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Jours tranquilles à Paris
11 août 2020

A La Trinité-sur-Mer, la demeure historique du clan Le Pen

Par François Krug -Le Monde

REPORTAGE

Dans le Morbihan, la longère où est né le patriarche Jean-Marie a hébergé les querelles familiales et les luttes de pouvoir qui ont rythmé l’histoire de l’extrême droite.

La dernière fois que Jean-Marie Le Pen a été vu à La Trinité-sur-Mer, c’était juste avant Noël, assis au premier rang dans l’église. On enterrait son copain Alain Bellec, l’autre célébrité née dans ce petit port du Morbihan. Ils s’étaient connus gamins. Bellec n’était pas encore devenu chanteur à succès sous le nom d’Alain Barrière.

Le Pen se prénommait encore Jean tout court. C’était avant qu’il accole ses premier et deuxième prénoms et parte faire de la politique. Bellec remplissait l’Olympia depuis des années quand Le Pen tentait encore de structurer son Front national. Il était revenu ouvrir sa boîte de nuit, Le Stirwen. Les filles Le Pen, Marie-Caroline, Yann et Marine, venaient y danser dans leur adolescence.

Marine, il arrive de la croiser au Carrefour City pendant les vacances. Sur le port, on aperçoit parfois la fille de Yann, Marion Maréchal. On a aussi vu réapparaître celles qui avaient été bannies de La Trinité, Pierrette, la mère qui avait posé nue dans Playboy, et Marie-Caroline, l’aînée qui avait trahi lors de la scission du FN. Elles se relaient dans la maison où Jean-Marie Le Pen est né en 1928. Pas loin du monument aux morts où figure le nom de son père à lui, Jean, patron pêcheur, tué en 1942 quand le filet de son chalutier a remonté une mine.

Une longère de pêcheurs

La Trinité a bien changé depuis l’époque où Jean-Marie s’appelait encore Jean. Le village ne compte que 1 600 habitants l’hiver. L’été, les vacanciers se bousculent sur les plages, là où la rivière de Crac’h se jette dans la mer. Le petit train touristique emmenant aux ­alignements de mégalithes de Carnac propose une « traduction simultanée en quatorze langues ». Le vieux port de pêche est envahi par les ­plaisanciers, une forêt de mâts. C’est devenu un « parking à bateaux », disent tous les Trinitains qu’on rencontre.

Le temps est loin où Le Pen pouvait faire sensation avec son dundee, le Général Cambronne. Des gamins du village lui filaient un coup de main pour le carénage. Il les emmenait en mer, il leur apprenait la voile et des chants de marins. C’était autour de 1965, l’année du meeting de Jean-Louis Tixier Vignancour, l’avocat d’extrême droite candidat à la présidentielle. Le Pen était son directeur de campagne. Il avait organisé le meeting au bout des quais, sur la place du marché. Elle aussi est devenue un parking – à voitures. A l’époque, on croisait sur le port l’original de la famille Le Pen, l’oncle Louis, ouvrier. « Il se promenait sur les quais en criant “J’emmerde la maréchaussée” », raconte une habitante.

« A une époque, c’était le mur le plus blanc du village. Ils devaient repeindre souvent à cause des tags. » Une voisine

La maison des Le Pen se cache dans le « kreiz ker », le centre du bourg. Ce n’est pas la plus imposante du quartier. Une longère de pêcheur typique, une vingtaine de mètres de long côté jardin, peut-être cinq côté rue, un étage, quelques fenêtres en chien-assis pour laisser entrer la lumière, un jardin plus vaste.

Quand Jean-Marie Le Pen faisait visiter la maison aux journalistes, il ne manquait pas l’occasion de rappeler qu’à sa naissance il fallait partager les lieux avec deux autres familles, le sol était encore en terre ­battue, il n’y avait ni eau courante, ni électricité. Il n’y avait pas encore non plus la caméra de surveillance, plantée dans la traditionnelle façade blanchie à la chaux. « A une époque, c’était le mur le plus blanc du village, s’amuse une voisine. Ils devaient repeindre souvent à cause des tags. »

Eric Tabarly et Olivier de Kersauson

Jean-Marie Le Pen, 92 ans, espère passer à La Trinité à la rentrée, quand sa descendance aura libéré la maison. S’il est suffisamment en forme. Depuis un moment, il délaisse son manoir du domaine privé de Montretout, à Saint-Cloud, pour sa villa cachée dans un parc de Rueil-Malmaison, autre banlieue chic de la capitale.

