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Jours tranquilles à Paris
11 mai 2020

Vu du Canada - En France, le déconfinement va commencer dans la méfiance

COURRIER INTERNATIONAL (PARIS)

Après huit semaines confinée, la France commence son déconfinement ce lundi 11 mai. Malgré le soulagement, de nombreuses craintes persistent, rapporte la presse canadienne. Particulièrement en ce qui concerne les transports et le retour à l’école.

Dès lundi 11 mai, “les Français entreprendront un lent retour à la vie normale”, note Radio-Canada. Si “certains entrevoient ce moment avec impatience”, pour d’autres, il s’agit davantage d’un “mélange d’angoisse et de méfiance”.

Certes, “l’urgence sanitaire, semble avoir reculé au même rythme que les admissions aux soins intensifs”. En témoigne le nombre de morts du Covid-19 enregistré samedi 9 mai : 80 morts en 24 heures soit le plus bas depuis début avril. Il n’empêche, souligne le quotidien canadien, que “pour bien des Français, l’angoisse demeure liée à leur santé” :

C’est une crainte d’être contaminé, de tomber malade. De mourir peut-être, attaqué par un ennemi invisible, très contagieux.”

Un impératif économique avant tout

“Une crainte qui tempère ce désir évident d’un retour à une certaine forme de normalité, d’un retour de certaines libertés brimées au nom de l’urgence sanitaire”, ajoute Radio-Canada. D’ailleurs, “le signe de ces angoisses se retrouvent un peu partout”. Dans les sondages d’une part, car si l’exécutif avait bénéficié d’un rebond de confiance en début de crise, celle-ci “s’est rapidement érodée. Comme si la méfiance bien visible lors de la crise des ‘gilets jaunes’ n’avait pas tout à fait disparu”, juge le journal. Il faut dire que “les incohérences et les revirements dans la politique française sur le port du masque” n’ont pas aidé. La volte-face du gouvernement en la matière a alimenté les tensions.

Une autre décision alimente la méfiance, il s’agit de la reprise des classes. “Pour bien des Français, la décision des élus répond donc d’abord à un impératif économique : permettre aux parents de retourner au travail. Peu importe si cela met les enfants et leurs parents en danger.” Par conséquent, “parents et syndicats du monde scolaire ont vite fait connaître leurs craintes et leurs doutes”. Interrogée par le quotidien Le Devoir, Marta Blazquez fait partie d’entre eux. La Parisienne ne va pas renvoyer ses deux enfants en cours : “J’ai étudié le protocole de retour à l’école […], et ça me paraît délirant. Je ne vois pas comment on pourra faire respecter les gestes barrières à des enfants. Comment pourront-ils rester à un mètre et demi l’un de l’autre à la récréation ? Si c’est pour les obliger à se laver les mains toutes les heures, ce n’est pas la peine.”

Du côté des élus locaux, nombreux sont celles et ceux qui sont également opposés à cette réouverture, indique Radio-Canada. Une tribune a été signée par plus de 300 édiles franciliens et “certains ont carrément décidé de ne pas rouvrir les écoles sur leur territoire”. Mais au ministère de l’Éducation, on “ne cache pas que cette ‘rentrée’ vise surtout les parents qui n’auront pas d’autre choix que d’envoyer leurs enfants à l’école”.

Les transports, “gigantesque incubateur à virus” ?

Enfin, note encore Le Devoir, “l’autre grand problème qui risque de se poser dès lundi [11 mai] concerne les transports”. Dans la région parisienne, “avec cinq millions d’usagers quotidiens des bus, du tramway et du métro, les transports risquent de devenir un gigantesque incubateur à virus”. Et ce, malgré les dispositions exceptionnelles prises comme les marquages au sol, l’obligation du port du masque ou encore des plages horaires réservées aux personnes se rendant au travail. Le retour de la voiture “fait craindre d’immenses embouteillages” également, ajoute le titre québécois.

Bref, conclut Radio-Canada, en plus d’en décourager plus d’un à retourner dans l’espace public, la méfiance et la crainte pourraient aussi “influencer le délicat exercice de déconfinement dans lequel s’embarque le pays”.

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