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Jours tranquilles à Paris
25 septembre 2020

"UNPLUGGED" UNE NOUVELLE HISTOIRE VISUELLE DE "LAURENT RINGEVAL" {NSFW / EXCLUSIVE EDITORIAL}

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Le photographe Laurent Ringeval  et le mannequin Cledia Cledouxe se sont  associés pour l' éditorial exclusif d'aujourd'hui sur NAKID intitulé « Unplugged ».

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24 septembre 2020

Farniente

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24 septembre 2020

«ANOTHER SUNSET» UNE NOUVELLE HISTOIRE VISUELLE DE «MICHAL KOLACZKOWSKI» {NSFW / ÉDITORIAL EXCLUSIF}

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Le photographe Michal Kolaczkowski  et le mannequin Zuzia se sont associés pour l' éditorial exclusif du NAKID d' aujourd'hui intitulé « Another Sunset ».

«Juste un autre coucher de soleil. Les derniers rayons du soleil, entrant dans la pièce à travers les arbres, dansaient sur son beau corps nu. Il lui manquait tellement… »- Michal KOLACZKOWSKI

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23 septembre 2020

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23 septembre 2020

Entretien avec Pete Souza

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Photographe de la Maison Blanche pendant les mandats des présidents Reagan (1983-1989) et Obama (2008-2016), le photojournaliste Pete Souza sort ces jours-ci son documentaire The Way I See It. Passant jours et nuits aux côtés de ces deux présidents, les photographies remarquées de Pete Souza ont profondément changé la perception des deux locataires de la Maison Blanche, racontant aussi bien la tension durant les décisions nationales et internationales, l’orchestration du pouvoir à Washington, comme les simples habitudes de chaque décisionnaire.

The Way I See It livre une simple chronique de deux administrations différentes, tout en dévoilant un regard précis sur la fonction présidentielle américaine, la vie quotidienne des élus, leur intimité et ligne de conduite. Il fournit une affirmation vibrante contre les abus de pouvoir, mettant en lumière l’appréhension comme la pratique profondément conflictuelles du pouvoir du président actuel, Donald J. Trump

Dans votre documentaire The Way I See It, vous résumez votre fonction, photographe officiel du Président Barack Obama pendant ses deux présidences, de la sorte : « Mon objectif fut de façonner la meilleure archive photographique jamais créée ». Avez-vous réussi ?

Pete Souza : Je pense avoir réussi du mieux possible. Je laisserai les autres juger si j’ai atteint ce but ou non. Mais je pense sincèrement avoir fait de mon mieux.

La présidence Reagan marqua vos premiers pas au sein de la Maison-Blanche. Aviez-vous alors des inspirations, un photographe guidant vos premiers gestes ?

Une inspiration franche, sans doute possible, fut Yoshi R. Okamoto, tant par son accessibilité que par sa couverture du président Lyndon B. Johnson. Il fut le photographe présidentiel officiel [Chief Presidential Photographer] pendant sa présidence. À cette époque, j’essayais simplement de m’approcher le plus près de son travail.

Okamoto eût accès à tout ce que fit Johnson, je fis de même avec le président Obama. Ses photographies étaient fantastiques, dans une veine véritablement documentaire, authentique, sans mise en scène. Sous toutes les coutures, il prenait ses clichés d’un point de vue artistique. C’était alors une époque différente. Dans les années 1960, Okamoto photographiait avec une pellicule noir et blanc, tandis que j’utilise le numérique, la couleur. Le médium est différent.

Vous affirmez également vous considérer « comme un historien… avec un appareil photographique ». Les historiens se sont-ils saisis de vos images ?

La professeure en communication à l’Université de l’Illinois Cara Finnegan publie ces jours-ci un livre sur le lien entre photographie et Maison-Blanche, pas uniquement sur mon travail, mais également sur d’autres présidents et photographes. Elle considère mes travaux comme des documents historiques. Quant à Michael Shaw, qui dirige l’organisation à but non lucratif Reading the Pictures, il analyse fréquemment de nombreuses  photos. Sans surprise, mes clichés de Reagan ont un caractère plus historique que ceux d’Obama, le temps n’est pas encore passé depuis la fin de cette administration. Et revenir sur les photographies de Reagan me permet d’observer de nouveaux aspects, simplement parce que trente ans ont passé. Je regarde ces images d’un nouvel œil.

