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Jours tranquilles à Paris
21 octobre 2020

Technologie - Les Etats-Unis accusent six agents russes de piratage informatique

espions russes

COURRIER INTERNATIONAL (PARIS)

Les agents inculpés ont participé, selon le ministre américain de la justice, à “la série d’attaques informatiques la plus perturbatrice et destructrice de l’histoire”. Une campagne de plusieurs années qui a notamment frappé la France lors de l’élection présidentielle 2017. Les chances de voir ces agents un jour jugés sont toutefois presqu’inexistantes.

Ils sont accusés par le département américain de la justice (DOJ) d’avoir mené “la série d’attaques informatiques la plus perturbatrice et destructrice de l’histoire”. Six agents russes ont été inculpés pour leur lien avec des cyberattaques ayant frappé ces cinq dernières années l’Ukraine, la Corée du Sud, les Etats-Unis et la France, rapporte CBS News lundi 19 octobre.

La variété des inculpations reflète la détermination de Moscou “à atteindre ses objectifs géopolitiques et ses tentatives de déstablisation de ses rivaux”, peut-on lire dans le Wall Street Journal. Dans “l’un des cas les plus sévères”, souligne Business Insider, les pirates ont coupé brièvement une partie du réseau électrique ukrainien. Plus de 200 000 personnes ont été affectées au mois de décembre 2015.

Autres accusations sur la liste du ministère de la justice américain : le piratage des emails du parti En Marche ! d’Emmanuel Macron lors de la campagne présidentielle de 2017 en recourant au spear fishing (envoi de mails personnalisés), l’attaque du réseau informatique de l’organisation des Jeux olympiques d’hiver 2018 ou encore le défacement de 15 000 sites Internet en Géorgie à l’automne 2019. Sans oublier l’attaque NotPetya en juin 2017 qui aurait causé 1 milliard de dollars de dommages aux Etats-Unis en infectant notamment les ordinateurs d’une assurance de santé et d’une filiale de FedEx.

“Aucun pays n’a militarisé ses cybercapacités avec autant de malveillance et d’irresponsabilité que la Russie”, dénonce le responsable de la sécurité nationale au DOJ, cité par le site Engadget. Un responsable aux mots particulièrement durs avec Vladimir Poutine. La proposition récente du président russe de remettre à plat les relations entre les deux pays concernant les questions de cybersécurité “n’est rien d’autre que de la rhétorique malhonnête, de la propagande cynique et bon marché”.

A ce titre, remarque Politico, l’annonce de lundi relève surtout du symbolisme, à savoir “une réprimande énergique de l’agression russe de la part d’une administration dirigée par le président Donald Trump, qui la minimise régulièrement”. Car les experts connaissaient déjà le rôle de “l’armée digitale de Moscou” dans toutes les campagnes mentionnées par le DOJ.

Les six hommes inculpés sont tous membres du GRU, la direction générale des renseignements des forces armées russes, et d’une équipe surnommée Sandworm. “Bien qu’ils aient franchi toutes les lignes rouges que le monde de la cybersécurité a tenté de tracer pour protéger les infrastructures civiles de piratages catastrophiques, les membres de Sandworm n’ont jamais été inculpés ou même officiellement liés à ces attaques. Jusqu’à maintenant”, peut-on lire sur le site Wired.

La dimension symbolique de ces inculpations vient aussi du fait que les agents en question se trouvent sans doute en Russie. La possibilité de les voir arrêtés ou extradés est très faible, signale Techcrunch pour qui l’annonce de lundi sert avant tout de “name and shame”, nommer et faire honte. Une technique employée “fréquemment par le ministère de la justice américain ces dernières années”, dans des situations comparables. 

Vladimir Poutine, “perturbateur mondial”

Selon la BBC, les services de renseignement occidentaux, pas uniquement américains, espèrent “forcer les hackers à s’adapter” en exposant publiquement les pratiques de Moscou. Mais rien ne montre que ces campagnes de dénigrement les poussent à renoncer à ce type d’activités, ajoute le média britannique. 

L’unité du GRU en cause aujourd’hui avait aussi participé à la tentative de déstabilisation de l’élection présidentielle américaine en 2016, rappelle le Washington Post. Elle avait alors travaillé avec une autre équipe des services russes pour pirater des emails du parti démocrate. Toutefois, aucun chef d’accusation présenté lundi n’évoque une possible ingérence dans l’élection de 2020. Le timing de l’annonce du jour est indépendant du contexte politique du moment, assure le DOJ.

Le quotidien de la capitale rapporte par ailleurs les propos des autorités russes qui parlent d’”allégations cherchant encore une fois discréditer Moscou” et réfutent toute implication.

Après l’élection de 2016, raconte le Guardian, les experts s’attendaient à des sanctions de Vladimir Poutine à l’encontre du GRU, “pris la main dans le sac”. Cela n’a pas du tout été le cas, soutient le quotidien britannique. Furieux des accusations contre son pays après les révélations sur un programme de dopage généralisé, il a “déchaîné” le GRU. “Au lieu de nettoyer le sport russe, Poutine semble déterminer à conserver un rôle qu’il a parfait ces dernières années : celui d’un perturbateur mondial”, résume le Guardian.

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