Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Jours tranquilles à Paris
13 mai 2020

Avec la pandémie, de nouveaux pauvres « en quelques semaines »

Serveurs en galère, intérimaires éconduits, étudiants et travailleurs précaires privés de petits boulots : à cause de l’épidémie de Covid-19, de nouveaux pauvres se pressent dans les distributions alimentaires, augurant de la gravité de la crise sociale à venir.

Dans la file du Secours Populaire à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), Mariia Distel fait partie de ceux qui viennent « pour la première fois ». Depuis le début du confinement mi-mars, l’étudiante en cinéma est privée d’environ 800 euros mensuels : ses missions ponctuelles d’hôtesse d’accueil ont brusquement disparu. Après avoir épuisé ses économies, la jeune femme de 28 ans n’avait pas d’autre choix que le Secours populaire. Plats préparés, légumes, fruits… son cabas est rempli. « Il y a même du dentifrice », sourit-elle. Un soutien essentiel alors qu’elle contracte des dettes et que le secteur de l’événementiel n’est pas près de redémarrer, malgré le déconfinement. « Personne ne sait de quoi demain sera fait, c’est vraiment difficile », souffle-t-elle.

Le Secours Populaire a enregistré une hausse de 45 % de ses demandes d’aide alimentaire pendant le confinement. « Au départ, certains bénéficiaires sont arrivés chez nous car on était parmi les seuls ouverts », explique son secrétaire national, Sébastien Thollot. « Mais ensuite, on a vu de nouvelles personnes arriver, qui ont basculé en quelques semaines », ajoute-t-il.

« On risque de dépasser la barre des sept millions »

C’est le cas d’Emmanuel Harmand, venu pour la première fois aux Restos du Cœur, à Paris. Intérimaire, logé en HLM, le quinquagénaire s’en sortait avant l’épidémie. Mais la veille du confinement, la société qui l’employait a mis un terme à sa mission d’électricien. Le Parisien découvre alors qu’il lui manque des heures pour prétendre au chômage et se retrouve forcé de demander le RSA, qu’il attend toujours. Miné par son crédit, l’ancien patron de bar est « exsangue ». « J’ai raclé les pièces jaunes et rouges. Je suis même allé manger deux ou trois fois chez des amis avant de venir ici », confie-t-il.

D’autres nouveaux venus se pressent dans la file d’attente : une mère de quatre enfants qui « n’y arrive plus », seule, sans la cantine scolaire, des travailleurs précaires privés de chantiers rémunérés « au black » ou encore un serveur de snack dont le patron ne verse plus le salaire.

Plus de cinq millions de personnes bénéficient de l’aide alimentaire mais « on risque de dépasser assez vite la barre des sept millions », avertit Jacques Bailet, le président de la Fédération des banques alimentaires, qui enregistre déjà une hausse de 20 % des demandes. Le gouvernement a débloqué 39 millions d’euros pour l’aide alimentaire. Mais les associations attendent surtout avec anxiété le résultat des négociations sur le Fonds européen d’aide aux plus démunis, qui finance un tiers de l’aide alimentaire en France et est menacé de coupes drastiques.

Publicité
Commentaires
Publicité