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Jours tranquilles à Paris
1 octobre 2020

Présidentielle : chez Les Républicains, l’hypothèse Xavier Bertrand face à la peur du vide

Par Sarah Belouezzane - Le Monde

Le président de la région Hauts-de-France a quitté le parti, mais il garde des liens avec de nombreux responsables. Et il ne cache pas ses ambitions pour 2022.

Les responsables de tous bords le savent, la résilience est un atout majeur en politique. Encore plus lorsque l’avenir d’un mouvement comme celui du parti Les Républicains (LR), est menacé. Le quasi-renoncement de François Baroin à porter les couleurs de la droite pour le scrutin présidentiel de 2022 n’est certes pas un traumatisme – encore que pour certains cela pourrait s’y apparenter –, mais tous cherchent aujourd’hui une façon de rebondir. Or pour beaucoup, la personne susceptible de permettre ce retournement ne saurait être autre que Xavier Bertrand.

Le président de la région Hauts-de-France n’a après tout jamais caché sa détermination, en faisant part aux médias mais aussi aux élus rencontrés régulièrement lors de ses tournées avec son minimouvement, La Manufacture, dont il va ouvrir plusieurs antennes dans les semaines à venir.

Xavier Bertrand n’est certes plus membre de LR, mais il y garde des liens assez forts avec nombre d’élus, comme le député de l’Aisne Julien Dive. Il tente aussi depuis quelque temps un rapprochement qu’il sait nécessaire, tant l’appui et la logistique d’un parti politique sont indispensables à une campagne présidentielle. Plusieurs réunions avec des députés et des sénateurs LR et Union des démocrates et indépendants (UDI) sont prévues dans les prochaines semaines.

L’ancien ministre du travail a d’ailleurs rencontré Christian Jacob, le patron du parti de droite, mercredi 30 septembre, lors d’un déjeuner. Au menu des discussions, les régionales. Et le soutien apporté par la rue de Vaugirard à la réélection du patron des Hauts-de-France. Les deux hommes étant d’accord sur la nécessité d’attendre ce scrutin avant de discuter de la désignation d’un candidat à la présidentielle.

Xavier Bertrand, celui qui a « le plus faim », selon Dati

Xavier Bertrand en a tout de même profité pour exposer l’esprit de sa candidature à la présidentielle et sa stratégie de « rassemblement » à Christian Jacob. Maintenant que M. Baroin est hors course, « il n’est pas question d’afficher du mépris pour LR, de le considérer comme acquis et de repartir sur son Avantin », décrypte un proche de M. Bertrand.

Au sein du parti, certains n’hésitent plus à prendre la parole en faveur de l’ancien ministre du travail. « Quand on a des candidats de droite en dehors du champ des Républicains qui ont un impact politique réel – je pense à Xavier Bertrand –, non seulement ça se regarde mais je pense que ça peut être une solution pour notre famille politique », avait par exemple affirmé Damien Abad, président du groupe LR à l’Assemblée nationale, dans une interview aux Echos dès le 15 septembre.

Interviewée par Jean-Jacques Bourdin sur RMC/BFM-TV, la maire (LR) du 7e arrondissement de Paris, Rachida Dati, qui ne semble rien exclure pour elle-même non plus d’après le Times de Londres, a indiqué que l’ancien ministre du travail était celui qui avait « le plus faim ». Comprendre : le plus à même d’y arriver.

S’ils demeurent indépendants de toute écurie, d’autres, plus inattendus, reconnaissent des qualités au candidat, comme Julien Aubert, député de Vaucluse : « Il y a deux types de stratégies à droite : ceux qui veulent récupérer l’électorat de Macron, et ceux qui veulent récupérer l’électorat populaire parti au RN [Rassemblement national]. Je rejoins Xavier Bertrand sur l’idée que l’élection se remporte avec le peuple, dont il faut aussi gagner la confiance. » Ou encore l’eurodéputé François-Xavier Bellamy, qui l’a contacté avant de se rendre à l’usine Bridgestone de Béthune (Pas-de-Calais) [le groupe japonais a annoncé vouloir fermeture le site en 2021] et voit en lui « un très grand bosseur ».

Une « popularité appréciable et solide »

Au-delà des louanges au sein du parti, le président de la région des Hauts-de-France jouit d’après Frédéric Dabi, le directeur général adjoint de l’institut de sondage IFOP, d’une « popularité appréciable et solide » parmi les sympathisants de droite, mais pas seulement : « Il n’est pas mauvais sur les catégories populaires, la France du travail, et est majoritaire en bonne opinion dans l’électorat Macron. » Un cocktail qui fait de lui, à ce stade, le candidat le plus sérieux à droite selon le spécialiste.

Pour autant, à LR, où certaines résistances se font sentir contre M. Bertrand, on se garde bien de parler de « candidat naturel ». D’abord parce que d’autres personnalités se pressent à la porte. Très confortablement réélu à son poste de sénateur de Vendée, Bruno Retailleau, le président du groupe LR à la deuxième chambre, est l’un d’entre eux.

Non déclarée, Valérie Pécresse, la présidente de la région Ile-de-France, est elle aussi considérée comme une championne potentielle très sérieuse. « Valérie Pécresse est compétente et n’a jamais coupé les ponts avec sa famille politique », juge l’eurodéputé et ancien ministre de l’intérieur Brice Hortefeux, qui ne cache pas son hostilité vis-à-vis d’une candidature de Xavier Bertrand.

Ce dernier ne recueille d’ailleurs pas encore l’assentiment de tous. A commencer par Christian Jacob, qui ne s’est jamais exprimé officiellement sur la question mais dont le jugement vis-à-vis de Xavier Bertrand semble réservé. Certains lui reprochent un manque de « charisme ». D’autres pointent, sous couvert d’anonymat, un problème « d’authenticité » lors de certaines de ses sorties comme par exemple à Montcornet (Aisne), durant un hommage rendu au général de Gaulle, où il a arboré un masque face à un Emmanuel Macron nez et bouche au vent.

Débats pour ou contre une primaire

Quelques-uns enfin ne souhaitent pas qu’une personne qui a « quitté le parti au pire moment » ne « rafle la mise » pour la présidentielle. « Celui qui a abandonné sa famille politique quand elle était dans la difficulté n’est pas le mieux placé pour sauver la France quand elle est dans le marasme », tranche Brice Hortefeux.

Ce questionnement a émergé aussi lors des débats pour ou contre une primaire au sein du parti. Xavier Bertrand, comme tout le monde le sait chez LR, refuse catégoriquement d’y participer.

« Tout le monde est perdu, analyse à froid Jean-François Copé, maire de Meaux et membre du comité stratégique de LR, c’est à Xavier Bertrand d’écrire sa partition. Nous allons attendre de voir la feuille de route qu’il écrira vis-à-vis de nous. » « Je suis un candidat issu de la droite, mais je suis convaincu qu’il faut rassembler au-delà des partis », rétorque l’intéressé.

« Jacob est un pragmatique, il finira par se ranger à la solution Bertrand », tempère un cadre pour qui l’ancien ministre de la santé est la seule solution. Pour cette source, pour avoir une chance en 2022, le parti doit « doucement mais sûrement installer Bertrand ». Toujours rebondir.

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