Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Jours tranquilles à Paris
13 juin 2020

L’emblématique château Turpault prend l’eau

turpault

L’emblématique château Turpault, à Quiberon, fuit de tous bords. Son propriétaire, engagé dans un combat judiciaire contre les entreprises chargées de sa rénovation, craint pour la survie du bâtiment.

Impossible de rater l’imposante bâtisse qui trône sur la pointe de Beg-er-Lann, tout au bout de la presqu’île de Quiberon. Le château Turpault, construit au début du XXe siècle, a affronté la Seconde Guerre mondiale et résisté à un incendie lors du départ des soldats allemands qui l’occupaient.

Aujourd’hui, c’est l’eau qui le menace. Elle semble venir de partout, s’infiltrer jusque dans le réseau électrique qui dégouline, quand Alain Bensoussan fait visiter sa propriété.

L’avocat spécialisé en droit des technologies avancées, et par ailleurs candidat aux élections municipales à Quiberon, l’a acquis en 2014. Un rêve pour ce fils d’un postier et d’une secrétaire, qui raconte être tombé amoureux de la construction un soir de tempête. « Je devais y installer mon bureau et venir y vivre avec toute ma famille. » Mais avant, Alain Bensoussan veut faire entrer le château dans le XXIe siècle et le doter des dernières technologies « plug and play » pour qu’il soit entièrement piloté par une intelligence artificielle. « Des webcams, des caméras partout, et des images du château projetées à l’intérieur, à l’extérieur, des jeux de lumière », décrit-il, passionné par ce qu’il avait imaginé. Les lieux étaient divisés en plusieurs appartements, Alain Bensoussan veut tout ouvrir pour ne garder que « des pierres et du verre pour faire entrer la lumière ».

« Les murs ruisselaient »

Pour la rénovation, il charge de la maîtrise d’œuvre une entreprise de la presqu’île. Elle a été liquidée, en décembre 2019. « Les travaux devaient répondre à trois impératifs : étanchéité, car on savait que le château était dans l’eau ; sécurité, pour pouvoir accueillir mes petits-enfants, et l’équiper pour qu’il soit géré par la voix ».

Le chantier débute et le rêve vire au cauchemar. Après plusieurs retards, en 2018, lors d’une ultime visite qui devait se solder par la réception des travaux, l’avocat découvre « une véritable fontaine dans la pièce principale. Il pleuvait, les murs ruisselaient, des flaques partout ».

Alain Bensoussan a engagé une procédure judiciaire, toujours en cours, contre l’entreprise en charge de la maîtrise d’œuvre et celles qui ont participé aux travaux. « Une seule avait demandé à faire arrêter le chantier », précise le propriétaire. Un expert a été mandaté.

En attendant, le château Turpault continue de se dégrader. Des bassines sous les fenêtres qui fuient, des murs porteurs humides qui s’effritent, des traces sur les planchers, des revêtements cloqués… Et aucune pièce ne semble épargnée. « Il y a plus d’eau après les travaux qu’avant », constate tristement Julien Lemoing, ami de l’avocat qui devait se charger de tout l’aspect connecté.

C’est ce qui inquiète désormais le propriétaire des lieux qui dit avoir dépensé plus d’un million d’euros dans les travaux dont il a payé 80 % de la facture. « Il faut tout recommencer. Trouver d’où vient l’eau sinon le bâtiment va finir par s’effondrer. » Et personne n’imagine la pointe Beg-er-Lann privée de son emblématique château.

Publicité
Commentaires
Publicité