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Jours tranquilles à Paris
27 octobre 2020

Lee Kun-hee - Président de Samsung

Le président de Samsung, Lee Kun-hee, artisan du succès mondial du conglomérat sud-coréen, est mort, dimanche 25 octobre. Traité au centre médical Samsung, à Séoul, M. Lee, 78 ans, était plongé dans le coma depuis une crise cardiaque survenue en mai 2014.

Né à Daegu (centre de l’actuelle Corée du Sud), en 1942, M. Lee était le septième des huit enfants – et troisième fils – de Lee Byung-chul (1910-1987), lui-même fils d’un riche propriétaire terrien et fondateur, en 1938, de Samsung Sanghoe (littéralement « maison de commerce trois étoiles »), prospère société d’exportations de fruits, de légumes et de poisson vers la Mandchourie et Pékin.

Diplômé de l’université japonaise Waseda et titulaire d’un MBA, obtenu à l’université américaine George-Washington, avant d’intégrer Samsung, en 1968, Kun-hee a pris les rênes du groupe en 1987, deux semaines avant la mort du fondateur. Il devançait ses aînés, alors que les principes confucianistes, très ancrés en Corée, auraient voulu qu’il s’efface.

Le patriarche l’a voulu autrement. En 1966, un scandale oblige Lee Byung-chul à quitter provisoirement la tête de la société. Il confie alors la direction du groupe à son aîné, Maeng-hee (1932-2015). « Avant six mois,écrit-il dans ses Mémoires,toute l’entreprise était en plein chaos. » Déçu, il choisit, en 1976, comme successeur Kun-hee. Une fois aux commandes, Kun-hee, surnommé « Chairman Lee », décide de réformer un groupe lancé après la guerre de Corée (1950-1953), dans la distribution, l’assurance et la finance, puis dans l’électronique à la fin des années 1960, grâce à un rapprochement avec le japonais Sanyo, et enfin, la décennie suivante, dans la construction navale, la chimie et la construction.

A l’affût d’innovations

« Changez tout, sauf votre femme et vos enfants », lance-t-il, en 1993, à son personnel, avec l’idée de sortir de la production massive de produits de qualité moyenne. Il ouvre la porte à l’internationalisation. Le développement s’articule autour de Samsung Electronics, qui s’impose dans la téléphonie mobile et les microprocesseurs. Sans cesse à l’affût d’innovations, « Chairman Lee » prévient, en 2011 : « La majorité de nos produits d’aujourd’hui auront disparu dans dix ans. » Il mise alors sur un développement dans les technologies environnementales et médicales. En 2020, les revenus du groupe équivalent à 23 % du produit intérieur brut de la Corée du Sud. Et les 89 sociétés de sa complexe structure assurent 13 % des exportations du pays.

Son règne reste toutefois entaché de scandales. Lee Kun-hee a maintenu les liens de son entreprise avec le pouvoir, noué par son père, un proche du président autoritaire Park Chung-hee (1961-1979). M. Park était à l’origine du développement des chaebols, dans le cadre de sa « stratégie de développement déséquilibré », visant à attribuer les quelques ressources d’un pays appauvri à un petit nombre d’entreprises.

En 2008, Samsung est accusé de corruption. Le groupe avait une caisse noire pour acheter des procureurs, des juges ou des politiciens influents. Condamné à sept ans de prison, Lee Kun-hee bénéficie, fin 2009, du pardon du président, Lee Myung-bak (2008-2013). Il semble que cette faveur ait été octroyée en échange de pots-de-vin.

Cette affaire a aussi ravivé les violents conflits au sein de la famille dirigeante de Samsung. L’enquête a révélé que « Chairman Lee » possédait des actions du groupe et de ses filiales sous des prête-noms, un fonctionnement mis en place par son père pour faciliter la transmission à son fils. Son frère aîné, Lee Maeng-hee, réclame alors sa part, sa sœur Sook-hee également.

Aujourd’hui se posent pour Samsung, de nouveau, les questions d’héritage, la fortune de Lee Kun-hee étant estimé par le magazine Forbes à 17,7 milliards d’euros. Depuis la crise cardiaque de ce dernier, le conglomérat cherche à réduire le coût de la succession, estimé à 7,6 milliards d’euros, au profit de Jae-yong, surnommé « la fleur cultivée sous serre », et de ses deux sœurs Boo-jin et Seo-hyun.

Cette simplification oblige une révision des participations croisées. Un processus opaque, au cœur des poursuites lancées en 2017 contre Jae-yong, accusé de corruption et de détournement de fonds, qui a, par ailleurs, assuré ne pas vouloir transmettre le groupe à ses enfants.

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