Son sonotone fait des caprices, il nous fait asseoir à ses côtés, contre un lot de vieilles affiches de campagne soigneusement roulées. Il rigole : « Sic transit gloria mundi. » (« Ainsi passe la gloire du monde »). Il détaille l’arbre généalogique des Le Pen dans le Morbihan. « Nous sommes de souche, si j’ose dire », blague celui qui a popularisé l’expression « Français de souche », aujourd’hui reniée par sa fille et successeure.

A l’évocation du Général Cambronne, il éclate de rire et tape des mains. Le précédent propriétaire du bateau avait invité pour un tour de mer le sous-préfet de Guingamp et sa femme. Tempête, chavirage, le sous-préfet et sa femme y étaient restés, le propriétaire du voilier avait décidé de le revendre. A bord, Le Pen avait accueilli un grand navigateur de La Trinité, son ami Eric Tabarly, et un futur, Olivier de Kersauson : « Il a fait ses classes sur mon bateau. » Nouvel éclat de rire.

Le deux-mâts avait fini par couler dans le Guadalquivir, dans le sud de l’Espagne. Le Pen l’avait emmené là-bas en réparation chez un ami d’ami, un matador possédant un petit chantier naval. Il pousse la chansonnette : « “Pepita, ah pourquoi tant de tristes souvenirs quand José va partir, et le Guadalquivir grossi par tes sanglots débordera bientôt…” C’est une chanson de 1925, ça ! » Du Général Cambronne, il ne reste qu’une bouée, accrochée à un mur dans la maison de La Trinité.

Au milieu des menhirs

Au printemps 1987, c’est devant cette bouée qu’il annonce solennellement sa candidature à la présidentielle de l’année suivante. Cela fait déjà des années qu’il convie les photographes et les équipes de télé à La Trinité. Le Pen avec la lampe à pétrole de sa mère, Le Pen au milieu des menhirs, Le Pen sur sa planche à voile… Les images du jovial Breton d’origine modeste doivent effacer celles du tribun vivant en châtelain sur les hauteurs de Paris.

En août 1987, une équipe d’Antenne 2 le filme dans le jardin avec ses filles. La benjamine fête justement ses 19 ans. C’est la première apparition de Marine Le Pen à la télé. De retour de ses vacances en Bretagne, son père gâche tout sur RTL : « Je ne dis pas que les chambres à gaz n’ont pas existé. Je n’ai pas pu moi-même en voir, je n’ai pas étudié spécialement la question. Mais je crois que c’est un point de détail de l’histoire de la seconde guerre mondiale. »

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Le 17 décembre 1987, c’est dans sa maison de La Trinité-sur-Mer que le leader d’extrême droite choisit de recevoir les journalistes Anne Sinclair et Jean-Marie Colombani pour l’émission « Questions à domicile ». Alain Le Bot/Gamma-Rapho.

C’est à La Trinité qu’il compte réparer les dégâts. Le 17 décembre 1987, il reçoit les Français en prime time pour « Questions à domicile », la grande émission politique de TF1, coanimée par Anne Sinclair et Jean-Marie Colombani, alors chef du service politique du Monde. Les filles de Le Pen sont là pour l’encourager avant le direct. Ambiance tendue. La journaliste est alors la cible des attaques antisémites du FN et de la presse d’extrême droite. « Il y avait un contentieux », résume-t-elle aujourd’hui. « Anne Sinclair avait refusé de boire un verre de cidre, pour marquer sa distance », se souvient juste Le Pen.

