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Jours tranquilles à Paris
14 août 2016

Voyage à Londres

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14 août 2016

Tout un programme !

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13 août 2016

Vu sur internet - j'adore...

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12 août 2016

Photo : Terry Richardson

12 août 2016

Sergey Korolkov (photographe)

Summer Time ☀️💦🔥😂 sunny @nastena_a.s in @plumeriaswimwear_russia

Une photo publiée par Sergey Korolkov 📷 (@photosergeykorolkov) le 11 Août 2016 à 23h08 PDT

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12 août 2016

Londres

12 août 2016

Après les attentats, les touristes étrangers délaissent la France

L’été est morose pour le secteur du tourisme. Après les attentats qui ont frappé la France ces derniers mois, les voyageurs étrangers ne se pressent pas sur le territoire.

Au cours des six premiers mois de l’année, le nombre de nuitées de touristes étrangers en France a baissé en moyenne de 10 %, en raison des craintes suscitées par les attentats, a révélé dimanche 7 août le secrétaire d’Etat chargé de la promotion du tourisme, Matthias Fekl, dans une interview au Journal du dimanche.

A Paris, la fréquentation hôtelière a chuté de 9,8 points à 78,1 % en juillet par rapport à l’année dernière, d’après les chiffres de l’Observatoire économique du tourisme parisien.

Les plus fortes baisses concernent la clientèle internationale, dite « long-courrier » (arrivant de provenances lointaines), plus sensible aux questions de sécurité que les touristes français. Les réservations aériennes des touristes américains, première clientèle touristique étrangère, ont ainsi connu une baisse de 19,2 % entre le 25 et le 31 juillet, alors qu’elles étaient en progression de 14 % entre le 27 juin et le 3 juillet.

Les fêtes de Bayonne et les châteaux de la Loire boudés

Les réservations aériennes des Britanniques ont, pour leur part, chuté de 23 % la dernière semaine de juillet sous l’effet conjugué des attentats, du Brexit et de la chute de la livre, d’après Thomas Deschamps, de l’Observatoire économique et statistique du tourisme parisien.

Certains rendez-vous majeurs, comme la grande braderie de Lille, qui accueille plusieurs millions de visiteurs chaque année début septembre, ont été annulés pour des raisons de sécurité. Quant aux événements maintenus, ils ont connu un bilan en demi-teinte, à l’instar des fêtes de Bayonne, qui ont affiché une baisse de fréquentation de 20 %.

Paris est particulièrement touchée par la baisse de fréquentation des touristes étrangers. BERTRAND GUAY / AFP

Du côté des châteaux de la Loire, Chambord, l’un des châteaux les plus visités en France, connaît une baisse générale de fréquentation de 6 %, dont une chute de 20 % pour la clientèle japonaise, selon son directeur général Jean d’Haussonville, cité dans Le Parisien la semaine dernière.

M. Deschamps voit toutefois deux touches positives dans ce paysage sombre : le nombre de touristes français à visiter Paris est stable, tandis que le tourisme d’affaires est en augmentation. Cette dernière catégorie pourrait toutefois bouder le territoire français à son tour. Le cabinet Protourisme, qui constate déjà des annulations de congrès et de comités d’entreprise en raison des attentats et des grèves aériennes, estime qu’à partir de septembre les réservations liées au tourisme d’affaires seront en baisse de 5 % à 10 % par rapport à l’an dernier.

12 août 2016

Souvenirs vintage

souvenir

12 août 2016

Bike Polo...

bike polo

12 août 2016

Face au pénible défi de traduire « Mein Kampf » : « Parfois je n’en pouvais plus »

Le coup de téléphone était étonnant. « On prépare une nouvelle traduction de “Mein Kampf”. Ça vous intéresse ? » Olivier Mannoni, traducteur d’allemand, est comme tout le monde : il ne l’a pas lu. Certains historiens soutiennent que c’est même une des caractéristiques du bouquin, un best-seller planétaire, mais pas ou peu ouvert, y compris quand 12 millions d’exemplaires circulaient en Allemagne. Pourtant, Mannoni a le livre dans sa bibliothèque, trouvé en version originale au hasard d’une brocante et classé juste après Hitchcock, par ordre alphabétique. Il le consultait ici ou là, raisons professionnelles.

