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Jours tranquilles à Paris
4 juillet 2020

Cinéma : Le destin brisé de Sylvia Kristel, la star du film érotique « Emmanuelle »

En 1974, le film érotique « Emmanuelle » bousculait le box-office français et propulsait son actrice Sylvia Kristel au rang de star. Mais les années qui suivirent furent beaucoup moins joyeuse pour l'actrice néerlandaise...

Il était annoncé comme « la plus longue caresse du cinéma français ». En 1974, les Français se bousculaient alors en salles pour découvrir le film érotique de Just Jaeckin qui, fasciné par Le Dernier Tango à Paris, rêvait de son propre succès. Disponible depuis ce 1er juillet sur Netflix, ce long-métrage sur les tribulations charnelles d’une femme mariée en Thaïlande sera l’un des plus gros succès du cinéma hexagonal. Une ode à la jouissance qui fera émerger un nouveau visage, celui de Sylvia Kristel, à tout jamais associé à ce rôle.

Née à Utrecht (Pays-Bas) le 28 septembre 1952, Sylvia Kristel est la fille d’un couple d’hôteliers. Au moment de leur divorce, elle est envoyée, à 11 ans, dans un pensionnat religieux. Après une éducation chez les bonnes sœurs, elle multiplie les petits boulots, tente une carrière de mannequin et fait ses premiers pas au cinéma. À 20 ans, elle est repérée par le photographe Just Jaeckin : « Je n'avais jamais trouvé aucune comédienne française qui veuille interpréter Emmanuelle. Or, j'avais un copain cinéaste hollandais, Max Fisher, qui m'a dit : "Il y a King Vidor qui fait un casting pour un film, viens voir..." J'ai vu une quantité de filles très belles, puis je vois passer cette jeune femme aux cheveux courts et blonds. J'en suis tout de suite tombé cinématographiquement amoureux », expliquait-il au Nouvel Observateur. Elle accepte un cachet de 18 000 francs pour se dénuder devant les caméras, sans savoir qu’Emmanuelle s’apprête à devenir un phénomène, le symbole de la révolution sexuelle des années 70.

À la sortie, les files s’allongent devant les cinémas. Emmanuelle restera d’ailleurs à l’affiche pendant treize ans sur les Champs-Élysées, toisant l’avenue de son fauteuil en osier. La renommée de Sylvia Kristel est aussi internationale, le film est vu par 500 millions de personnes dans le monde, le président du Brésil ou des émirs du Golfe la courtisent. L’actrice néerlandaise joue dans Une femme fidèle de Roger Vadim ou Un linceul n’a pas de poches, de Jean-Pierre Mocky, mais peine déjà à se réinventer. Elle se rend aux États-Unis où sa carrière ne sera guère plus florissante, au-delà des soirées chic et d’une liaison avec Warren Beatty. Côté vie privée, l’actrice bataille avec une addiction à l’alcool, qui empire à sa rencontre, en 1979, avec l’acteur Ian McShane. Celui-ci l’initie à la drogue, l'entraîne dans une relation destructrice, et la brutalise même un jour au point qu'elle fait une fausse couche. S’ensuivent un mariage éclair avec Allan Turner, un magnat de l’immobilier, et une autre union avec le metteur en scène Philippe Blot, qui la laissera ruinée.

Si Sylvia Kristel a joué dans une trentaine de films, aucun ne lui permettra de retrouver les succès de ses débuts. Sur les conseils de son agent américain, elle retourne aux Pays-Bas, se désintoxique, vit de sa peinture et réalise un court-métrage avec Roland Topor. Le sort continue toutefois de s’acharner sur elle : on lui diagnostique un cancer de la gorge en 2001, puis elle perd son compagnon Freddy de Vree subitement en 2004. Elle meurt en 2012, à l’âge de 60 ans.

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