Il oublie son coup de sang. Quand les présentateurs annoncent la diffusion de l’extrait de RTL, il vitupère pour couvrir l’enregistrement. De la première phrase, les téléspectateurs n’entendront pas « Je ne dis pas… », juste «… que les chambres à gaz n’ont pas existé ». Le Pen poursuivra TF1 en justice, l’accusant d’avoir tronqué volontairement ses propos.

Anne Sinclair rentre à Paris résolue à ne plus interroger le patron du Front national. « C’est là que j’ai développé l’idée qu’on ne pouvait pas l’interviewer dans le cadre d’une émission normale », explique-t-elle. Elle rentre aussi de La Trinité avec un regret : « J’avais laissé chez lui une écharpe à laquelle je tenais, autant dire que je n’étais pas allé la récupérer. »

Un ancien Waffen-SS

En mai 1990, la France est cette fois sous le choc de la profanation du cimetière juif de Carpentras. C’est le moment choisi par Le Pen pour organiser à La Trinité une rencontre des députés européens d’extrême droite. Parmi eux, l’Allemand Franz Schönhuber, ancien Waffen-SS. Le maire (divers droite) André Nygren, un ami de Le Pen, donne son accord. Scandale sur le port. Les trois adjoints au maire menacent de démissionner.

Le patron de la droite locale, Christian Bonnet, ancien ministre et sénateur-maire de Carnac, dicte au maire un communiqué qu’il lit péniblement aux journalistes, débarqués en masse de Paris : la rencontre est interdite en raison d’un « choc émotionnel dont les conséquences seraient susceptibles de troubler l’esprit des Trinitains ».

Jean-Marie Le Pen a longtemps bénéficié de son statut d’enfant du pays. En 1983, il tente sa chance à une législative partielle dans la circonscription : 12,2 % sur la « circo », score impressionnant pour le FN de l’époque, 51 % à La Trinité elle-même. Aux présidentielles de 1988, 1995, 2002, il grappille dans le village jusqu’à cinq points de plus que dans le reste de la France. « Nul n’est prophète en son pays, sauf moi », en conclut-il aujourd’hui. Il oublie qu’en 2007, ici comme ailleurs, il a dû se contenter de 10 %.

« La Trinité, c’est un endroit où elle n’est plus Marine Le Pen et où elle peut être seulement Marine. » Florent de Kersauson, une connaissance de la famille, frère d’Olivier

Sur les listes électorales locales, les copains d’enfance se sont faits rares. Et de nombreux Trinitains refusent d’être associés aux Le Pen. Le village est de droite, aucun doute, mais pas d’extrême droite. Aux européennes de l’an dernier, le Rassemblement national n’a atteint que 13 %, dix points de moins qu’au niveau national. A la présidentielle, François Fillon a frôlé la majorité au premier tour, Marine Le Pen a ­plafonné à 10 %.

Lorsqu’elle lui succède en 2011 à la présidence du FN, elle aussi se met en scène dans la longère familiale. Pour rassurer les militants historiques, une interview au coin de la cheminée, là même où son père est né. Pour séduire le grand public, des photos devant les hortensias. Puis le portail bleu est définitivement fermé aux journalistes. Le décor politique redevient une maison de vacances. « La Trinité, c’est un endroit où elle n’est plus Marine Le Pen et où elle peut être seulement Marine », résume une vieille connaissance de la famille, Florent de Kersauson.

Son frère Olivier, le marin grande gueule, vogue quelque part en Polynésie et ne veut plus qu’on lui parle du temps où il apprenait la voile sur le bateau de Jean-Marie Le Pen. Florent, homme ­d’affaires et l’un des créateurs de La Route du Rhum, nous accueille dans l’ancienne maison de sa mère, en haut de La Trinité : « J’ai appris à nager à Marie-Caroline quand elle avait 5 ans, sur la plage en dessous. Pierrette, leur mère, demandait à maman de venir laver ses filles de temps en temps dans notre salle de bains, à l’époque où il n’y avait pas beaucoup d’eau chaude chez eux. »

En tenue de soubrette

Ce week-end du 14 juillet, il a emmené Marine en mer, un tour dans le golfe du Morbihan avant qu’elle reparte à Paris pour le discours de politique générale de Jean Castex, le nouveau premier ministre. A bord également, sa mère Pierrette, bientôt 85 ans, et sa sœur aînée, Marie-Caroline, avec son mari, le député européen RN Philippe Olivier, les anciens bannis.