Directeur de l’école de traduction littéraire, Mannoni a 55 ans, une réputation solide, un des rares en France à travailler sur le IIIe Reich. Mein Kampf n’y est pas interdit, l’unique traduction intégrale remonte à 1934, publiée par une petite maison d’édition du quartier latin, proche de l’extrême droite, qui en vend toujours quelques centaines par an. « C’est du beau style, du langage fleuri, ce qu’on appelle une merveilleuse traduction », dit Jacqueline Carnaud, spécialiste de la même période, mais en anglais. Cette fois, la proposition vient des éditions Fayard, encadrée par une équipe d’historiens. Olivier Mannoni accepte. « Assez vite, finalement », raconte-t-il aujourd’hui.

Cinq heures du matin, dans une ancienne auberge du côté d’Orléans. La maison dort. Les chats circulent en silence. Dans son bureau, Mannoni relit ses 60 pages déjà traduites. Début d’ébauche. Il va ensuite les retravailler, modus operandi immuable, le sien depuis trente ans et plus de 200 livres. Pour la première fois, il jette tout à la poubelle. « Mauvais. » Il sent monter en lui une « trouille phénoménale ». Il ne se l’explique pas. Il dit : « J’arrête. »

Mannoni se souvient du livre remarquable et monstrueux d’Ernst Klee, La Médecine nazie et ses victimes. Klee avait arrêté ses recherches après cet ouvrage-là, « il suffoquait, trop d’intimité avec le mal », estime un de ses collègues. Le traduire même avait été physiquement violent. Un jour, Mannoni s’était mis à pleurer, seul à son bureau. Il était question d’expérimentations sur les enfants. Il s’était soudain demandé : « Qu’est-ce que je suis en train de faire ? Où ça va aller ? » Puis il s’était repris, rattrapé par l’intérêt historique, que personne ne puisse dire : ça n’a pas existé.

« Mein Kampf, c’est le mal absolu »

Mais Mein Kampf n’est pas un livre. C’est autre chose, un objet chargé de maléfices, le grimoire nazi. Les jeunesses hitlériennes juraient allégeance, main sur sa couverture ; tout fonctionnaire devait en posséder un, le régime l’offrait aux nouveaux mariés et aux ouvriers méritants. Mein Kampf interdit à la chute du Reich, les familles ont souvent enterré leur exemplaire en secret, au fond des jardins, l’anecdote revient sans cesse.

Dans son documentaire « Mein Kampf, c’était écrit », Antoine Vitkine raconte que les alliés avaient fondu les plaques servant à l’imprimer, considérant le nazisme comme une sorte de poison. « Alors, on se dit que peut-être, dans “Mein Kampf”, ce poison existe vraiment, on ne veut plus le moindre contact physique avec le livre, on se dit qu’il rend malade, que celui qui le lirait pourrait redevenir nazi, explique l’historien allemand Peter Reichel. Comme s’il était une arme secrète d’Hitler qui continuerait à vivre. »

Mais Mein Kampf va ressortir de terre, littéralement. Soixante-dix ans après la mort de son auteur, tout livre tombe dans le domaine public selon la législation européenne, autrement dit en 2016 pour les écrits d’Hitler. A l’approche de cette échéance, des chercheurs de l’Institut d’histoire contemporaine de Munich (IFZ) s’étaient attelés, en Allemagne, à une réédition du livre interdit, mais encadrée par un appareil scientifique d’exception. « Indispensable pour briser le mythe », soutient son directeur, Andreas Wirsching.

Une publication historique n’est-elle pas préférable aux diffusions sauvages que permet Internet ? Les autorités allemandes tergiversent. « Une institution n’a pas vocation à propager des récits haineux. “Mein Kampf”, c’est le mal absolu », martèle Jeremy Adler, du King’s College, à la radio publique allemande. Et si s’en échappait la « semence d’une renaissance rayonnante du mouvement national-socialiste », comme Hitler le rêvait dans son testament, en avril 1945 ?

