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Jours tranquilles à Paris
21 octobre 2020

Election présidentielle américaine : Donald Trump affiche sa confiance malgré les sondages

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Par Gilles Paris, Washington, correspondant - Le Monde

Le président sortant mise comme en 2016 sur les meetings de campagne, un exercice dans lequel il excelle. Mais il est menacé dans de nombreux Etats, et peine à garder un message positif.

La campagne de Donald Trump a affiché sa confiance, lundi 19 octobre, au cours d’une conférence téléphonique avec des journalistes. Son directeur de campagne, Bill Stepien, la plus haute responsable du Parti républicain, Ronna McDaniel, et l’un de ses stratèges, Jason Miller, ont multiplié les propos optimistes. Ils ont assuré « que la course est plus serrée » que l’image donnée par les sondages qui mesurent les intentions de vote. Ils ont noté « un élan » favorable selon eux au président sortant notamment en termes d’inscriptions sur les listes électorales, et vanté l’organisation mise en place depuis des mois qui devrait selon eux favoriser une participation des électeurs républicains meilleure que celle des démocrates.

Un peu plus tôt dans la journée, Donald Trump s’était déjà efforcé de remobiliser ses troupes dans un appel à l’ensemble de ses équipes de campagne qui lui a donné l’occasion d’afficher son optimisme. « Nous allons gagner. Je ne vous aurais peut-être pas dit la même chose il y a deux ou trois semaines », a-t-il assuré pour lutter contre l’impact de sondages dans lesquels il est régulièrement distancé par son principal adversaire, Joe Biden. « Bougez-vous le cul », a conclu le président.

Les déplacements du locataire de la Maison Blanche illustrent une équation électorale qui repose sur beaucoup d’inconnues. Il lui est impératif, pour espérer obtenir un nombre suffisant de grands électeurs synonyme de second mandat, de conserver les Etats stratégiques de Floride, de l’Ohio et de Géorgie, où il est au coude-à-coude avec le démocrate. Mais il lui faut également remporter les Etats dans lesquels il est distancé par Joe Biden comme l’Arizona, l’Iowa, la Caroline du Nord et la Pennsylvanie. Auquel cas Donald Trump pourrait battre Joe Biden sur le fil au sein du collège électoral.

Energie impressionnante et attaques virulentes

Dans cette entreprise, le président sortant mise comme en 2016 sur les meetings de campagne, un exercice dans lequel il excelle et qui lui donne l’occasion d’afficher une impressionnante énergie pour un septuagénaire. Depuis la fin de sa convalescence éclair, à la suite de sa contamination par le coronavirus, Donald Trump enchaîne souvent deux réunions publiques par jour et envisage même de passer à trois dans la dernière semaine de la campagne.

Cet exercice souligne cependant le problème central auquel se heurte le président depuis le début de l’épidémie de coronavirus : celui de son message. L’effondrement de l’économie américaine l’a privé du bilan qu’il comptait placer au cœur de sa campagne de réélection. Le président sortant continue pourtant d’assurer qu’il est le seul candidat capable de remettre l’économie américaine sur les rails.

Ce message optimiste est cependant parasité par les attaques virulentes portées contre son adversaire démocrate, tour à tour accusé d’être sénile, réduit à l’état de marionnette d’une « gauche radicale », ou encore à celui de chef d’une « famille mafieuse ». Cette dernière attaque a été alimentée par la parution dans un tabloïd, le New York Post, de documents présentés comme compromettants liés aux activités du fils du candidat, Hunter Biden, fournis par l’avocat du président, Rudy Giuliani.

Ce dernier était déjà à la manœuvre lors de l’affaire ukrainienne qui avait entraîné la mise en accusation du président. Donald Trump avait été accusé d’avoir marchandé une aide militaire à Kiev en échange d’enquêtes sur une compagnie gazière au sein de laquelle avait travaillé le fils Biden. La menace de sa destitution a été écartée par son acquittement par les républicains du Sénat, en février.

Dérapages

Les meetings dans lesquels Donald Trump communie avec les plus déterminés de ses fidèles sont aussi propices à des dérapages. En meeting le 17 octobre dans le Michigan, un Etat remporté par surprise en 2016 dans lequel il est à la peine, il a tonné contre la gouverneure Gretchen Whitmer, cible d’une tentative d’enlèvement de sympathisants d’extrême droite hostiles à sa gestion rigoureuse de l’épidémie. Il a laissé ses supporteurs scander « enfermez-la », avant d’ajouter « enfermez-les tous », manifestement dans une allusion aux démocrates. Le même jour, il a assuré dans le Wisconsin que cet Etat devait « rouvrir » alors qu’il connaît un pic d’épidémie.

Cette ambivalence est d’autant plus préjudiciable que l’avance dont bénéficie actuellement Joe Biden dans les intentions de vote s’explique principalement par le rejet que suscite le président au sein de deux électorats, les femmes et les plus de 65 ans. Les unes comme les autres sont particulièrement sévères sur sa gestion de l’épidémie.

Donald Trump a donné une autre illustration de ce manque de discipline au cours de son appel téléphonique de lundi au cours duquel il s’est emporté avec violence contre le directeur de l’Institut national des maladies infectieuses, Anthony Fauci. Il a qualifié ce dernier, membre de la cellule de crise de la Maison Blanche pour l’épidémie, de « désastre » alors qu’il jouit d’un crédit bien supérieur au sien auprès des Américains.

« Les gens disent : laissez-nous tranquilles. Ils en ont marre. Marre d’entendre Fauci et tous ces idiots », a-t-il dit. « Il est là depuis environ 500 ans. Il est comme ce merveilleux sage qui nous dit comment [faire]. Si nous l’avions écouté, nous aurions eu 700 000 ou 800 000 morts », a-t-il encore ajouté alors que l’épidémie repart en force aux Etats-Unis, principalement dans des Etats républicains.

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