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5 octobre 2018

Portrait : La petite entreprise Jacquemus

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Par Caroline Rousseau - Le Monde

En moins de dix ans, le solaire Simon Porte Jacquemus, 28 ans, est devenu une figure incontournable de la mode française. Si sa surexposition médiatique agace parfois, ses références méditerranéennes séduisent. Et sa mode joyeuse se vend bien.

Il tombait des trombes d’eau une semaine plus tôt. Et puis, le 25 juin, l’image d’Épinal associée à la calanque de Sormiou a repris ses droits. Le soleil a chauffé le sable blond de ce site calcaire niché à côté de Marseille. Il a fait scintiller ses eaux translucides et nimbé les corps d’athlètes des mannequins choisis par Simon Porte Jacquemus aux antipodes des maigrelets souffreteux dont la mode s’entiche souvent.

C’était sa première collection homme. Ce Provençal de naissance et de cœur a choisi le Sud pour la présenter. La bonne fée qui semble l’accompagner depuis les débuts de sa marque Jacquemus, en 2009, n’a pas seulement réglé la météo sur grand beau ; elle a obtenu ce lieu magique dix petits jours avant la date du défilé ; charmé les 280 invités et les milliers d’internautes qui suivent assidûment son compte Instagram, dont quelques langues de vipères bien connues dans le milieu.

Celles-là même qui, quatre mois plus tôt, moquaient la façon dont le créateur de 28 ans avait annoncé qu’il se lançait dans la mode masculine, étaient bouche bée devant les torses musclés qui portaient ses chemisettes en soie imprimée à 210 euros. Sur les réseaux sociaux, un filet de venin continuait de couler sur la créativité, « digne de Celio », de cette collection, mais qui pensait encore au ramdam qui l’avait précédée ? Car il y était allé fort, le jeune Simon, dans le genre montagne qui accouche d’une souris.

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Un #newjob qui fait pschitt

Avant son défilé « Le Souk », au Petit Palais en février (Chanel défile traditionnellement au Grand Palais, il suffit de traverser la rue), voilà qu’il poste une photo de lui avec, pour légende, en anglais : « Plus que treize jours avant le show. Très excité de vous annoncer quelque chose de très spécial. » Le tout ponctué d’un intrigant hashtag, #newjob. Il n’en fallait pas plus pour embraser la pinède de la fashion sphère et faire douter ceux qui avaient décidé de zapper le défilé… « Mince, s’il annonce un gros truc, faut en être, non ? »

Evidemment, dans ce monde régi par des règles qui semblent immuables (mais pour combien de temps encore ?), l’hypothèse la plus probable était qu’une grande maison du luxe l’avait choisi comme directeur artistique. Le 8 février, il postait une photo avec Karl Lagerfeld en le remerciant pour sa bienveillance. Quoi ? Chanel, donc ? Tous les noms, de l’avenue Montaigne au Faubourg-Saint-Honoré, y sont passés, chacun prétendant connaître un type du studio qui lui avait dit que…

Et puis Simon Porte Jacquemus a servi sa collection devant un premier rang aux petits oignons, réunissant Christian Lacroix, Farida Khelfa, Inès de la Fressange, l’amie du premier jour et influenceuse Jeanne Damas, Carine Roitfeld, le couple Touitou (A.P.C.)… A la fin du show, avec ce sourire si particulier de celui qui a décidé d’être heureux, il est arrivé en courant, tel un Gaultier des années 1990, pour embrasser Lacroix, l’autre créateur du Sud, et annoncer la grande nouvelle. Sur son hoodie caramel était inscrit : « L’Homme Jacquemus ». C’était donc ça. Il allait faire des vêtements pour garçons.

A quoi tient la déception ? D’abord à une mauvaise appréciation des choses. D’accord, Simon Porte Jacquemus ne va ni chez Kering ni chez LVMH, même s’il dit refuser une offre d’embauche ou de prise de participation alléchante tous les trois mois. Mais, pour lui, une collection homme représente une étape importante dans le développement de la marque qui porte le nom de jeune fille de sa mère adorée, morte dans un accident de voiture il y a dix ans.

