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Jours tranquilles à Paris
28 septembre 2020

Un procureur allemand lève le voile sur les crimes nazis

« Le Labyrinthe du silence » ausculte la douloureuse prise de conscience de l’Allemagne sur les atrocités du IIIe Reich

ARTE - Lundi 28 septembre - 20 H 55

Soixante­quinze ans après la libération du camp d’extermination d’Auschwitz­-Birkenau, il est difficile, pour les plus jeunes, d’imaginer à quel point fut longue et difficile la mise au jour de ce qui s’était réellement passé dans les camps de la mort nazis. En 1958, une agence fédérale chargée d’enquêter fut créée. Un homme important, auquel rend hommage Le Labyrinthe du silence, le film de Giulio Ricciarelli, apparut alors sur le devant de la scène publique allemande : Fritz Bauer. Ce magistrat avait été arrêté par la Gestapo en 1933 en raison de ses origines juives et de son adhésion au Parti social démocrate allemand. Exilé, il était revenu en Allemagne en 1949. Quelques années plus tard, il était procureur général du Land de Hesse. Pour l’essentiel, c’est grâce à lui, et aux magistrats qui travaillaient sous ses ordres au parquet de Francfort, que put avoir lieu, de décembre 1963 à août 1965, le « procès d’Auschwitz ». Le film commence en 1958, à Francfort. Dans la cour de récréation du lycée Goethe, sous l’œil vigilant de leur maître, des enfants chantent « Nul pays n’est plus beau que le nôtre ». Malaise, démultiplié quelques instants plus tard, lorsqu’un cycliste chute en croisant le regard de l’enseignant. Entrent en scène un journaliste de la Frankfurter Rundschau, Thomas Gnielka – ami du cycliste, il démasquera le professeur, un ancien SS d’Auschwitz –, et un jeune magistrat nommé Johann Radmann. Radmann, sous ses airs de gendre idéal, est plutôt du genre manichéen et psychorigide. Au début, ses différents interlocuteurs lui parlent d’Auschwitz comme si c’était « un camp de détention préventif ». Ne surtout pas prêter attention, lui dit­on, à ces rumeurs selon lesquelles « la plus grande catastrophe de l’humanité » se serait produite là­bas ; il ne s’agit que de « pure propagande ». Tous les délits étant prescrits, la seule solution serait d’établir un dossier d’accusation de meurtre. Peu à peu, la vérité finit par émerger, comme si elle sortait du néant. Historiquement irréprochable, Le Labyrinthe du silence est un film à la fois émouvant et digne. Il s’achève pile au moment où va débuter le procès de Francfort. Tandis que les deux jeunes procureurs s’apprêtent à entrer dans la salle d’audience, Bauer les prend à part : « Vous avez accompli un travail formidable, Messieurs. C’est une page d’histoire qui s’ouvre. »  Franck Nouchi Le Labyrinthe du silence, de Giulio Ricciarelli. Avec Alexander Fehling (All., 2014, 120 min).

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