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Jours tranquilles à Paris
18 juin 2020

La France dénonce des manœuvres « extrêmement agressives » de la Turquie en Méditérranée

Alors qu’il cherchait à identifier un cargo suspecté de transporter des armes vers la Libye, un navire français a fait l’objet de trois « illuminations radar » de la part d’un navire turc, pourtant allié de l’OTAN.

Un navire français participant à une mission de l’OTAN en Méditerranée a récemment fait l’objet d’une manœuvre « extrêmement agressive » de la part de frégates turques, a révélé, mercredi 17 juin, le ministère français des armées, dénonçant une affaire « très grave » impliquant un partenaire de l’Alliance atlantique.

Alors qu’il cherchait à identifier un cargo suspecté de transporter des armes vers la Libye, le bâtiment a fait l’objet de trois « illuminations radar » de la part d’un navire turc, « un acte extrêmement agressif qui ne peut pas être l’acte d’un allié vis-à-vis d’un navire de l’OTAN », commente-t-on au ministère des armées. Mercredi doit se tenir une réunion des ministres de la défense de l’Alliance.

« Cette affaire est, à nos yeux, très grave. On ne peut pas accepter qu’un allié se comporte comme cela, fasse cela contre un navire de l’OTAN sous commandement OTAN menant une mission OTAN », a fait valoir Paris. La ministre des armées, Florence Parly, a mis les points sur les « i » lors d’une réunion en visioconférence des ministres de la défense de l’Alliance, a indiqué le ministère.

Opposition sur le conflit libyen

En Libye, la Turquie soutient militairement le gouvernement d’accord national (GAN) de Faïez Sarraj, reconnu par les Nations unies (ONU), face aux forces dissidentes du maréchal Khalifa Haftar, l’homme fort de l’est du pays soutenu notamment par la Russie, l’Egypte et les Emirats arabes unis. Le soutien armé d’Ankara a fait pencher la balance en faveur du GAN au détriment du maréchal Haftar, qui a tenté en vain de s’emparer de Tripoli et qui perd désormais du terrain.

Ce soutien turc à « la poursuite de l’offensive du GAN va directement à l’encontre des efforts visant à obtenir une trêve immédiate », a insisté mercredi la porte-parole de la diplomatie française. « Ce soutien se double de comportements hostiles et inacceptables des forces maritimes de la Turquie à l’égard d’alliés de l’OTAN, visant à entraver les efforts de mise en œuvre de l’embargo sur les armes », a-t-elle ajouté.

Dans ce contexte de tensions, le ton n’a cessé de monter entre Paris et Ankara ces derniers jours. Lundi, le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian, a condamné « le soutien militaire croissant » de la Turquie au GAN en « violation directe de l’embargo des Nations unies ». La veille, la présidence française avait déjà dénoncé l’interventionnisme « inacceptable » d’Ankara.

La Turquie a rejeté ces critiques sur son soutien armé au gouvernement de Tripoli en Libye, accusant, à son tour, Paris de faire « obstacle à la paix » en appuyant le camp adverse. La France, bien qu’elle s’en défende publiquement, est également accusée de soutenir Haftar, qui a récemment subi de lourdes défaites sur le terrain.

Le ministre turc des affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu, a effectué une visite surprise mercredi à Tripoli pour faire le point avec le premier ministre, Faïez Sarraj, sur la coopération bilatérale, a indiqué le GAN dans un communiqué.

La Libye est en proie au chaos depuis la chute du régime Kadhafi en 2011. Depuis avril 2019, le conflit a fait des centaines de morts, dont de nombreux civils, et poussé plus de 200 000 personnes à fuir leur domicile.

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