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Jours tranquilles à Paris
22 mai 2020

PARIS - Covid-19 : les eaux usées ne sont plus en odeur de sainteté

Par Renaud Lecadre 

Suspectées de véhiculer des traces de Covid-19, les eaux non recyclées ne serviront plus à nettoyer les rues et autres espaces publics de Paris.

On l’oublierait presque, mais nos déjections pourraient également contribuer à propager le Covid-19. «Le virus se retrouve dans les selles», rappellent ainsi l’Organisation mondiale de la santé (OMS) tout comme le plus hexagonal Haut Conseil de la santé publique (HCSP). Mieux encore, l’analyse de nos toilettes permettrait de compléter utilement l’arsenal statistique sur la diffusion de la pandémie : «L’examen des eaux usées est un bon indicateur, avec une présence du génome [du Covid-19, ndlr] cent fois supérieure au moment du pic», note une récente étude conjointe diligentée par divers distributeurs d’eau et autres laboratoires de recherche. Même si, tiennent à préciser les spécialistes du secteur, il ne s’agirait que de «traces de traces» du virus.

Une conséquence s’impose : plus question désormais de nettoyer les trottoirs avec de l’eau non recyclée, pas plus que les parcs et jardins. Plus question non plus de faire le ménage public de rues à l’aide «d’appareils de type souffleurs de feuilles» susceptibles d’éparpiller le virus façon puzzle. Le 19 avril, la mairie de Paris annonçait que, désormais, ses rues ou autres espaces publics seraient nettoyés ou arrosés par de l’eau potable - dont le traitement habituel permet d’éliminer le Covid-19 sans plus de formalités. Exit donc le recyclage des eaux des égouts, de la Seine ou de divers canaux. Une mesure non pas de précaution, mais «d’hyperprécaution», comme le soulignent employés ou employeurs municipaux. Paris ne fait ainsi plus figure d’exception : dans les autres grandes villes françaises, le nettoyage des rues était de longue date assuré par de l’eau potable. «Nous ne sommes pas en détresse hydraulique», insiste un professionnel du secteur. Acceptons-en l’augure…

Tristan Mathieu, délégué général de la Fédération professionnelle des entreprises de l’eau (FP2E, regroupant les acteurs privés qui bénéficient d’une délégation de service public), tient toutefois à prévenir : «Nos eaux usées sont nos futures eaux de baignade», que ce soit dans des lacs, rivières ou plages. Le principe de précaution, là encore, risque de provoquer une nouvelle série d’expertises sanitaires sur nos lieux de villégiature. «Surveillance accrue des 500 principales plages françaises», prophétise Tristan Mathieu.

De fil en aiguille, de tuyau en usine, il est aussi question des boues d’épuration des stations de traitement des eaux usagées. Il en sort 100 000 tonnes par mois, les deux tiers étant déversées sur des terres agricoles en guise d’épandage - un mode de fertilisation des sols alternatif aux engrais chimiques. L’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) y est donc allée de son avis. Il y aurait des bonnes et mauvaises boues d’épuration, selon qu’elles sont «hygiénisées» ou pas, dans une proportion de 50-50. Les secondes, le plus souvent issues de stations d’épuration en milieu rural, sont désormais interdites d’épandage. La crise sanitaire aura eu au moins ce mérite secondaire, résume la FP2E : «La montée en gamme de la filière boues.»

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