Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Jours tranquilles à Paris
22 octobre 2020

“Adieu les cons”, un Dupontel bien édulcoré

dupontel efira

Adieu les cons - Albert Dupontel

Une quadragénaire enlisée en pleins méandres administratifs et un employé suicidaire unissent leurs forces... ou quand la fable anar se dissout dans un déluge de mièvrerie.

Alors que ses avatars de cinéma l’ont conduit à investir une certaine marge au point d’en devenir l’un des porte-étendards un peu freak (il a été voyou, braqueur, sdf, vilain, punk et même cancer en personne), Albert Dupontel occupe désormais le centre. Avec sa nuée de César (deux pour 9 Mois ferme, cinq pour Au revoir là-haut) et ses bons chiffres au box-office, le cinéaste-acteur est devenu une valeur mainstream du cinéma français, le candidat idéal pour une famille qui aime à louer les vertus de l’équilibre entre le prestige d’une griffe auteuriste et l’assurance d’une bonne santé économique.

Après le baroque fastueux de son imposante adaptation littéraire de Pierre Lemaitre, l’auteur affine ses obsessions et reconduit avec Adieu les cons le récit de fuite tracé par son précédent film. Il narre à nouveau la rencontre de deux sacrifié·es (lui-même en employé suicidaire ; Virginie Efira, condamnée par une maladie), aidé·es d’un tiers (un archiviste aveugle clownesque), qui, pour survivre à la cruauté d’un monde – l’après-guerre hier, la finance et l’administration kafkaïenne aujourd’hui –, dézinguent l’autorité.

Toujours la forme mais moins de fond

Dans Adieu les cons, la grandiloquence kitsch de la mise en scène de Dupontel (interminables mouvements de caméra, couleurs criardes, humour grimaçant et caméo de Terry Gilliam comme référence affichée) opère à plein régime pour sursignifier, en même temps qu’elle ensevelit, les faits et gestes des héros·oïnes de ce conte moderne gonflé d’effets numériques disgracieux. Un film de révolte qui n’a rien de révoltant (si ce n’est ses tics stylistiques irritants) et qui, moins férocement attaché à la musique provocante de ses cadets (Bernie), se révèle même assez doux, et mièvre, quand sa course-poursuite se teinte d’un sentimentalisme à l’eau de rose sur fond d’amour filial ou d’amour tout court. Dans le fond, bien plus consensuel que l’irrévérence adressée de son titre.

Adieu les cons d'Albert Dupontel, avec lui-même, Virginie Efira, Nicolas Marié (Fr., 2020, 1h27)

Publicité
Commentaires
Publicité