« JE SAVAIS QUE J’ALLAIS FAIRE UN MÉTIER COMME ÇA, DANS LA LUMIÈRE. TOUT LE MONDE DANS MON VILLAGE LE SAVAIT AUSSI. » SIMON PORTE JACQUEMUS

Ce gamin, parti de rien, soutenu très tôt par de bonnes fées VIP (Loïc Prigent, journaliste pour Vogue et documentariste, et Adrian Joffe, le patron de Comme des Garçons), a un peu grandi sous nos yeux comme un Macaulay Culkin. Acteur de films et de pubs pour Pampers ou Kinder quand il était enfant, arrivé dans la mode à 18 ans, il informe son public de chacune des marches qu’il gravit depuis.

Pour Simon Porte Jacquemus, il n’est pas tant question, d’ailleurs, de se donner en spectacle que de se conforter lui-même et de rassurer les autres dans l’idée qu’il accomplit, comme prévu, sa destinée. « Je savais depuis toujours que j’allais faire un métier comme ça, dans la lumière. Tout le monde dans mon village le savait aussi. J’en avais tellement envie. Je me créais déjà tant d’images et de personnages… Que ce soit à la “Star Ac” ou dans un épisode de Sous le soleil, on s’attendait à me voir à la télé ou dans le journal. »

Une surexposition médiatique

Depuis toujours, ce qui compte pour lui doit aussi compter pour les autres. Il ne hiérarchise pas, il avance sans filtre, il dit sincèrement que, son histoire, il « la trouve trop belle », il se donne à voir, microslip rouge, tous poils dehors, sourire éclatant sur fond de ciel bleu, seul ou avec son nouveau boyfriend. C’est à prendre ou à laisser. Ce narcissisme à résonance planétaire irrite parfois, mais séduit souvent. Le milieu n’est pas habitué à cela. Même si l’on peut se régaler des selfies de Riccardo Tisci (directeur artistique de Burberry) plus personnels que la moyenne – l’une des expositions médiatiques les plus audacieuses de ces dernières années restant Olivier Rousteing (directeur artistique de Balmain) nu en couverture de Têtu en 2015…

Simon Porte Jacquemus a fait de sa beauté, de son naturel sensible et entier, et d’une certaine absence de surmoi un atout. Le personnel est devenu professionnel, et inversement. Il a cru très tôt au fait qu’être soi-même, sans trop respecter ce qui se fait ou pas, était une bonne façon d’avancer. Et ne semble pas, de toute façon, savoir faire autrement.

Sa réussite lui donne raison. L’époque aussi. « Je me mets à la place des gens, expliquait-il un matin de septembre, devant une assiette de fromage blanc au Café français, place de la Bastille. Quand j’étais jeune, j’aurais adoré suivre la vie d’un créateur sur les réseaux sociaux. Moi, tout ce que j’avais, c’étaient les photos des soirées de Vogue, à la fin du magazine… Alors, depuis que j’ai 13 ans, j’ai un portable qui fait des photos, et je les partage. »

Il lui arrive aussi de répondre aux commentaires. Il est dans l’interaction. Les gens adorent. Ou détestent. Il en a encore été ainsi après son dernier défilé de mode femme à Paris, le 24 septembre. Les pros ont salué la fraîcheur d’un prêt-à-porter sexy et facile. Les anti commencent, à l’instar du New York Times, à trouver son inspiration « Côte d’Azur » de plus en plus étriquée. Le milieu – assez snob et cynique, dans son ensemble – reste méfiant face à ce qu’on pourrait appeler une mode joyeuse. Si c’est joyeux, ce n’est pas sérieux. Le problème étant que, pour la majorité, si c’est sérieux, c’est prétentieux. Et donc boring…

Ces dernières années, pourtant, son statut a changé. Le 29 septembre 2016, soit quatre ans après avoir intégré le calendrier officiel des défilés, Jacquemus faisait la « une » du magazine gratuit Stylist, en ouverture de la Semaine de la mode à Paris. On ne pouvait pas aller d’un show à un autre sans tomber sur sa pomme. Et ce seulement deux jours après que le site The Business of Fashion eut publié un papier titré : « Jacquemus : bigger than you think » (« plus gros que vous ne pensez »). Cette semaine-là, tout le Landerneau s’est mis à dire : « Quoi ? Il va faire 5 millions de chiffre d’affaires ? » Aujourd’hui, alors qu’on nous confirme plus de 8 millions d’euros pour 2018, certains comparent son succès populaire, créatif et commercial à celui d’Isabel Marant et de… De qui d’autre, justement ? Combien Paris compte-t-il de créateurs totalement indépendants devenus millionnaires et patrons d’une société qui emploie une trentaine de personnes ?