Il faut comprendre qu’à chaque fin d’un mandat présidentiel, toutes les photographies réalisées, chacune d’entre elles, sont confiées à nos archives nationales. Les photographies ainsi que tout autre document, courriels présidentiels, notes… Tous sont rendus publics. Ainsi, toutes les photos réalisées sous Reagan sont en ligne à la Bibliothèque Nationale. Et il en sera de même pour les photographies sous Obama. Soit deux millions, j’ignore qui pourrait bien passer en revue autant d’images…

Pour revenir à cette expression « un historien… avec un appareil photographique ». Dans la Maison-Blanche, je suis le seul à ne pas prendre part aux réunions. Je suis un simple observateur, avec une caméra. Mon rôle est de photographier, pour les archives. Pour l’histoire. Ce rôle est primordial afin de saisir l’atmosphère et les émotions d’une réunion, avec quels acteurs, dans quel contexte. Dans cinquante ans, les gens pourront alors se faire une idée de ce que fut la présidence Obama, quel être humain il fut, en regardant simplement mes images.

Suivre un président au quotidien, c’est s’intéresser au corps, au visage, à ses émotions physiques, une somme de portraits. Il existe d’autres manières de montrer le lien politique, l’influence du politique par le corps. Je pense au train funéraire de Robert Kennedy immortalisé par Paul Fusco, où l’environnement généra, la présence symbolique d’un corps révèle une facette du politique ? Plutôt que le simple portrait, cherchiez-vous à illustrer différemment le politique ?

De bien des façons, j’ai fait attention à la façon dont les gens interagissaient avec Obama, directement ou non. Je détournais souvent mon objectif du président Obama. C’était un réflexe sous-jacent. Et je crois que ces photographies auront un écho dans les années à venir. Nous aurons alors un bon marqueur, une bonne idée de la façon dont les gens étaient, rien que par leur visage.

Une image parmi bien d’autres symbolise ce que fut la Présidence Obama, comment il structura son autorité à Washington. Dans le bureau ovale, on devine le président et trois conseillères, et plutôt que de voir leurs visages, nous découvrons leurs pieds. 

J’ai reculé pour trouver un plan plus large. En me concentrant sur leurs pieds, on peut tout aussi bien deviner à qui Obama s’adresse. Ce sont trois femmes. Et cette photographie souligne ce symbole : parmi les plus hauts fonctionnaires, parmi les décisionnaires, on comptait un très grand nombre de femmes, de personnes de couleur. Désormais, vous regardez une photo d’un conseil présidentiel sous Trump et vous ne verrez que des hommes blancs.

Vous avez suivi pour la toute première fois Barack Obama quand il fut élu sénateur, en 2005. Vous avez immédiatement trouvé en lui « bon sujet ». Fut-il par moment un mauvais sujet ?

(rires) Qu’il soit « un bon sujet » signifie surtout qu’il était à l’aise avec le fait d’être photographié, que la présence de mon appareil photo n’altérait pas son comportement. En tant que photojournaliste, vous souhaitez plus que tout faire des photos authentiques. Mais si votre sujet s’avère trop conscient de la présence de l’objectif, il devient parfois difficile d’avoir une photographie naturelle, authentique. Le sujet devient alors soucieux de ses gestes. Et dès 2005, lorsqu’il était sénateur, Obama se fichait de ma présence.

Le documentaire revient sur la nuit du 2 mai 2011, l’exécution d’Oussama alors chef d’Al-Quaida. Le président Obama et les hauts gradés de l’armée américaine suivirent depuis une salle stratégique l’ensemble des opérations. Cette photographie où l’on voit Obama en retrait, la tension habitant le dénouement de l’opération, est restée fameuse. Quelqu’unes de vos photos apparaissent, par endroit, brouillées. Probablement pour raison d’État. Furent-elles vérifiées quotidiennement ?

Elles le furent chaque fois qu’un élément sensible apparaissait, s’agissant de documents administratifs, classifiés, top-secret. Dès lors, cela pouvait poser problème. Parfois, il y avait une réunion dans la « Situation Room », et, selon le contexte, vous pouviez identifier et lire dans mon image les mots d’un document. C’était la seule contrainte. Il s’agissait alors de ne pas rendre la photographie publique, ou bien de brouiller les éléments sensibles, tout en avertissant le lecteur. Nous avons souvent choisi cette seconde option, tout en étant transparents dans la légende.

Votre documentaire souligne combien un président rencontre, bien plus que le commun des citoyens, la mort. Cette mort, ou plus largement l’épreuve tragique, est non seulement liée à des crimes ­— comme, par exemple, le massacre de l’école primaire Sandy Hook à Newtown dans le Connecticut —, mais aussi à des accidents, à des désastres naturels, à des pertes militaires, à des morts quotidiennes. Le documentaire aide à saisir la réaction d’un président face à ces événements d’une simplicité désarmante, tout autant que troublante. Elle souligne que la politique est parfois submergée par la tragédie, au sens premier du terme. Vous avez vécu ces événements à travers votre objectif et vous avez vu le président Obama faire face à ces difficultés.

