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Jours tranquilles à Paris
30 août 2020

Le risque sismique est-il sous-évalué en France ?

seisme france

Article de Martin Vaugoude

Très superficiel et provoqué par une faille qu’on pensait inactive, le tremblement de terre qui s’est produit au Teil, en novembre 2019, pourrait conduire à une réévaluation du risque sismique en France.

Le 11 novembre 2019, un séisme de magnitude 5 frappe le village du Teil et ses environs, dans la vallée du Rhône, en Ardèche. La secousse ne fait pas de morts, mais marque les esprits par son intensité et les dégâts occasionnés. Des bâtiments se fissurent, des toits sont éventrés, l’église du XIe siècle et son clocher sont fragilisés. La proximité des centrales nucléaires de Cruas et de Tricastin ajoute à l’émotion.

« Une telle magnitude n’est pas si rare. La particularité de ce séisme, c’est son caractère très superficiel », explique le géologue Stéphane Baize, coauteur d’une étude parue jeudi dans la revue Communications, Earth and Environnement.

Les scientifiques estiment l’initiation du séisme (le foyer) autour d’un kilomètre de profondeur, contre cinq à dix kilomètres habituellement. C’est pour cette raison que les populations l’ont ressenti aussi fortement. « On a même vu sortir la faille en surface, c’est une des premières fois qu’on voit ça en France », raconte Stéphane Baize, actuellement sur le terrain pour mieux comprendre ce qui est arrivé, dans le cadre de la mission d’expertise coordonnée par le CNRS.

Si une origine humaine (l’exploitation d’une carrière) a été évoquée pour le déclenchement du séisme, les chercheurs ont depuis pu montrer que celui-ci est dû à la réactivation tectonique de la faille de La Rouvière, héritée d’une phase d’extension, il y a 20 à 30 millions d’années, avec un déplacement moyen du sol de dix centimètres verticalement et de l’ordre de dix centimètres horizontalement. Ce qui soulève pas mal d’interrogations et pourrait conduire à une réévaluation du risque sismique en France.

« Cette faille, on ne la connaissait pas comme active. Cela pose plein de questions sur l’état de nos connaissances. Nous cherchons à comprendre pourquoi elle nous avait échappé. Parce qu’elle était vraiment inactive ou par manque d’études ? », s’interroge Stéphane Baize.

Le risque zéro n’existe pas

D’autres failles anciennes risquent-elles de se réveiller et produire des dégâts comparables à ceux observés au Teil ? Pour mieux estimer cette probabilité, plusieurs équipes françaises ont entamé des investigations. Les recherches n’en sont qu’à leur commencement. Concernant l’ouest de la France, Stéphane Baize souligne que « la zone sud-armoricaine est au moins aussi active que la zone du Teil. La différence, c’est que les séismes y sont généralement moins superficiels ».

Impossible d’être catégorique cependant, car explique le géologue, « un des problèmes de l’étude des séismes, c’est qu’on a souvent beaucoup d’incertitudes sur leur profondeur, les instruments étant, la plupart du temps, en réseau trop lâche pour bien la mesurer ».

Certains gros tremblements de terre du passé (dans le marais breton vendéen en 1799 ou à Jersey en 1926…) sont là pour le rappeler. En matière de séismes, le risque zéro n’existe pas.

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