C’est aussi dans la perspective de 2016 que Fayard avait lancé sa commande d’une nouvelle version française, elle aussi pédagogique et critique. Chez l’éditeur, on se souvient que le projet ne devait pas être ébruité. « C’était peut-être absurde, mais les choses restent à vif. Nous n’étions pas très rassurés nous-mêmes. » Les éditions pirates se trouvent principalement en France sur les sites d’extrême droite et djihadistes.

« C’EST UN TEXTE AVEC LEQUEL IL FAUT SE BATTRE, SANS CESSE. PARFOIS, JE N’EN POUVAIS PLUS, UNE FATIGUE INTELLECTUELLE ÉNORME. JE DEVAIS M’ARRÊTER »

A son bureau, Mannoni reprend sa traduction. Impression de marcher dans de la neige mouillée. Ou un marécage. Plus il avance, plus il s’enfonce, des phrases interminables dont il se rend compte à la fin qu’elles ne tiennent pas debout. « On se dit qu’on a oublié un mot. Mais non. Le langage est désagrégé. » Dicté – pour l’essentiel – à la prison de Landsberg (Bavière), où Hitler était détenu après un putsch raté en 1923, il est écrit à la première personne, comme on ressasse à l’infini dans le huis clos d’une cellule. Soliloque plus que manifeste, le manuscrit est obscurci de ratures, parfois sans ponctuation, porté par des haines obsessionnelles, qui se nourrissent l’une l’autre et tournent sur elles-mêmes comme des vis sans fin. Haine des juifs, haine des communistes, haine des syndicats, haine de Schwabing, le quartier munichois des « bobos » de l’époque.

Une partie raconte la biographie d’Hitler, l’autre la création du parti national-socialiste. Tout y est faux. Faux le héros de la première guerre mondiale, faux le gamin pauvre dormant dans la rue. Hitler fut un soldat loin des tranchées, un fils de fonctionnaire déclassé et clochardisé après avoir dilapidé un petit héritage maternel. Les phrases hurlent ses frustrations, ses humiliations, sa soif de revanche, notamment contre la France, le vainqueur de 14-18, désormais « l’ennemi mortel et impitoyable ». « C’est un texte avec lequel il faut se battre, sans cesse. Parfois, je n’en pouvais plus, une fatigue intellectuelle énorme. Je devais m’arrêter », se souvient Mannoni.

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« Paranoïa linguistique »

Beaucoup de traducteurs sentent une présence pendant qu’ils travaillent. L’auteur est là. Ils entendent sa voix. « Il y a un côté fusionnel, on entre dans le processus de création, c’est tout le plaisir », dit Mannoni. Lui a eu la visite de Freud et son verbe splendide ; de Kafka et son énergie brute. Même l’ombre de Joseph Goebbels, le ministre nazi de la propagande, s’était invitée, « monstre suffisant et balourd, terrifiant d’efficacité », quand il traduisait un tome de son journal. Pour Mein Kampf, Mannoni sursaute : celui qui surgit d’entre les pages, c’est le Charlie Chaplin du Dictateur. « J’ai dû me réprimer, je ne voulais pas laisser les choses devenir trop légères. »

Mannoni revisionne les discours du Führer, son rythme, ses vociférations dès qu’il sent l’auditoire décrocher. « Je peux l’imaginer, mais je le tiens à distance. Je n’ai jamais voulu le laisser entrer. » Un jour, il se rend compte que Françoise, sa femme – traductrice comme lui, mais de russe – a retourné tous les livres sur son bureau. Quand il avait accepté le travail, elle aussi avait trouvé « qu’il fallait le faire ». Elle avait ajouté : « Mais pourquoi toi ? »

CHAQUE MOT SEMBLE FONCTIONNER À DOUBLE, TRIPLE SENS, « COMME S’IL Y AVAIT UNE GRENADE À L’INTÉRIEUR », DIT MANNONI. « ON FINIT PAR DÉVELOPPER UNE PARANOÏA LINGUISTIQUE »

Quand Mannoni rend sa copie, la maison Fayard semble d’abord tétanisée. Il n’a aucune nouvelle pendant des mois, jusqu’au moment où il découvre le projet dans la presse, à l’automne 2015. Tout a fuité, jusqu’à son nom, son salaire. Un débat démarre, certaines librairies refusent qu’il se tienne dans leurs murs. « Un client m’a commandé un exemplaire l’an dernier : j’ai eu du mal à le prendre dans mes mains, comme s’il me brûlait, dit un libraire parisien. C’est irrationnel, je sais, mais je ne veux y être associé en rien. » Fayard décide de renforcer l’équipe d’historiens autour de la publication.

