Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Jours tranquilles à Paris
11 mai 2020

Vu du Royaume-Uni.Les relations extraconjugales, cotées en France mais contrariées par le confinement !

infidelite

Sur un smartphone, avril 2020. Photo / Riccardo Milani / Hans Lucas / AFP

Alors que “la séduction est un sport national en France”, le confinement a totalement compliqué les relations extraconjugales. Si quelques aventureux trouvent des subterfuges grâce aux technologies, le virtuel ne satisfait pas tout le monde, explique The Times.

NOS SERVICES

Quelle est l’étiquette de rigueur dans une orgie virtuelle ? Comment communiquer avec son amant(e) en toute discrétion, alors même que votre conjoint n’est pas bien loin, lui aussi confiné dans l’appartement familial ?

Les subtilités de la télésexualité* font partie des questions abordées avec une remarquable franchise par Maïa Mazaurette, qui, à 41 ans, est la plus célèbre spécialiste des relations amoureuses en France. Elle publie notamment une chronique, dans les pages par ailleurs très sages du quotidien Le Monde [quotidien qui appartient au même groupe que Courrier international], qui aide ses compatriotes à faire face aux frustrations du confinement.

La séduction, sport national

Les mesures strictes mises en place en France ont selon elle divisé les couples en deux groupes : ceux qui vivent seuls et ne peuvent rejoindre leur partenaire domicilié ailleurs, et ceux pour qui la cohabitation vingt-quatre heures sur vingt-quatre est à coup sûr un tue-l’amour.

“Les premiers sont très jaloux des seconds, car ils pensent qu’ils ont accès à l’intimité et au sexe ; au contraire, ceux qui vivent en couple ou en famille sont jaloux des célibataires, car au moins, ils ont la paix”, explique Maïa Mazaurette, qui dispense ses conseils aux Français depuis New York, où elle vit avec son conjoint américain, qui est acteur.

Les choses se compliquent en raison de la tolérance française pour les liaisons extraconjugales, qu’il est plus délicat d’entretenir dans un monde en quarantaine, où la plupart des gens sont isolés chez eux à longueur de journée.

Des sondages montrent que nous sommes le seul pays au monde où l’adultère n’est pas jugé immoral par une majorité des personnes, souligne Maïa Mazaurette. Et on ne trompe pas uniquement quand la relation est dans une mauvaise passe. On trompe aussi quand tout va bien, car c’est agréable, ça permet de se sentir désiré. Pour les Français, la séduction est un sport. Mais actuellement, c’est difficile.”

Sortez masqué !

Comme on pouvait s’y attendre, le succès des applis de rencontre s’en trouve dopé. C’est notamment le cas de Gleeden, un site français spécialisé dans les “rencontres discrètes” destinées à ceux qui sont déjà en couple. L’écrasante majorité des clients affirment se connecter depuis les toilettes ou la salle de bains, tandis qu’un sur six attend que son ou sa conjoint(e) s’endorme ou s’occupe des enfants.

Malgré tout, Maïa Mazaurette conseille à ses lecteurs de prendre des précautions si les échanges deviennent torrides en ligne, comme en témoigne l’exemple de Benjamin Griveaux, ancien candidat à la mairie de Paris. Il s’est trouvé dans l’embarras et a renoncé à se présenter aux élections après la diffusion d’une vidéo intime qu’il aurait lui-même filmée et envoyée à une jeune femme rencontrée sur Internet.

La solution consiste à porter un masque, affirme la journaliste, idéalement de style vénitien. “Réservez les masques chirurgicaux aux situations où ils sont indispensables.”

Des orgies virtuelles

Elle suppose que les rencontres en personne, après une prise de contact en ligne, ne concernent qu’une minorité. Le ministère français de l’Intérieur, qui a recensé 915 000 amendes pour infraction des règles de confinement, n’a pas révélé combien avaient visé des personnes sortant d’un autre foyer que le leur. En tout cas, Maïa Mazaurette a “eu vent d’histoires de rencontres en ligne et de gens qui vont passer la nuit chez quelqu’un puis rentrent chez eux”.

Les règles du confinement n’autorisent qu’une heure d’exercice par jour, mais ce n’est pas forcément un problème pour ceux qui ont pour modèle feu Jacques Chirac, connu à ses grandes heures sous le sobriquet “cinq minutes, douche comprise”.

Le déconfinement n’intervenant pas avant le 11 mai, certains se laissent tenter par quelque chose d’un peu plus grivois : les orgies virtuelles. Après avoir évoqué la question en passant dans l’émission Quotidien [le 24 avril], Maïa Mazaurette a été surprise du nombre de personnes qui l’ont contactée pour en savoir plus sur le site mentionné. “Je ne m’attendais pas à recevoir tant de messages de personnes voulant savoir où étaient les orgies et comment y participer”, admet-elle. Paradoxalement, il s’agit un site implanté non pas à Paris, mais à New York.

Quid des cercles échangistes ?

Le confinement de la capitale est particulièrement fâcheux pour les clubs libertins* selon Emmanuelle Julien, une amie de Maïa Mazaurette qui gère Paris Derrière, un site web consacré à l’érotisme. Ces clubs, tels que Les Chandelles, près du Louvre, ont fermé à la mi-mars en même temps que les bars, cafés et restaurants.

Nul ne sait exactement quand ils pourront rouvrir, sachant qu’ils étaient déjà sur le déclin à cause d’Internet. “L’entrée y est chère, et ils ont de nos jours la réputation d’être de mauvais goût”, explique Emmanuelle Julien. Une bonne partie de la clientèle d’autrefois préfère désormais une start-up française appelée Wyylde, qui permet aux échangistes d’organiser eux-mêmes leurs soirées, où sont souvent conviées un grand nombre de personnes.

Ève de Candaulie, 40 ans, a écrit plusieurs livres sur son expérience des cercles échangistes parisiens, qu’elle fréquente avec son mari. Elle ne sait pas trop quand les soirées reprendront. “Il y a une vraie demande de la part des hommes, mais les femmes sont plus réticentes”, souligne-t-elle avant d’ajouter qu’elle se sentirait plus à l’aise avec des personnes qu’elle connaît bien et à qui elle peut faire confiance.

Un “été de l’amour”… ou pas

En attendant mieux, certains prennent l’initiative d’organiser des rendez-vous par écrans interposés, grâce à Zoom ou à d’autres applications de vidéoconférence. “DD”, âgé de 50 ans, planifie depuis une dizaine d’années des soirées “un peu fétichistes” à Paris. Mais il n’a pas été convaincu par le concept de soirée virtuelle après avoir participé à l’une d’entre elles, proposée tous les samedis soir par un couple d’amis parisiens. “J’aurai essayé une fois, mais ce n’est pas vraiment mon truc”, résume-t-il.

Après la fin du confinement, l’année 2020 connaîtra-t-elle un “été de l’amour” ? “Je pense qu’il y aura un effet de compensation, car les gens ont encaissé beaucoup de frustration, analyse Maïa Mazaurette. Mais quand tout le monde sera autorisé à quitter son domicile, je ne suis pas sûre que la peur disparaîtra. Je ne suis pas certaine que les gens auront envie d’avoir des relations sexuelles et de partager de la salive avec un ou une parfait(e) inconnu(e).”

*en français dans la version originale

Peter Conradi

Publicité
Commentaires
Publicité