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Un bon rapport notoriété-désir-prix

« Quand on se retournera sur la mode française du début des années 2000, ce sera l’un des seuls créateurs dont on se souviendra. On peut chercher les exemples de marques françaises parties de rien qui gagnent autant d’argent aujourd’hui. Il n’y en a pas », confirme Perséphone Kessanidis, cofondatrice du showroom M&K, qui a représenté Jacquemus à ses débuts.

Pas rancunière, la jeune femme, qu’il a quittée pour ouvrir son propre espace, en 2014, dit avoir réglé les différends qui les ont un temps opposés. « Ce que je garde de cette expérience est gratifiant, et je suis fière de lui. Dans ce milieu comme dans d’autres, tu ne peux pas t’encombrer en essayant de faire l’unanimité. Malgré toutes les méchancetés que j’ai pu entendre, rien ne lui ôtera jamais ce truc très spécial qui fait qu’on a du mal à lui dire non, qu’on se sent prêt, tout à coup, à se mouiller pour lui. Il y a dix ans, la London Fashion Week grouillait de talents, et Paris, c’était la misère. Simon est un exemple pour beaucoup, car il sait rêver des choses qui, avec du travail et de la persévérance, se révèlent être finalement à sa portée. Tous les jeunes créateurs venus me voir par la suite l’ont cité en exemple. »

« JACQUEMUS TE TRANSPORTE, IL A UNE VISION, SA FEMME EST BELLE. » ALIX MORABITO, DIRECTRICE DE LA MODE DES GALERIES LAFAYETTE

En 2014 justement, une collection femme de Jacquemus coûtait environ 10 000 euros à produire et rapportait 600 000 euros. L’engouement du public pour ce petit gars du Sud n’en est pas resté au succès d’estime, à la compassion, aux commentaires encourageants et protecteurs ou aux cœurs noirs et rouges sur Instagram. Les gens se sont mis assez vite à acheter du Jacquemus : de l’Américain Shayne Oliver – créateur pointu du défunt Hood By Air – à Kim Kardashian, en passant par la blogueuse Chiara Ferragni, les chanteuses Beyoncé et Rihanna, ou Lalla Meryem, princesse du Maroc, sans que jamais le créateur ne distende le lien avec la voisine d’à côté, femme de 45 ans ou minette de 25.

Les acheteurs des grands magasins et concept stores les plus snobs du monde se sont eux aussi pris d’amour pour les vêtements et accessoires de ce nouveau label qui se vendent comme des petits pains et qu’ils peuvent, sans grand risque, se permettre de racheter en plus grosse quantité la saison suivante. L’été 2016 a marqué un tournant. Dans la foulée de son prix spécial du jury du LVMH Prize 2015, doté de 150 000 euros, Jacquemus fait défiler ses « Santons » en septembre. « Avec cette collection, c’est comme s’il avait affirmé qu’il était bien là et qu’il allait rester », explique Alix Morabito, directrice de la mode des Galeries Lafayette, qui reconnaît le vendre très bien parce que son rapport notoriété-désir-prix est extrêmement bon.

