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Jours tranquilles à Paris
28 septembre 2020

Drones, intrusions, fausses plaques : ce que révèlent les enquêtes dans les dossiers « Chevaux mutilés »

Dans l’affaire des « chevaux mutilés », la très grande majorité des appels au « 17 », qui se font plus rares, concernent des présences suspectes et des suspicions de vols de drones. Sur le terrain, en Bretagne, les gendarmes ont levé « l’écrasante majorité » d’entre elles.

D’importants moyens mis en œuvre

Selon notre décompte, pas moins de 35 enquêtes judiciaires (27 encore en cours) ont été déclenchées en Bretagne, essentiellement pour des équidés présentant des mutilations. Depuis cet été, la gendarmerie a engagé d’importants moyens d’intervention et d’investigation, au niveau local (brigades territoriales, brigades de recherches, PSIG, parfois recours à un hélicoptère dans d’autres départements) et national (Institut de recherche criminelle, Garde Républicaine, Service central de renseignement criminel, gendarmerie des transports aériens, Office central de lutte contre les atteintes à l’environnement et à la santé publique). En Bretagne, cinq enquêteurs coordonnent les enquêtes dans les quatre départements.

Plusieurs vaches parmi les derniers cas

Hormis le dernier cas en Ille-et-Vilaine, vendredi 25 septembre, les précédents signalements de mutilations se sont produits le week-end dernier dans les Côtes d’Armor, département breton le plus touché (10 ou 11 enquêtes en cours ; contre six dans le Morbihan, six dans le Finistère et 4 en Ille-et-Vilaine) et impliquent des vaches (pis sectionnés notamment). Un signalement impliquant deux vaches a également conduit à l’ouverture d’une enquête en Ille-et-Vilaine, au début du mois. Aucun nouveau cas d’équidé mutilé signalé dans le Morbihan depuis le 20 septembre également. Pour le Finistère, il faut remonter au 16 septembre.

Intrusions et fausses plaques d’immatriculation

En plus de ces enquêtes judiciaires, les forces de l’ordre ont été très sollicitées (présence suspecte, intrusion, drone…), allant par exemple jusqu’à 60 appels « 17 » par nuit, dans le Finistère. Des opérations conséquentes (une quarantaine de gendarmes sur un même secteur) ont parfois été déclenchées en pleine nuit. En vain. Depuis une dizaine de jours, la tendance est à la décrue : quelques appels chaque nuit.

Chaque présence signalée a déclenché l’envoi d’une patrouille, assure encore la gendarmerie. Sans résultats. Les immatriculations également fournies aux forces de l’ordre ont systématiquement fait l’objet de recherches, avec audition des propriétaires. Aucun de ces numéros n’a conduit à un suspect (sauf un cas, non lié au dossier cheval mutilés, dans le Finistère), mais à des livreurs de journaux, soignants, employés d’hôtellerie-restauration, cueilleurs de champignons… Fausses plaques d’immatriculation dans certains cas, comme l’avancent de nombreux membres de groupes de surveillance ? « Certaines ne menaient pas au modèle et à la marque donnés. Mais rien ne garantissait que l’immatriculation fournie était la bonne, relève un officier de gendarmerie. Il est difficile, surtout quand le véhicule est en mouvement, et encore plus la nuit, de saisir l’intégralité d’une plaque sans commettre d’erreur ».

Drones

« Dans la très grande majorité des cas, il n’y avait aucun drone. Avec l’aide la gendarmerie des transports aériens, on a pu établir qu’il s’agissait de satellites, d’avions ou d’hélicoptères aperçus dans le ciel, d’étoiles, de voyants lumineux d’éoliennes ou d’autres dispositifs électriques, assurent des officiers de gendarmerie, dans deux départements bretons. Pour les autres, aucun n’a mené à des cas suspects. Parfois, il s’agissait de particuliers qui s’adonnaient à leur loisir, ou de voisins qui surveillaient leur propre propriété, ou même de bénévoles associés à des groupes de surveillance locaux ».

Langues bleues ou noires

Plusieurs propriétaires ont rapporté que certains de leurs équidés présentaient une langue bleue ou noire, et suspectaient une tentative de sédation. « Le vétérinaire en chef de la Garde républicaine a clairement indiqué que ce n’était pas un symptôme d’intoxication ou de sédation, mais une nécrose généralement causée par une plaie à la langue, pathologie souvent constatée chez les chevaux », indique un officier de gendarmerie.

Groupes de surveillance : une nouvelle plainte dans le Finistère

Après l’interception, la nuit, d’un véhicule signalé suspect sur les réseaux sociaux par deux femmes armées appartenant à un groupe de surveillance, près de Quimper, fin août, et face à la crainte de dérapages plus graves, la Justice avait décidé de sévir, engageant des poursuites pour « violences avec armes et en réunion », et « immixtion dans une fonction publique ». Depuis, un autre fait s’est produit, avec un propriétaire ayant surpris la nuit un homme armé sur sa propriété, dans le Sud-Finistère. L’homme a été entendu et a indiqué qu’il effectuait une « patrouille citoyenne » au bénéfice d’un groupe de surveillance. La justice n’a pas encore donné de réponse pénale à la plainte déposée par le propriétaire.

Un autre incident s’est également produit, avec l’interception d’un véhicule suspect, toujours dans le Finistère, par un groupe de surveillance. Face aux questions pressantes du groupe, l’homme, qui transportait une fourche et des aliments pour chevaux, n’a pas été capable d’indiquer qu’il était lui-même propriétaire de chevaux et qu’il venait les nourrir dans ses pâtures, situées loin de son domicile. L’intervention des gendarmes a permis de clarifier la situation. Aucune plainte n’a été déposée.

Une page Facebook anti-chevaux et plusieurs vidéos YouTube.

Plusieurs internautes ont débusqué et signalé une page Facebook intitulée « Les chevaux sont des connards » (d’autres existent, avec le même intitulé, pour d’autres animaux), et rassemblant 772 membres au 21 septembre. Prise pour cible par de nombreux internautes, la personne assurant être à l’origine de ce groupe a effectué une mise au point, rappelant que le groupe en question avait été mis en ligne cinq ans plus tôt, « suite à une private joke et à une vraie fausse névrose personnelle vis-à-vis de ces bestioles ». « Au bout de quelques mois, nous étions passés de 4 personnes à 5 000, et cette blague un peu potache était devenue un véritable phénomène de société (bon, j’en rajoute un peu mais pas tant que ça), explique cette personne. Ça m’a valu à l’époque un ban définitif de Facebook, véritable signe annonciateur d’une époque où tout le monde s’indigne et a le sentiment d’agir positivement en cliquant (…). »

Plusieurs vidéos dénoncées comme hostiles aux chevaux, ou même de revendication, ont également été signalées. La première est l’unique vidéo d’une chaîne YouTube rassemblant 14 abonnés, créée… en juin 2013. Les autres semblent manifestement, aux yeux des enquêteurs, le fruit d’humour de mauvaise facture et de mauvais goût. La vidéo de « revendication » ne semblait plus être en ligne ce dimanche.

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