la maison mère de l’éditeur Hachette, des boutiques Relay, des médias Europe 1 et Paris Match, rendue presque imprenable par son statut juridique de société en commandite. Arnaud Lagardère y a vu la confirmation de sa stratégie de «recentrage» sur l’édition et la distribution dans les gares et aéroports. Reste que certaines propositions d’Amber échouent de peu. Celle visant à démettre le président du conseil de surveillance, Patrick Valroff, installé en décembre par Arnaud Lagardère, obtient 43 % des votes. Un très gros avertissement pour le gérant de Lagardère. Le mécontentement à son égard dépasse donc largement Amber Capital, détenteur de seulement 14 % des droits de vote. L’une des candidates d’Arnaud Lagardère pour le conseil de surveillance a d’ailleurs été retoquée. En revanche, ses deux nouveaux alliés, Nicolas Sarkozy et l’ex-PDG de la SNCF Guillaume Pepy, y ont été élus à 99,8 %. En réalité, si Arnaud Lagardère sauve sa tête et son honneur, c’est moins grâce à son bilan personnel qu’à une parfaite illustration du capitalisme de connivence qui régit parfois l’entre-soi des élites françaises. En vue de cette AG, Vincent Bolloré et Marc Ladreit de Lacharrière avaient acheté respectivement 11 % et 3 % du groupe. Ils ont voté en soutien de l’héritier. Mais pour quelle contrepartie ? Dans l’entourage d’Arnaud Lagardère, la vente d’Europe 1 (à Bolloré ?) n’est plus un sujet tabou.

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