« Et puis il y a un “effet waouh !” dans la construction des vêtements chez Jacquemus, poursuit Alix Morabito. Un travail spectaculaire et sensuel des épaules, une taille marquée, des échancrures. En voyant la collection La Bomba, toutes les femmes voulaient en être une ! C’est là que tu réalises à quel point son positionnement image est fort : il te transporte, il a une vision, sa femme est belle. Quand tu mélanges tout ça avec ce que dégage ce créateur jeune, solaire et poétique, la délicatesse dont il peut faire preuve quand tu viens à son showroom et qu’il te sert des cookies faits maison, les prix corrects, ces items ultra-médiatiques, comme son chapeau ou ses chaussures asymétriques, tu comprends l’histoire sans grand discours, au fil des photos postées, et tu y adhères ! En plus, comme il contrôle sa distribution, il n’inonde pas le marché. Et les filles se marient en Jacquemus : ça veut dire quelque chose. On peut encenser, à juste titre, des créateurs dits conceptuels, mais la majorité de nos clientes a plus envie de ressembler à une femme qu’à un sac. »

Un style clivant

Tout a l’air simple et beau au pays de Jacquemus. Le temps passant, deux critiques lui collent pourtant aux basques. Sa détermination à réussir, qui transformerait parfois le Petit Prince en l’autre, celui de Machiavel. Et son storytelling, qui l’emporterait sur la force de sa proposition mode… Chez The Broken Arm, un concept store multimarque du troisième arrondissement parisien, les clients asiatiques pointus et les gardiennes d’immeuble du quartier qui passent à l’occasion voir les nouveautés de la saison vous le diront : depuis l’ouverture, début 2013, on y trouve du Jacquemus.

Avec Raf Simons et Lemaire, Simon Porte Jacquemus est le seul à bénéficier d’une telle fidélité de la part de ce lieu exigeant. Guillaume Steinmetz, l’un des trois fondateurs de The Broken Arm, dit qu’il y a un fil rouge dans ses collections. « Depuis ses toutes premières pièces, simples mais précises, comme ses tops réalisés avec de la toile de parasol, jusqu’à aujourd’hui, il a toujours généré une émotion chez les gens, tout en restant clivant. Et c’est un compliment, car être un créateur, c’est avoir un parti pris. »

« JACQUEMUS JOUE SUBTILEMENT AVEC DES CODES POPULAIRES OU RÉGIONALISTES. » GUILLAUME STEINMETZ, COFONDATEUR DE THE BROKEN ARM

Donc on peut le considérer comme un créateur à part entière ? La question semble idiote, mais beaucoup dans le milieu se la posent, ne parvenant pas à déceler le « génie mode » que cacherait cette mise en scène permanente de soi sur Instagram et cette omniprésence. Car il est partout, à la télévision, chez Ardisson ou Denisot, dans la presse, sur France Inter, dans les conférences (de Vogue à l’Institut français de la mode), au dîner de la mode organisé par les Macron à l’Élysée… C’est simple, on a l’impression que, quand on dit « mode française », on dit Jacquemus.

« Il est beaucoup plus subtil par rapport à ce qu’il propose que ne le laisserait penser sa surmédiatisation, poursuit Guillaume Steinmetz. Il évolue en permanence, il ne tombe pas dans la caricature, il reste protéiforme. Il joue avec des codes populaires, voire régionalistes, qu’il ne restitue pas au premier degré, mais il ne tombe pas pour autant dans l’intellectualisation. Et, surtout, Jacquemus n’est pas une marque, et ça, tout le monde le sent : il y a, derrière le label, une personne et l’honnêteté d’une démarche. Combien de restaurants prétendent faire de la cuisine de marché ? Et combien de fois le ressentez-vous vraiment en mangeant ? »

Et puis chez The Broken Arm, on se moque pas mal du storytelling servi tout chaud aux journalistes ou de l’idée de soutenir la jeune création : il faut vendre des vêtements, et cocher un certain nombre de cases avant de pouvoir se retrouver sur un portant à un mètre de Céline, Balenciaga ou Prada. Pour autant, le multimarque n’a pas acheté L’Homme Jacquemus, qui ne semble pas avoir dépassé le statut de vestiaire bien fait pour le quotidien.

