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Jours tranquilles à Paris
30 juin 2020

Lefèvre-Utile, une gourmande saga nantaise

LU voyang à nantes

« Un parfum de gâteau sucré et chaud. » Lorsqu’elle était lycéenne, cette Nantaise se souvient encore de cette bonne odeur qui embaumait certains jours la ville, jusqu’au début des années 1980. Si la marque LU est intimement liée à Nantes depuis le milieu du XIXe siècle, sa renommée a, depuis, fait le tour du monde. Qui n’a pas croqué à pleines dents dans un petit écolier; dévoré les oreilles du petit-beurre ?

Cette saga gourmande s’ouvre en 1846 lorsque Jean-Romain Lefèvre s’installe à Nantes. En 1850, avec son épouse Pauline-Isabelle Utile, ils fondent « A la renommée » et vendent des gâteaux secs juste sortis du four. En 1882, leur fils, Louis Lefèvre-Utile, reprend la biscuiterie et voit grand. Trois ans plus tard, l’entreprise investit une ancienne filature au bord du canal Saint-Félix, sur laquelle veillent bientôt deux tours flamboyantes. En 1913, 1 200 ouvriers produisent 20 tonnes de biscuits chaque jour.

Le château de Nantes raconte ce succès industriel à travers « ce qui a toujours caractérisé la marque LU : l’innovation », souligne Bertrand Guillet, directeur. Elle se traduit d’abord par la recherche « de nouvelles formes de biscuits ». En 1886, le petit-beurre et ses vingt-quatre poinçons, en 1906, la paille d’or, gaufrette stylisée garnie de confiture de framboise. Esquisses originales, carnets de recettes des ingénieurs et moules révèlent les essais.

« Aller toujours plus loin »

L’esprit avant-gardiste de LU s’observe également dans ces machines conçues pour produire vite et bien comme celle « à récupérer les jaunes d’œufs », immortalisée sous le pinceau du peintre Albert Brenet, dont une série donne à voir l’organisation des ateliers de fabrication.

Des sachets de papier aux boîtes les plus sophistiquées, ces écrins très pensés séduisent les gourmands. « Pour Louis Lefèvre-Utile, il faut être vu pour plaire et être acheté », appuie Bertrand Guillet. « Avec lui naît un nouveau langage graphique », poursuit Olivier Fruneau-Maigret, collectionneur. La marque se distingue grâce aux artistes qui façonnent son image. En 1897, Firmin Bouisset imagine la figure du petit écolier à partir du portrait de Louis junior, fils du directeur. Alfons Mucha emballe les biscuits d’art nouveau. Leurs tableaux et dessins originaux sont présentés dans cette exposition colorée et ludique.

« Aller toujours plus loin » reste le leitmotiv de la société qui construit pour l’Exposition universelle de 1900 à Paris un pavillon gigantesque avec un phare LU qui fait sensation face à la tour Eiffel. La consécration. Il faudra cependant attendre un demi-siècle pour que le logo définitif de LU en lettres blanches sur fond rouge soit créé en 1957 par le designer Raymond Loewy.

« Je ne trouve rien de meilleur qu’un petit LU : oh si ! deux petits LU », disait l’actrice Sarah Bernhardt, sa plus célèbre ambassadrice. Un slogan toujours valable à l’heure du goûter !

Magali GRANDET.

LU, un siècle d’innovation, 1846-1957, au château des ducs de Bretagne à Nantes, jusqu’au 3 janvier.

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