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Jours tranquilles à Paris
2 août 2020

Trump annonce qu’il va interdire TikTok

tik tok 22

Article de Gilles Paris

La plate-forme chinoise de partage de vidéos fait l’objet d’une enquête aux Etats-Unis

WASHINGTON - correspondant

Donald Trump a annoncé brusquement, vendredi 31 juillet au soir, son intention d’interdire le réseau social TikTok. Sur le chemin du retour d’un déplacement en Floride, où il s’était rendu en début d’après-midi, le président a déclaré : « En ce qui concerne TikTok, nous l’interdisons aux Etats-Unis ». « J’en ai l’autorité », a assuré le président, évoquant la signature d’un décret exécutif sans cependant donner plus de détails aux journalistes qui l’accompagnaient à bord de l’Air Force One. TikTok n’a pas réagi immédiatement à cette déclaration, qui n’a été appuyée par aucun communiqué officiel de la Maison Blanche.

En quittant Washington, une dizaine d’heures plus tôt, Donald Trump s’était montré plus évasif. « Nous examinons TikTok. Nous interdirons peut-être TikTok. Nous ferons peut-être d’autres choses. Il existe plusieurs options. Mais il se passe beaucoup de choses, alors nous verrons ce qui se passe. Mais nous recherchons de nombreuses alternatives par rapport à TikTok », avait-il brièvement indiqué avant ce déplacement lié à la lutte contre la pandémie de Covid-19.

Selon le Wall Street Journal, l’une de ces options aurait été celle d’une reprise de la partie américaine de TikTok par une société nationale, en l’occurrence le géant Microsoft. Cette piste aurait permis à la Maison Blanche d’éviter deux écueils potentiels : une guérilla juridique et la désapprobation des utilisateurs de cette plate-forme de partage de vidéos essentiellement ludiques.

Véritable phénomène sur les réseaux sociaux, elle s’est développée à une vitesse stupéfiante depuis sa création et est devenue extrêmement populaire, surtout auprès des jeunes. Elle compte près d’un milliard d’utilisateurs dans le monde. Le confinement lié au Covid-19 a accentué son essor aux Etats-Unis. Elle n’y a été devancée, en nombre de téléchargements, que par l’application de téléconférence Zoom au premier semestre 2020, selon la société d’études de marché Sensor Tower. L’application a été téléchargée plus de 180 millions de fois aux Etats-Unis.

Selon la presse américaine, TikTok fait l’objet, depuis des mois, d’une enquête du Comité pour les investissements étrangers aux Etats-Unis (CFIUS) qui examine ces investissements sous l’angle de la sécurité nationale. ByteDance, la société mère de TikTok, est une entreprise technologique chinoise dont le siège se trouve à Pékin. Cette société a investi près d’un milliard de dollars en 2017 (850 millions d’euros) pour acquérir une application de vidéos sociales américaine, Musical. ly, qui était alors le pendant de TikTok.

Leur fusion, en août 2018, a donné naissance à un géant. A l’époque, TikTok n’a pas sollicité d’autorisations de la part du CFIUS, sans doute du fait de son activité de divertissement. Mais lorsqu’elle est devenue l’application la plus téléchargée aux Etats-Unis, au quatrième trimestre de 2019, les préoccupations américaines concernant la sécurité des données et la crainte d’une propagande chinoise sur TikTok ont déclenché l’ouverture de l’enquête du CFIUS, le 1er novembre 2019.

En annonçant abruptement l’interdiction de la plate-forme, vendredi soir, Donald Trump ne s’est pas appuyé sur d’éventuelles conclusions de l’enquête du comité interministériel. Deux jours plus tôt, le patron de TikTok, Kevin Mayer, arrivé en juin du géant Walt Disney, avait assuré : « Nous ne sommes pas politiques, nous n’acceptons pas de publicité politique et nous n’avons pas d’agenda. Notre seul objectif est de rester une plate-forme animée et dynamique appréciée de tous. »

« Nouvelle tyrannie »

Dans une note publiée le 14 juillet, James Andrew Lewis, chef du programme de politique des technologies au Center for Strategic and International Studies (CSIS), un cercle de réflexion de Washington spécialisé dans les questions de sécurité, a émis des doutes sur le danger potentiel représenté par la plate-forme. « Il y a de bonnes raisons d’être profondément préoccupé par la Chine et l’espionnage, mais TikTok n’en fait probablement pas partie », a-t-il estimé.

TikTok est en effet victime de la dégradation des relations entre Washington et Pékin. Une situation accentuée par les accusations portées par les Etats-Unis contre la Chine à propos de sa gestion de l’épidémie de Covid-19, dont Donald Trump assure qu’elle aurait dû être stoppée dès son apparition sur le sol chinois. Les critiques américaines à propos de Hongkong et du sort de la minorité ouïgoure ajoutent aux tensions, à quelques mois de l’élection présidentielle américaine.

Le 23 juillet, le secrétaire d’Etat Mike Pompeo a prononcé un discours d’une virulence inédite contre les autorités chinoises, appelant « le monde libre » à « triompher » face à la « nouvelle tyrannie » incarnée selon lui par Pékin. « La Chine d’aujourd’hui est de plus en plus autoritaire à l’intérieur du pays, et plus agressive dans son hostilité face à la liberté partout ailleurs », a assuré le chef de la diplomatie américaine, qui a accusé le président Xi Jinping d’être un « adepte sincère d’une idéologie totalitaire en faillite ». Mike Pompeo a choisi délibérément le registre de la bataille idéologique. Il réduit d’ailleurs désormais Xi Jinping à ses fonctions de « secrétaire général » du Parti communiste chinois.

Donald Trump ne s’inscrit pas dans cette tonalité quand il évoque la Chine. Lorsqu’il avait mentionné pour la première fois TikTok, au cours d’un entretien télévisé réalisé le 7 juillet, le président avait en effet mis en avant « un énorme marché ». Puis il était immédiatement revenu à ses récriminations contre Pékin. « Ce qui s’est passé avec la Chine et ce virus, ce qu’ils ont fait à ce pays [les Etats-Unis] et au monde entier est honteux », avait-il assuré.

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