Ce n’est pas dans une boutique qu’on a croisé Stéphanie P. On la suit sur Instagram. On l’a vue, au fil des mois, reposter des éditos mode de Jacquemus et puis, un jour, sur une photo de la valise de cette fan de mode, à côté d’un sac Vuitton, on a aperçu le chapeau… « Bien sûr, j’ai acheté le grand chapeau, cette merveille, dès sa mise en vente en mars ! C’est une œuvre d’art à 365 € hors livraison. Le plus grand, à 595 €, est sorti dans un deuxième temps, mais le mien est déjà immense. Il occupait entièrement la plage arrière de ma voiture cet été. A la mer, c’est ultramagique : un vrai parasol perso. Sauf par grand vent, évidemment… Mais il n’y en a pas eu à l’île de Ré. La météo était très “Jacquemus-compatible” cette année. »

Ce chapeau, issu de la collection La Bomba, a été photographié des centaines de fois. Comme ceux, d’ailleurs, que Jacquemus avait créés pour la collection des Santons et qui se vendent encore aujourd’hui. Qui aurait pu prédire qu’un créateur de mode femme ferait le buzz en 2018 avec des chapeaux, des chaussures aux poignées de porte rondes en guise de talons, des robes qui semblent ne tenir que par la volonté du Saint-Esprit, des sacs si petits qu’on y met à peine un portable ou des imprimés Souleiado ?

Simon Porte Jacquemus arrive avec des références très personnelles, qui le ramènent toujours à son enfance, et avec un univers populaire, voire traditionaliste, peuplé de Gitans, de santons de Provence, de gadjos de Marseille, dans un souk de Marrakech, à La Grande-Motte ou dans une ambiance Riviera, à séduire les jeunes que le luxe drague en permanence avec des baskets et des « Yo ! ».

Une Méditerranée qui séduit l’Amérique

Son succès tient à ça aussi. Il fait de la nostalgie dont se repaît l’Occident un bonbon acidulé à sucer ici et maintenant, sans penser une seule seconde qu’il avait meilleur goût autrefois. Il colorise les clichés sépia. On ne porte pas du Jacquemus pour ressembler à Bardot, Birkin ou Adjani. Le créateur n’habille d’ailleurs pas littéralement les filles comme dans les années 1960 ou 1980, mais sait restituer la sensualité et la légèreté que certaines femmes ont pu incarner dans ces années-là. Le plaisir de s’habiller, de montrer une cuisse, de ne pas porter de soutien-gorge, d’être hâlée dans sa robe blanche. Il vend autant de la mode qu’un art de vivre et un état d’esprit.

« Bien entendu, tout est très travaillé, mais c’est surtout beaucoup de spontanéité et d’intuition, explique Bastien Daguzan. Le directeur général de Paco Rabanne, ex-DG de Lemaire, est un « ami » de la maison Jacquemus, comme on dit dans le luxe, qui suit Simon depuis ses débuts. « La marque est, par nature, inclusive et généreuse – avec une présence numérique de l’instant – toujours teintée d’un esprit méditerranéen. C’est un style de vie Jacquemus, authentique, qui est donné à voir. Et surtout à partager. »

Et pour partager, on partage. Du coup, au dernier concert de Beyoncé à Paris, dans la foule, à deux mètres d’Olivier Rousteing, venu lui aussi, c’est Simon qu’on prenait en photo… Et pour la dédicace de son livre, Marseille je t’aime (éd. Imbernon, 2017), la foule d’anonymes a surpris jusqu’au staff de presse qui ne s’attendait pas à pareille affluence : il a reçu une cinquantaine de CV, dont un accroché à une bouée, des cadeaux, des tee-shirts, des lettres d’amour, des poèmes… Des jeunes avaient fait le déplacement d’Espagne ou de Grèce juste pour une dédicace.

