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Jours tranquilles à Paris
13 mai 2020

Chirurgien-dentiste...

En raison du protocole, Dr Malik Abbar, chirurgien-dentiste à Morlaix, est contraint de recevoir deux fois moins de patients.

Article de Jacques Chanteau

« On dirait un cosmonaute », sourit Michel en regardant son dentiste. Lundi, les cabinets dentaires ont pu rouvrir leurs portes, mais avec un protocole qui renforce les contraintes sanitaires.

Pas de journaux dans la salle d’attente ni d’objets décoratifs, un seul patient à la fois dans le cabinet, désinfection et aération d’une demi-heure entre chaque patient, port d’une visière, de lunettes de protection et d’une surblouse différente pour chaque patient… Plutôt lourd, le protocole instauré pour la réouverture des 45 000 cabinets dentaires de l’Hexagone, dont 2 200 en Bretagne. « C’est compliqué et cela nous prend beaucoup de temps », soupire Dr Malik Abbar. Dentiste à Morlaix (29), il a rouvert son cabinet qui était fermé, comme les autres, depuis le 18 mars.

« Chronophage »

« C’est surtout très chronophage, mais on n’a pas le choix, prévient, de son côté, Dr Pierre Auffret, dentiste à Landerneau (29) et président du syndicat des chirurgiens-dentistes du Finistère. Sans compter l’afflux d’appels de toutes ces personnes qui ont attendu deux mois pour prendre rendez-vous ». Des rendez-vous qui ne sont pris que par mail ou par téléphone. Il faut aussi se déplacer seul au cabinet dentaire. Le patient doit porter un masque, se désinfecter les mains lors de son arrivée chez son dentiste…

Le visage affublé d’un masque, Michel, un patient du Dr Abbar, dépose sa veste dans un bac de décontamination. « Tout ce que le patient dépose doit être décontaminé avant que le suivant n’arrive », indique le dentiste. Michel effectue ensuite un bain de bouche. « Les patients comprennent le protocole, même s’ils l’estiment contraignant », commente le Dr Abbar. « Je n’ai rien contre, car c’est obligatoire, commente Michel. Quant à mon dentiste, on dirait un cosmonaute ». « C’est vrai qu’on a un look un peu particulier avec nos lunettes de protection, la visière, le calot, la surblouse… », soutient Dr Auffret. Un investissement pour ces tenues protocolaires qui aura coûté près de 1 000 € à chacun des deux dentistes.

Deux fois moins de patients

« Avec un protocole aussi chronophage, je soigne deux fois moins de patients », constate le Dr Auffret. « Au lieu de 12 ou 13 par jour, je ne peux en recevoir que 6 ou7, confirme le Dr Abbar. Aujourd’hui, il faut compter une demi-heure entre chaque patient. Mais quand on sera bien rodé, cela devrait durer moins longtemps ». En attendant, les délais d’attente pour décrocher un rendez-vous s’allongent.

Jusqu’à quand les dentistes devront-ils suivre ce protocole ? « Je n’ai pas pris l’option boule de cristal, répond le patron du syndicat des dentistes finistériens. Mais quand on regarde les pandémies précédentes, on s’aperçoit qu’il faut attendre 18 mois ».

« Il est possible  qu’il y ait de la casse »

Selon une enquête réalisée par le SFCD (Syndicat des femmes chirurgiens-dentistes), « un chirurgien-dentiste sur huit fermera définitivement son cabinet suite à la crise du covid-19 ». « La gestion de la crise par nos dirigeants dans l’urgence a contraint les cabinets dentaires à fermer pendant deux mois, par manque d’EPI (équipement de protection individuel) et en contraindra plus de 5 000 à ne pas rouvrir », prévoit le SFCD.  « Quand on travaille deux fois moins et que l’on a investi dans du matériel qui coûte cher, il faut quand même continuer à rembourser, à s’acquitter des frais de la maison… Et tout ça, avec un chiffre d’affaires divisé par deux. C’est donc fort possible qu’il y ait de la casse ».

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