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Jours tranquilles à Paris
3 novembre 2020

Présidentielle américaine : les Américains aux urnes dans un pays sous tension

usa

Des dizaines de millions d’Américains se rendent mardi aux urnes pour choisir entre Donald Trump et Joe Biden au terme d’une campagne enflammée qui a renforcé la fracture entre deux Amériques aux antipodes.

« Bidon » : dans son style, Donald Trump a balayé, lundi 2 novembre, les sondages qui le placent derrière son rival Joe Biden, affichant une confiance absolue dans une élection qui prend mardi des allures de référendum sur sa présidence hors norme.

« Est-ce que [Biden] peut vraiment gagner ? On est sérieux là ? », a-t-il ironisé depuis Kenosha, dans le Wisconsin, avant-dernière étape d’un marathon de cinq meetings dans quatre Etats. « J’ai le sentiment que nous allons vers une large victoire demain », a lancé, presque au même moment Joe Biden depuis Pittsburgh (Pennsylvanie), la ville où il avait débuté sa campagne il y a dix-huit mois.

Deux Amériques aux antipodes

Les deux septuagénaires, aussi différents sur la forme que sur le fond, sont engagés dans un sprint final après une campagne enflammée qui a renforcé la fracture entre deux Amériques aux antipodes. D’un côté, un héritier de New York, magnat de l’immobilier passé par la téléréalité avant de faire irruption en politique avec un message populiste, « l’Amérique d’abord », et qui continue de se présenter en « outsider » malgré ses quatre années passées à la Maison Blanche.

De l’autre, un vieux routier de la politique issu des classes moyennes – au compteur, 36 années comme sénateur puis huit de plus comme vice-président – qui promet de panser les plaies d’un pays meurtri. Après deux échecs en 1988 et 2008, Joe Biden, pur produit de l’aile modérée du parti démocrate, s’est imposé aux primaires de son camp avec un message simple : battre Donald Trump, étrillé comme « le pire président » de l’histoire récente des Etats-Unis.

Les Etats-Unis « en ont assez du chaos », a martelé Joe Biden qui dit se battre pour restaurer l’« âme » de l’Amérique. « Il est temps de se relever et de reprendre le contrôle de notre démocratie », a lancé l’ancien vice-président de Barack Obama.

Face à lui, le président républicain, fragilisé par une recrudescence de la pandémie de Covid-19, se démultiplie pour faire mentir les sondages et créer la surprise, comme il l’avait fait en 2016. « Demain, nous allons gagner quatre ans de plus à la Maison Blanche », a-t-il lancé devant des partisans en Caroline du Nord. « Comme ça, on pourra finir le travail entamé », a-t-il ajouté quelques heures plus tard dans le Michigan. Comme en pied de nez, il s’est entre-temps rendu à Scranton (Pennsylvanie), la ville natale de son rival démocrate, qu’il a accusé d’être « endormi », mais aussi « agité », « corrompu », « contrôlé par les grands médias »…

Lady Gaga avec Joe Biden

Joe Biden continuera sa campagne dans cet Etat jusqu’à la dernière minute, avec des interventions prévues mardi à Scranton et Philadelphie, une démarche légale mais inhabituelle. « Je ne supporterai pas quatre ans de plus avec Trump », s’est épanchée une de ses partisanes, Jane Perry, 65 ans, croisée à Pittsburgh où l’ancien vice-président a tenu un meeting en présence de la star Lady Gaga qui a chanté et affiché ses convictions.

A l’inverse, Lara Schmidt, 42 ans, espère un « raz-de-marée » en faveur de Donald Trump, qu’elle a écouté avec ferveur à Scranton. « Mais si les votes par correspondance se font dans l’illégalité, je me mettrai à genoux pour prier », dit-elle, inquiète.

Près de 100 millions d’Américains ont déjà voté par anticipation, en personne ou par correspondance, pour éviter les bureaux de vote bondés en pleine pandémie. Depuis des semaines, Donald Trump critique cette option, l’accusant sans preuve de favoriser la fraude électorale.

Les réseaux sociaux Facebook et Twitter ont d’ailleurs signalé, lundi, l’un de ses messages sur le vote anticipé, l’accusant d’être « trompeur ». Le président républicain y qualifie de « très dangereuse » la décision la semaine dernière de la Cour suprême d’autoriser l’Etat-clé de Pennsylvanie à comptabiliser jusqu’à trois jours après l’élection les bulletins envoyés par courrier. M. Trump a affirmé que cette décision « minerait tout le système juridique américain » et « provoquerait de la violence dans les rues ».

« Une partie ou la totalité du contenu partagé dans ce Tweet est contestée et susceptible d’être trompeuse quant au mode de participation à une élection ou à un autre processus civique », a écrit le réseau à l’oiseau bleu à côté de ce post, ajoutant un lien expliquant la sûreté du vote anticipé.

« Nos avocats seront prêts »

Le président, qui craint de devenir le premier à ne pas être réélu depuis un quart de siècle [George Bush père, candidat à sa réélection, avait été battu par Bill Clinton en 1992], entretient le flou sur la position qu’il adoptera en cas de défaite, ce qui suscite l’anxiété dans le pays. « Dès que l’élection sera terminée, nos avocats seront prêts », a-t-il notamment déclaré dimanche, laissant entrevoir la possibilité d’une longue bataille judiciaire. Signe de la tension qui règne à l’issue d’une campagne d’une agressivité inouïe, des commerces dans plusieurs villes américaines, dont New York et Washington, se barricadaient par crainte de manifestations violentes.

Les derniers sondages placent Joe Biden confortablement en tête dans plusieurs Etats décisifs remportés par le républicain en 2016, comme le Wisconsin et le Michigan. Mardi soir, dans un premier temps, tous les regards seront braqués sur la Floride – un Etat où les deux candidats sont au coude-à-coude. Sans cet Etat qu’il avait gagné en 2016, c’est mission quasi-impossible pour Donald Trump. En revanche, s’il parvient à conserver la Floride, l’attention se déplacera vers la Pennsylvanie, l’Etat natal du démocrate où les intentions de vote sont partagées.

Singularité du système américain : ce sont les grands électeurs, et non le vote populaire, qui font l’élection. En 2016, Donald Trump avait recueilli près de trois millions de voix de moins qu’Hillary Clinton, mais avait remporté la majorité des 538 grands électeurs et créé l’une des plus grandes surprises de l’histoire politique américaine.

Une incertitude qui pousse l’ancien président Barack Obama à soutenir activement, dans la dernière ligne droite, la candidature de celui qui fut son vice-président pendant huit ans. Donald Trump « n’a jamais pris au sérieux » sa fonction et a « utilisé la présidence comme un show télévisé pour attirer l’attention sur lui », a-t-il taclé lundi depuis Miami, appelant une nouvelle fois les électeurs à se rendre aux urnes massivement. « On ne peut pas laisser de place au doute », a-t-il estimé.

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