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Jours tranquilles à Paris
21 juillet 2020

Récit - Combi Volkswagen, le nec plus ultra du road trip estival

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Par Jean-Michel Normand

Sur la voiture des vacances 1/6 – Solide, fiable et pas si inconfortable qu’il n’y paraît, la petite maison mobile allemande s’est d’abord imposée comme la vraie voiture rebelle. Aujourd’hui, ses adeptes se sont coupé les cheveux, ont abandonné le patchouli et fait des enfants.

Modeste fourgonnette tôlée destinée à la reconstruction d’une Allemagne en ruine, le Volkswagen Combi est devenu une icône de la route en choisissant les chemins de traverse. Désigné comme une « boîte montée sur roues », il est directement issu de la première Coccinelle et naît en 1950, griffonné sur un carnet par l’importateur Volkswagen aux Pays-Bas qui avait perçu le potentiel de l’engin.

AVANT DE SE PAVANER EN BENTLEY, LES ROLLING STONES DURENT SE TASSER DANS LE COMBI DE LEUR PREMIER PIANISTE, IAN STEWART.

Rudimentaire et pratique avec son ouverture latérale coulissante dite « porte de grange » qui permet de charger la marchandise sur le côté (l’arrière est en partie occupé par l’inimitable quatre-cylindres à plat de Wolfsburg), il est surnommé « Combi » par les Français (abréviation de Kombinationenwagen, c’est-à-dire « voiture tous usages »). Les Allemands, en revanche, l’appellent « Bulli » (« bouledogue ») à cause de son pare-brise en deux parties qui lui donne un air légèrement renfrogné.

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Dès 1951, Volkswagen explore le filon des loisirs avec le coquet Samba Bus, reconnaissable à ses vingt-trois (!) fenêtres et hublots, sa peinture bicolore et son toit ouvrant souple. Devant le succès qu’il rencontre, il est décidé de lancer avec l’aménageur Westfalia des versions du Combi avec banquette Clic-Clac, table rabattable, jolis tissus et rideaux à franges.

Plus tard apparaîtra la célèbre trappe qui permet d’installer sur le toit un matelas sous une toile de tente. En reproduisant l’univers domestique à l’intérieur d’un véhicule utilitaire, le Combi a créé le camping-car, un vagabond de la route qui se pose en alternative plus souple et moins grégariste au caravaning.

Partir à l’aventure et cultiver un mode de vie parallèle, à l’écart des standards dominants, c’est aussi ce à quoi aspire la jeunesse des années 1960. Alors que certains ne rêvent qu’aux petits roadsters anglais et italiens ou aux pony cars lancés dans le sillage de la Ford Mustang, d’autres vont adopter le Combi qui n’a, a priori, rien d’une voiture de jeunes mais dont les caractéristiques collent parfaitement à leur mode de vie.

Véhicule officiel du mouvement Flower Power

Solide, fiable et pas si inconfortable qu’il n’y paraît, la petite maison mobile allemande profite de la popularité de la Volkswagen Coccinelle pour s’imposer des deux côtés de l’Atlantique comme la vraie voiture rebelle.

Entre autres avantages, la fourgonnette Volskwagen présente celui de faire bisquer les parents et d’adresser un pied de nez aux grosses voitures américaines. Elle fait de l’œil aux surfeurs californiens qui y logent leurs planches et peuvent y dormir. En Angleterre, les petits groupes de rock qui partent en tournée y entassent matos et musiciens. Avant de se pavaner en Bentley, les Rolling Stones durent se tasser dans le Combi de leur pianiste, Ian Stewart (1938-1985).

Avec le van Volkswagen, on peut aller au bout du monde. C’est le nec plus ultra du road trip estival entre copains et copines de la Beat generation. Il ne réclame pas beaucoup d’égards ni d’essence, et son moteur, facilement accessible, se répare avec trois bouts de fil de fer.

En août 1969 du côté de Woodstock, dans l’Etat de New York, on peut assister à un gigantesque embouteillage de ces parallélépipèdes couverts de peintures psychédéliques. Transformé en tee-shirt tie & dye roulant, le Combi est devenu le véhicule officiel du mouvement Flower Power.

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D’ailleurs, le gros logo VW tout rond ne demande qu’à être détourné en symbole de la paix cher à la génération hippie. Pendant des décennies, cette voiture va transporter les amateurs de rock psychédélique dans le sillage de leurs groupes fétiches. En 1990, lors du dernier concert donné à Paris par The Grateful Dead, le parking du Zénith était envahi par les Combis bigarrés des fidèles de cette formation californienne emblématique de la contre-culture.

En prenant de l’âge, le petit peuple du Combi va se couper les cheveux, abandonner le patchouli et faire des enfants. La camionnette s’embourgeoisera sans complexe en abandonnant le moteur arrière et se faisant appeler « Caravelle » (pour familles nombreuses) ou « California » (le camping-car). Après avoir envisagé un revival néorétro du Combi baba cool, Volkswagen devrait enfin tenir sa promesse à partir de 2022. Il s‘agira d’un microbus à propulsion électrique qui pourrait être baptisé « e-Samba ».

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