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Jours tranquilles à Paris
15 octobre 2020

La basilique du Sacré-Cœur classée monument historique

Par Cédric Pietralunga - Le Monde

L’édifice, le deuxième le plus visité de la capitale après Notre-Dame, a longtemps été associé à la Commune de Paris, ce qui explique ce classement tardif.

« C’est un événement ! », reconnaît elle-même la ministre de la culture Roselyne Bachelot. Un siècle après sa consécration, la basilique du Sacré-Cœur, située au sommet de la butte Montmartre à Paris (18e), va être protégée au titre des monuments historiques. La décision de son inscription a été prise mardi 13 octobre par le préfet d’Ile-de-France, après un avis favorable de la commission régionale de l’architecture et du patrimoine. Sa procédure de classement, qui devrait accorder une protection encore plus importante au monument, sera lancée dans la foulée et devrait aboutir à l’été 2021, assure-t-on rue de Valois.

Aussi surprenant que cela puisse paraître, le Sacré-Cœur ne faisait jusqu’à aujourd’hui l’objet d’aucune protection, alors que 1 957 sites parisiens – dont soixante-six églises – sont inscrits ou classés au titre des monuments historiques.

« Expier les crimes des communards »

C’est pourtant le deuxième lieu le plus visité de la capitale, après la cathédrale Notre-Dame : environ dix millions de promeneurs et de pèlerins se rendent chaque année dans l’édifice en pierre calcaire de Château-Landon, qui a la particularité de se nettoyer au contact de la pluie, ce qui explique sa blancheur éclatante. C’est plus qu’au musée du Louvre (9,6 millions de visiteurs en 2019) ou qu’à la tour Eiffel (6,2 millions).

Selon le ministère de la culture, c’est à « une mauvaise lecture de l’histoire » que le Sacré-Cœur doit de ne jamais avoir été classé. Longtemps, la basilique a été associée aux événements de la Commune de Paris, la croyance publique laissant entendre que son édification avait été décidée pour « expier les crimes des communards ».

De fait, c’est au sommet de la butte Montmartre que débuta l’insurrection des Parisiens le 18 mars 1871, lorsque les troupes d’Adolphe Thiers vinrent enlever les canons de la Garde nationale qui y étaient entreposés. Mais la décision d’édifier la basilique a été prise dès 1870, affirment les historiens. « Ces querelles sont derrière nous mais ont retardé le processus de protection », reconnaît Roselyne Bachelot.

Subventions de l’Etat en cas de restauration

Propriétaire du site depuis 1905, la mairie de Paris a néanmoins tenu à ce que les abords du Sacré-Cœur soient eux aussi protégés, pour éviter toute polémique. Outre la basilique elle-même, le parvis qui domine Paris à 130 mètres de hauteur (point culminant de la capitale), les escaliers qui serpentent le long de la butte Montmartre, ainsi que le square Louise-Michel attenant, seront inscrits au titre des monuments historiques.

« Un lien mémoriel existe entre la basilique et la Commune de Paris, on ne peut pas le nier. Mais le classement se base sur le geste architectural », précise Karen Taïeb, adjointe à la maire de Paris, chargée du patrimoine. Le site sera d’ailleurs associé au 150e anniversaire des événements de la Commune, commémoré en mars 2021.

Outre son aspect symbolique, l’inscription du Sacré-Cœur permettra à l’archidiocèse de Paris, qui gère le site, de bénéficier de subventions de l’Etat en cas de travaux de restauration (jusqu’à 30 % du montant pour les immeubles inscrits, 50 % pour les immeubles classés).

Même si la basilique « se porte bien » et ne nécessite pas de réparations d’urgence, contrairement à la plupart des 87 cathédrales françaises propriétés de l’Etat, des aménagements de la crypte sont envisagés. « Celle-ci n’a jamais été terminée. Il faut penser à l’avenir du bâtiment, nous travaillons pour l’histoire », estime le père Stéphane Esclef, recteur du Sacré-Cœur.

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