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Jours tranquilles à Paris
13 septembre 2020

Nécrologie - L’actrice britannique Diana Rigg, l’Emma Peel de « Chapeau melon et bottes de cuir », est morte

chapeau botte

Par Stéphanie Pierre - Le Monde

Icône des années 1960 grâce à son personnage d’Emma Peel dans la série télévisée culte, elle avait également joué dans la série « Game of Thrones ».

Icône des années 1960 grâce à son rôle d’Emma Peel dans Chapeau melon et bottes de cuir, l’actrice britannique Diana Rigg s’est éteinte à l’âge de 82 ans, jeudi 10 septembre, a annoncé son agent.

Née le 20 juillet 1938 à Doncaster, au Royaume-Uni, Diana Rigg n’est âgée que de 2 mois quand sa famille part pour Jodhpur, en Inde, où son père, Louis Rigg, vient d’obtenir un poste d’ingénieur dans les chemins de fer du pays. Elle regagne sa terre natale pour intégrer un pensionnat en 1945, accompagnée de son frère Hugh.

Passionnée par la poésie et le théâtre, elle auditionne à 17 ans avec succès à la Royal Academy of Dramatic Art, prestigieuse école londonienne d’art dramatique. Elle y étudie pendant deux ans et y fait ses débuts sur scène au Festival de York durant l’été 1957. Elle concède cependant au New York Times en 1975 que « vous ne pouvez pas apprendre à jouer dans une école d’art dramatique. Vous pouvez apprendre l’histoire du théâtre, les costumes, le maquillage, mais pas jouer ».

Débuts à la Royal Shakespeare Company

Diana Rigg considère que sa carrière a véritablement commencé avec son intégration à la Royal Shakespeare Company en 1959. Elle incarne notamment Cordelia dans Le Roi Lear, de Shakespeare, mis en scène par Peter Brook en 1962. La comédienne apprécie la troupe mais finit par s’y sentir à l’étroit. Elle reconnaît qu’« il y avait un monde ailleurs. Je voulais le découvrir et voir si j’y étais douée ». Malgré l’incompréhension de Peter Hall, le directeur de la compagnie, elle quitte la célèbre formation théâtrale en 1964.

Diana Rigg succède à Honor Blackman, morte le 6 avril à l’âge de 94 ans, dans la série télévisée culte Chapeau melon et bottes de cuir en 1965. Elle devient l’intrépide et capiteuse Emma Peel, formant un duo d’agents secrets décalé aux côtés de John Steed, incarné par Patrick Macnee.

Le feuilleton remporte un succès tant public que critique dans le monde entier. A l’opposé de l’image de la femme au foyer d’ordinaire représentée à la télévision des années 1960, ce rôle fait de l’actrice un sex-symbol et une icône des sixties. Avec le recul, elle dit s’être sentie « rabaissée, parce que j’étais tellement bien plus que cette simple image de femme sexy ».

Parallèlement, elle apprend que sa rémunération est moindre que celle d’un technicien. Elle s’en plaint, « parce qu’être au même niveau économique qu’un homme est l’unique moyen de gagner son respect ». Même si elle ne reçoit aucun soutien de l’équipe, ni de son partenaire à l’écran, elle obtient gain de cause.

Elle vit également la célébrité avec difficulté. « C’était très, très intrusif à l’époque, car j’étais immédiatement reconnaissable. J’étais reconnaissante d’avoir réussi, mais il y avait un prix à payer », résume-t-elle en 2019 à Variety. Après 51 épisodes, elle quitte Chapeau melon et bottes de cuir.

« J’aime jouer les méchantes »

La comédienne fait ses débuts au cinéma en 1968. Elle participe à l’adaptation du Songe d’une nuit d’été, de Shakespeare, réalisée par Peter Hall avec la Royal Shakespeare Company. Elle est ensuite Tracy, l’épouse de James Bond, George Lazenby, dans Au service secret de Sa Majesté (Peter Hunt, 1969). Sa carrière théâtrale se poursuit en 1970 dans Abelard and Heloise, de Ronald Millar. La pièce est un succès et s’exporte outre-Atlantique. En 1972, elle rejoint le National Theatre.

Après la naissance de sa fille Rachael Stirling en 1977, l’actrice se fait plus rare sur les écrans. Puis elle revient au théâtre où elle excelle dans les rôles classiques. En 1992, à Londres, elle tient le rôle-titre dans Médée, d’Euripide, dans une mise en scène de Jonathan Kent. La pièce se joue également à Broadway et en 1994 ; Diana Rigg reçoit le Tony Award de la meilleure actrice dans une pièce pour ce rôle.

Elle confesse aimer « jouer les méchantes. C’est tellement plus intéressant que les gentils personnages. Il y a des acteurs qui n’aiment pas être méchants ; ils veulent être aimés. J’aime être détestée ». Elle endosse en 2013 le rôle de la matriarche Lady Olenna Tyrell dans cinq saisons de la série télévisée Game of Thrones.

Tragédienne de premier plan, Diana Rigg est anoblie en 1994 par la reine Elizabeth II. Soixante ans de carrière lui ont permis de percer le secret d’un grand jeu. « Mesurer la distance entre vous et le rôle, et remplissez cette distance, remplissez-la par la vérité », révèle-t-elle à la BBC en 2016.

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