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Jours tranquilles à Paris
21 octobre 2020

Les réseaux sociaux appelés à la «responsabilité»

Par Fabien Leboucq - Libération

Marlène Schiappa, qui rencontrait les représentants des principales plateformes mardi, veut renforcer les liens avec les forces de l’ordre.

Une «bataille d’Etat» contre une «menace endogène» : Marlène Schiappa s’est montrée martiale mardi matin devant les représentants des entreprises de réseaux sociaux. La ministre déléguée à la Citoyenneté auprès du ministre de l’Intérieur considère le «cyber-islamisme», un quasi-néologisme qu’elle brandit depuis l’attentat de Conflans-Sainte-Honorine, comme un «enjeu de sécurité nationale». C’est ce qui l’a poussée à «convoquer» Twitter, Facebook (propriétaire d’Instagram), ou encore Google (propriétaire de YouTube). Les plateformes plus couramment utilisées par les ados, TikTok, Snapchat et Twitch, étaient aussi au rendez-vous, de même que le site de cagnotte le Pot commun, Wikipédia, ou encore Pinterest. Côté gouvernement, les cabinets des ministres de l’Intérieur, de la Justice et de l’Education nationale étaient représentés.

«Groupe de contact»

A écouter la ministre déléguée, les autorités font déjà tout leur possible - ou presque - sur le sujet. Ainsi, la plateforme Pharos reçoit 20 000 signalements d’internautes par mois, avance le ministère de l’Intérieur. Policiers et gendarmes annoncent avoir supprimé 3 000 «contenus terroristes» depuis le début de l’année. Deux axes gouvernementaux se dégagent afin d’accentuer une réponse essentiellement répressive. D’abord, Marlène Schiappa fait «appel à la responsabilité» des plateformes et promet de «lever les freins» en «renfor[çant] le lien» entre police, gendarmerie et réseaux sociaux. Cela passe par la réactivation du «groupe de contact per ma nent» mis en place par Bernard Cazeneuve en 2015 pour contrer la propagande de l’EI. Il se réunira la semaine prochaine. Suivant cette approche, la ministre déléguée voudrait voir s’«inverser la logique de signalement», pour que les plateformes soient incitées d’elles-mêmes à contacter les pouvoirs publics en cas de contenus problématiques. Au sortir de la réunion de mardi, les responsables de Facebook France ont fait montre de bonne volonté, s’assurant disposés à «dialoguer et renforcer encore plus la collaboration avec les autorités, dont nous soutenons les efforts de toutes les manières possibles». Et d’ajouter : «Nous avons massivement investi pour renforcer nos équipes et développer des technologies visant à éradiquer la haine sur nos plateformes et à bâtir un Internet plus sûr.»

Resucée

La deuxième jambe de la riposte gouvernementale sera législative. Elle pourrait prendre notamment la forme d’une resucée de la loi Avia. Ce texte «contre la haine en ligne» devait permettre d’imposer le retrait rapide de certains contenus «manifestement» illégaux par les plateformes, dans des délais particulièrement courts, sous peine de fortes amendes. Le cœur de la loi avait été censuré au mois de juin par le Conseil constitutionnel, qui y voyait des risques d’atteintes à la liberté d’expression et de communication «qui ne sont pas adaptées, nécessaires et proportionnées». La députée LREM porteuse du projet, Laetitia Avia, comme Marlène Schiappa, promettent d’inscrire une version aménagée du texte dans la loi contre le «séparatisme».

De son côté, le Premier ministre, Jean Castex, a évoqué mardi à l’Assemblée nationale la possible création d’un «délit de mise en danger par la publication de données personnelles», car «c’est bien parce qu’il a été désigné par les réseaux sociaux», assure-t-il, «que Samuel Paty a été assassiné».

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