De son côté, Mannoni relit sa version. Et une fois encore, il se dit : « Mauvais. » Aucune consigne ne lui avait été donnée, mais il en existe une dans le milieu de l’édition, à la limite du non-dit : une traduction doit être « lisible », c’est-à-dire écrite dans le goût supposé du public. En France, on veut des « belles lettres », comme celles de la « version merveilleuse » de Mein Kampf, en 1934. « Si tu rendais le texte tel quel, l’éditeur te faisait manger ta traduction. On disait : “Garde quelques cochonneries, mais enlève le pire”. Il aurait été inconcevable de ne pas le faire, explique Mannoni. Le rapport au texte a changé aujourd’hui, mais il reste des réflexes. » Lui a l’impression de ne pas avoir été au bout dans la reconstitution brute. « C’était encore trop élégant », confirme Christian Ingrao, spécialiste du nazisme à l’Institut d’histoire du temps présent et membre de l’équipe française d’historiens consultés. Mannoni se remet au travail.

Chaque mot semble fonctionner à double, à triple sens, « comme s’il y avait une grenade à l’intérieur », dit-il. « On finit par développer une paranoïa linguistique. » Que faut-il entendre quand Nadine Morano assène, en septembre 2015 : « La France est un pays de race blanche », alors que Mannoni vient de traduire une énième phrase assénant que l’Allemagne est un pays de race aryenne ? Et Marine Le Pen qui appelle, en novembre de la même année, à « dénoncer et éradiquer toute émigration bactérienne » dans les hôpitaux ?

Le fil est là, visible, mais par où passe-t-il ? L’autre jour, Mannoni s’est vu tenir la porte à une femme voilée, avec un peu trop d’empressement. Il sait que ça vient de « là ». Lui est contre les signes religieux, dont le voile, mais ne supporte pas non plus les regards destructeurs contre celles qui le portent. « Quand on dit : “il faut supprimer le voile”, je ne peux plus m’empêcher de penser : Ne veut-on pas dire aussi : “supprimer celle qui est en dessous” ? » Pour lui, c’est tout l’intérêt de republier un Mein Kampf commenté, « voir à quel point une pensée perverse moderne puise dans ce texte ». « Ce serait préférable de mieux le connaître pour ne plus oser dire ce genre de choses. »

Re-Hitleriser « Mein Kampf »

En Allemagne, la nouvelle édition est sortie, 2 000 pages, 3 700 notes, 59 euros. Il en avait été imprimé 4 000 exemplaires : le tirage s’approche maintenant des 40 000, numéro 2 des ventes pour les essais au printemps 2016. Qu’est-ce qui, dans Mein Kampf, laissait présager les camps de concentration ? « Rien », tranche l’historien Christian Ingrao. « Le texte montre comment Hitler et le parti national-socialiste catalysent toutes les énergies qui poussent pour un régime autoritaire, au moment d’une immense crise politique – allemande mais aussi européenne. » Ingrao se refuse à tout parallèle avec aujourd’hui.

Olivier Mannoni en est au 2e chapitre sur quinze. A son bureau, certains petits matins, il a l’impression de voir une croix gammée, immense, qui tourne comme une roue, ramassant les matières des tréfonds, les brassant, les broyant, en ramenant certaines en pleine lumière. Rester au plus près du chaos. Ne plus traduire, transcrire. Re-Hitleriser Mein Kampf.

Le projet ne devrait pas aboutir avant 2018.

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Version allemande commentée de « Mein Kampf », dans une librairie munichoise, début janvier 2016.

Source : Le Monde

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