« IL INCARNE UNE FRANCE MODERNE, UN JEUNE ENTREPRENEUR QUI FAIT DES ERREURS MAIS QUI POURSUIT SA ROUTE, CHERCHE À FÉDÉRER. » MARK HOLGATE, DE « VOGUE » US

L’opération séduction fonctionne aussi de l’autre côté de l’Atlantique. Le journaliste du Vogue américain Mark Holgate est également tombé sous le charme. Le chef des infos mode d’Anna Wintour rappelle que, dès ses débuts, Jacquemus dégageait « une sorte de joie absolue, de sophistication graphique, de grâce. Ses filles marchaient et souriaient, simplement heureuses de vivre ce moment-là, ce qui, je vous l’avoue, était très différent de ce que l’on pouvait ressentir lors des autres défilés… Et puis il est ce jeune Français cool et malin, ce gamin du Sud plein d’assurance qui a trouvé le moyen de faire de son Instagram une incroyable campagne de publicité permanente. Aux Etats-Unis, il incarne une idée moderne de la France : on voit en lui un jeune entrepreneur qui fait des erreurs mais qui poursuit sa route, cherche à fédérer, célèbre sur le podium toute la diversité de son pays à travers des mannequins de type européen, africain ou nord-africain. »

Et puis ce petit Macaulay de la mode a mûri. Jean-Jacques Picart, ex-attaché de presse et consultant, dit que Simon Porte a jusque-là pas mal pâti du syndrome Delon. « Oui, la mariée est un peu trop belle… On a longtemps cru qu’Alain Delon ne pouvait pas, en plus de cette beauté du diable, être un bon comédien… » C’est compter sans la volonté de fer de cet ancien vendeur de chez Comme des Garçons et ancien assistant du styliste et consultant Benoît Bethume chez Citizen K ou Paule Ka. « Pour bien travailler avec Simon, il faut d’abord comprendre ce qu’il veut et ne pas arriver avec des idées. Lui en a sur tout. Il est très sûr de lui et pense à quelque chose dans son entièreté. Il perçoit des images, des sons, des odeurs. Il voit le résultat final », explique son grand ami le photographe Pierre-Ange Carlotti.

Des certitudes parfois maladroites

Et pour penser à tout, il pense à tout. Parfaitement en phase avec son temps, prêt à dégainer ce qu’il faut pour une grande rétrospective, il constitue depuis le début les archives de sa maison, alors qu’à la Fondation Pierre Bergé – Yves Saint Laurent on travaille encore à organiser celles de la marque Rive Gauche… « Chaque saison, je me fais une commande personnelle et je garde les prototypes destinés à la presse, explique Jacquemus. Comme ça, j’ai un original et un exemplaire de ce qui est produit et commercialisé, plus les centaines de parutions. Car j’achète les journaux pour ma grand-mère, ça lui fait du bien de me voir comme ça. »

Il reconnaît aussi quelques maladresses. Quand il revoit les images filmées par Loïc Prigent de lui, jeune styliste aux cheveux longs, lançant à Emmanuelle Alt, de Vogue, qu’elle entendrait parler de lui, il reconnaît que « c’est gênant, ces vidéos, on dirait que j’ai pris de la drogue ». On lui reparle aussi de ce défilé où il était apparu au côté d’un cheval blanc et d’un enfant tirant une cravate géante ; l’événement avait mis la moitié de l’assistance mal à l’aise tant la mode est peu coutumière de ce grand déballage sentimental… comme un gosse qui pensant faire de l’art donnerait à voir quelque chose de trop intime.

Tim Blanks, journaliste britannique, avait comparé cette impudeur à une psychanalyse en direct. « Pour moi, la mode est un art comme un autre, donc une manière de s’exprimer, dit Simon Porte Jacquemus. J’ai beaucoup pleuré. J’en ai pris plein la gueule, le lendemain a été très chaotique… Je suis allé trop loin. Je ne le ferai plus comme ça, car je me suis mis en danger moi-même. Mais qu’est-ce que je pouvais faire après ? » Abandonner ? « Moi ? Non, ce n’est pas du tout mon caractère. »

En reprenant le métro après une énième interview à essayer de comprendre le phénomène Jacquemus, on est tombée sur l’un des petits poèmes du concours qu’organise la RATP. C’était celui d’Anne Brunterc’h, 40 ans, Paris. « Enfants, nous doutions parfois du vent, jamais de nos ailes. » C’est là qu’on a décidé que, si tout lui réussit, c’est parce que Simon Porte Jacquemus n’a même jamais douté du vent.