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Auprès de Pierrette, son épouse à l’époque, le 3 septembre 1980. Daniel Simon/Gamma-Rapho

« Pierrette, c’était un sacré personnage pour La Trinité de l’époque, raconte une des mémoires du village. Elle se promenait seins nus sur le bateau de Jean-Marie, et elle était venue à une soirée chez le notaire de Carnac avec une jupe fendue jusqu’en haut. » En 1987, les Le Pen divorcent. « Si elle veut de l’argent, elle n’a qu’à faire des ménages », suggère monsieur dans Playboy.

Madame répond dans un autre numéro du magazine. Elle pose en tenue de soubrette en couverture, et nue en pages intérieures. Les photos sortent quelques jours avant le mariage de Marie-Caroline à La Trinité. C’en est trop. Les trois filles se liguent autour de leur père. La réconciliation sera officialisée trois décennies plus tard, quand Pierrette Le Pen apparaîtra à la fête organisée pour les 90 ans de Jean-Marie. Aujourd’hui, elle a trouvé refuge à Montretout et rejoint ses filles à La Trinité.

Extension et « trahisons »

Quand il faisait visiter sa modeste longère aux journalistes, Jean-Marie Le Pen ne précisait pas qu’il possédait une seconde maison, de l’autre côté du jardin. Il la rachète en novembre 1981 à un vieux Trinitain. Astuce fiscale, il apporte les fonds mais, par le truchement d’une donation, la propriétaire en titre est sa seule fille majeure à l’époque, Marie-Caroline. Les trois sœurs et bientôt leurs enfants profitent de cette extension de la résidence secondaire. Plus besoin de se serrer dans les quatre chambres de la longère, chacun peut enfin prendre ses aises.

Fin 1998, le FN est au bord de l’explosion. Jean-Marie Le Pen est contesté en interne. Il accuse son numéro deux, Bruno Mégret, de préparer un putsch. Mégret est exclu du parti et fonde le sien. Il emmène avec lui une partie des cadres historiques. Dont Marie-Caroline et son mari, Philippe Olivier. La fureur de Jean-Marie Le Pen redouble quand la félonne décide de vendre la seconde maison de La Trinité. Elle assure être étranglée financièrement par son père et ne pas avoir d’autre choix. « Elle a expulsé ses sœurs de la maison en plein week-end du 15 août », s’étrangle un fidèle du « président », comme on appelle encore Le Pen dans son dernier cercle de fidèles.

Jean-Marie, Yann et Marine Le Pen saisissent la justice pour faire modifier l’acte notarié de 1981 et réintégrer la seconde maison dans leur patrimoine. Echec devant le tribunal de grande instance de Lorient en 2001, puis devant la cour d’appel de Rennes l’année suivante. Comme le rapporte Le Télégramme de Brest, le père et les deux cadettes ont fait valoir que la donation de 1981 était en fait « une convention de prête-nom ».

Remplacer le nom Jean-Marie Le Pen par celui de son aînée dans les documents officiels aurait été censé « protéger le bien contre les actes de vandalisme ». Donné, c’est donné, ont estimé les juges, décrétant que Marie-Caroline était libre de faire ce qu’elle souhaitait de la maison. Celle-ci a été vendue en 2004 à des Rennais. Les vacances à La Trinité n’ont plus jamais été les mêmes.

Le manque de couchages

Comme Pierrette, Marie-Caroline est réapparue aux côtés de Jean-Marie Le Pen en 2018, lorsqu’on a fêté ses 90 ans. On la croise à nouveau à La Trinité, même si ses séjours dépendent du bon vouloir de ses sœurs. En pleine guerre pour le contrôle de la seconde maison, le père a transmis la première à Yann, Marine et leurs six enfants, dont Marion Maréchal. Il a signé deux donations, en 1999 et 2006. Dans sa déclaration de patrimoine pour la dernière présidentielle, Marine Le Pen évalue la valeur de sa part à 67 852 euros.