Dans le cadre du Monde Festival, Simon Porte Jacquemus participera à un débat sur les coulisses de la mode, samedi 6 octobre, de 17 h 30 à 19 heures, au Théâtre des Bouffes du Nord. Pour consultez le programme et réservez vos places, rendez-vous sur https://www.lemonde.fr/festival/programmation.html

5 octobre 2018

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5 octobre 2018

FIAC de Paris - save the date - du 18 au 21 octobre 2018

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La FIAC revient à Paris, du 18 au 21 octobre 2018 ! Pendant quatre jours, Paris va vivre à l'heure de l'art contemporain, avec la 45e édition de la FIAC au Grand Palais et des installations d’œuvres au Jardin des Tuileries, Place Vendôme et cette année au Petit Palais. On vous donne tous les bons plans !

La FIAC reprend ses quartiers au Grand Palais,  du 18 au 21 octobre 2018, et l'art contemporain investit Paris, du Jardin des Tuileries au Petit Palais sans oublier la place Vendôme !

Chaque année, la Foire internationale d'Art contemporain, FIAC, rassemble le monde entier autour de 193 galeries d'art venues de 25 pays, afin de présenter les artistes les plus côtés et les artistes émergents de leurs galeries.

Evénement incontournable de la scène artistique internationale, la FIAC permet de contempler un panorama de l'art moderne, de l'art contemporain et de la création émergente dans un écrin rare de la capitale française, le Grand Palais.

Au programme des bons plans de la FIAC 2018 à Paris :

La FIAC Projects au Petit Palais

Pour la 3e année consécutive, la FIAC s'étend et prend possession du Petit Palais, où des oeuvres sont installées Projects dans le bâtiment historique, mitoyen du Grand Palais, visibles gratuitement du 18 au 21 octobre 2018 !

La FIAC au Jardin des Tuileries

Pendant la FIAC 2018 de Paris, direction le Jardin des Tuileries pour un parcours d'Art Contemporain détonnant, une promenade gratuite autour de 20 artistes reconnus. Cette année, Juliaan Andeweg, Laetitia Badaut Hausmann, Isabelle Cornaro, Daniel Firman, Robert Indiana, François-Xavier Lalanne, Richard Long, Olivier Mosset, Kohei Nawa, Vladimir Skoda, Henk Visch...

Le village de la FIAC Place de la Concorde

Pour la première fois, un ensemble unique d’architectures historiques et contemporaines, un village éphémère en plein cœur de Paris. Ce rendez-vous fort d’architectures modulaires, d’habitacles nomades et d’espaces de vie utopistes, présente des architectures historiques de Jean Prouvé, et des œuvres de Kengo Kuma et Daan Roosegaarde, parmi d’autres.

FIAC 2018 sur la Place Vendôme

La FIAC donne cette année carte blanche à Elmgreen & Dragset, représenté par la Galerie Perrotin. Ils vont installer 100 étoiles de mer, échouées sur la Place Vendôme. Cette œuvre prend le contre-pied des sculptures monumentales traditionnelles, adoptant l’horizontalité des sculptures minimales de land art et éparpillant sur la place la nuée d’intrus qui la compose.

Parades for FIAC 2018 dans les musées

Si pour vous, l'art se doit d'être vivant, vous allez adorer les Parades for FIAC, du 17 au 21 octobre 2018. Pendant 5 jours, des artistes, danseurs et performeurs vont nous faire vivre l'art contemporain le temps de performances à couper le souffle. C'est beau, c'est gratuit, et c'est à Paris, alors filez en profiter !

FIAC 2018: un cinéma éphémère

Pour la FIAC 2018, la Fondation d'Entreprise Ricard installe une petite salle de cinéma sur la Place Clémenceau (juste devant le Grand Palais). Du 17 au 21 octobre 2018, il sera possible d'y regarder des films d'auteurs, le tout gratuitement !

Cette année, tout Paris est en émoi à l'occasion de la FIAC, et les acteurs de la capitale nous promettent un beau programme à découvrir sans hésitation !

4 octobre 2018

Vu dans le métro - Jean Paul Gaultier

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4 octobre 2018

Vu dans la rue - affichage sauvage

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4 octobre 2018

Karl Lagerfeld

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4 octobre 2018

Dame de Fer...

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