« Ma troisième fille, j’étais un peu fâché avec elle donc elle n’entrait pas en ligne de compte, nous explique Jean-Marie Le Pen avec un art certain de la litote. Notre souche est à La Trinité-sur-Mer, nous sommes réconciliés et par conséquent, je souhaiterais qu’elle rejoigne le peloton familial. Le problème, c’est que quand le nombre des enfants se multiplie, la part diminue d’autant. »

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Jean-Marie Le Pen, alors candidat à la présidentielle de 1995, pose avec un portrait de son père, pêcheur, le 30 mars de la même année. Marcel Mochet/AFP

Le manque de couchages dans les résidences secondaires, voilà le drame des familles nombreuses. Lui-même en a fait l’expérience. En juillet 2015, de passage dans le Morbihan, il doit dormir à Carnac, dans un hôtel tenu par un militant du FN. Cet été-là, c’est Marine et Jean-Marie Le Pen qui sont brouillés. La première, devenue présidente du FN, s’emploie à dédiaboliser le parti. Le second en est toujours président d’honneur et ne lui facilite pas la tâche.

Sur RMC et dans l’hebdomadaire d’extrême droite Rivarol, il confirme ses propos sur les chambres à gaz et le « détail », rend hommage à Pétain et s’inquiète pour l’avenir du « monde blanc ». Il assure que c’est pour des raisons pratiques qu’il n’a pas pu dormir dans sa maison natale cet été-là. A son retour du Morbihan, sa fille prononçait son exclusion du FN.

Prendre le contrôle du FN

Dix ans plus tôt, en janvier 2005, une interview à Rivarol avait déjà provoqué la colère de Marine Le Pen. « L’occupation allemande n’a pas été particulièrement inhumaine », y déclare le père, encore ­président du parti. Sa fille s’enfuit une dizaine de jours à La Trinité, séchant le bureau exécutif du parti et ignorant les appels sur son portable. C’est là qu’elle aurait décidé de prendre le contrôle du FN. Et c’est sur une plage locale qu’elle pose en 2012, bras en croix dans le vent et pieds nus dans les vagues, pour la couverture de Pour que vive la France, le livre devant servir de manifeste à sa première candidature à la présidentielle.

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Marine Le Pen, le 28 juillet 2010. Quelques mois plus tard, elle prendra la tête du parti de son père. Martin Bureau/AFP

« Elle voulait une image sympa, bien bretonnante », résume l’auteur des clichés, Philip Plisson, une autre personnalité de La Trinité. Peintre et photographe réputé, il possède une galerie sur les quais. Gamin, lui aussi a navigué sur le Général Cambronne du père Le Pen. Il explique avoir tout naturellement rendu service à sa fille, bénévolement, « comme je le ferais pour une copine ». On lui doit aussi la photo de l’affiche de campagne de 2012 – pas de plage ni de vagues, un simple gros plan sur fond bleu, les yeux droit dans ceux des électeurs – et celle de l’entre-deux-tours de 2017, une pose sage devant une bibliothèque : « C’était à La Trinité, chez des amis parce que ma bibliothèque, on l’aurait tout de suite reconnue avec tous mes livres de photos. »

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Marine, sa fille et successeure, le 28 juillet 2010. Martin Bureau/AFP

Le mur du jardin des Le Pen laisse apparaître le haut d’un platane. « C’est mon arbre jumeau, planté l’année de ma naissance, explique Jean-Marie Le Pen. À chaque fois que je viens, je lui fais un “abrazo” [une étreinte], je lui parle. Je n’arrive plus maintenant à en faire le tour avec mes bras, il est devenu trop gros. Il a le même âge que moi, il va être bientôt centenaire. Mes enfants l’ont fait rabattre assez sévèrement parce qu’évidemment, il masquait le soleil. » À La Trinité comme au Rassemblement national, l’ombre du patriarche ne gêne plus sa descendance.

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L’ancien président du Front national chez lui à La Trinité-sur-Mer, en septembre 1980. Daniel Simon/Gamma-Rapho

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