La première fois qu’il fit face à ce genre d’événements, il s’agissait d’une fusillade de masse à Forthood, au Texas [le 5 novembre 2009]. Ce fut la toute première fois et je pense qu’il n’existe aucun manuel, clé en main, étape par étape, expliquant au président : « Voici comment réagir lorsque vous rencontrerez des personnes en situation de détresse ». Il s’agit d’empathie et de compassion, et soit vous en avez, soit vous n’en avez pas. Je me souviens de cette « première fois », car Obama ne savait pas ce qu’attendaient de lui ces familles venant de perdre un des leurs, tués par un fou armé… et il s’avéra que ce qu’ils souhaitaient, c’était une accolade et une chance de parler de leur fils, de leur fille, de leur mari.

Je dois l’avouer… Il a dû faire cela trop souvent. Sa présidence rencontra de multiples fusillades de masse, des catastrophes naturelles. Et l’un des moments les plus difficiles à surmonter fut effectivement celui de l’école primaire de Sandy Hook, où 26 personnes furent tuées par balle, dont 20 enfants en CP, âgés de six à sept ans. Peut-on imaginer ce que cela représente pour un parent d’apprendre la mort de son petit garçon de six ans ? Celui tout juste accompagné au bus scolaire quelques heures auparavant. Vous devez aller identifier le corps, et comprendre qu’il a été exécuté par balle à bout portant. Ces jours-là, il fut entièrement submergé par les émotions. Il avait alors de jeunes enfants. Il voyait ce drame comme un parent, se mettant à la place de ces parents. À Newtown, deux jours après la fusillade, ce fut l’une des choses les plus difficiles qu’il eût à faire pendant sa présidence. Et il fit cela en consolant ces gens, en étant compatissant, empathique…

Comparons cela avec la présidence Trump. Nous avons connu une autre fusillade de masse à Santa Fe, au Texas [le 18 mai 2018]. [Après s’être rendu sur place] Trump est allé dire à tout le monde que les gens l’avaient traité comme une rock star ! Je me dis… « ce n’est pas la question. Ce n’est pas l’objectif de cette visite aux familles. Ce n’est pas la raison de votre visite à ces familles. Vous êtes là pour consoler ces familles, sans chercher à vous faire prendre en photographie avec elles, afin de dire au public comment vous avez été si bien accueilli ». Pour ce type, tout événement est vécu à travers son prisme ! Et ce n’est pas le rôle du président. Son rôle, son travail est de nous représenter tous, et pas uniquement lui-même. Nous espérons d’un dirigeant qu’il soit compétent, honnête, compatissant et empathique. Mais il n’est pas un dirigeant. Il est faible, inefficace.

The Way I See It

Un film documentaire de Pete Souza 2020

Une production ACE Content et Jaywalker Pictures production en collaboration avec Plateform One Media

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23 septembre 2020

'GOLDY' UNE NOUVELLE HISTOIRE VISUELLE DE 'XAVIER GIRAUD' {NSFW / EXCLUSIVE EDITORIAL}

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Le photographe Xavier Giraud  et le mannequin Sara Dvgn se sont  associés pour l' éditorial exclusif du NAKID d' aujourd'hui intitulé « Goldy ».

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22 septembre 2020

Milo Moiré

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20 septembre 2020

L’histoire d’Emily Ratajkowski révèle un profond problème dans le milieu du mannequinat

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Par Mymy Haegel 

Emily Ratajkowski, alias Emrata, a publié un passionnant essai évoquant le sexisme dans le milieu du mannequinat — un problème qui dépasse, malheureusement, ses expériences personnelles.

La tête haute, le regard fier, et en arrière-plan son corps morcelé de mille façons : c’est ainsi qu’Emily Ratajkowski illustre son essai Buying Myself Back publié dans The Cut, dans lequel elle évoque plusieurs expériences articulées autour de son impossibilité à avoir le contrôle sur sa propre image.

Au-delà de ce paradoxe —une femme devenue riche et célèbre grâce à son apparence, confiée aux mains d’autres gens, principalement des hommes—, son récit révèle, en filigrane, un problème de sexisme tenace dans le milieu du mannequinat.

Emily Ratajkowski, nouvelle victime du sexisme dans le milieu du mannequinat

Dans ce texte, Emily Ratajkowski revient sur différents moments de sa vie. La fois où un artiste contemporain vendait des peintures de ses photos Instagram à elle pour des dizaines de milliers de dollars. La fois où un paparazzi lui a fait un procès parce qu’elle avait partagé une photo d’elle qu’il avait prise. Et surtout son expérience avec le photographe Jonathan Leder, qui l’a shootée nue alors qu’elle avait 21 ans, l’a pénétrée sans son consentement, et a exploité ses clichés une fois qu’« Emrata » est devenue superstar, les diffusant sans son accord dans des expos à succès.

Rien de nouveau, malheureusement, dans le milieu du mannequinat…

Quelques exemples : après des années à être LE photographe américain en vue, Terry Richardson a été accusé à plusieurs reprises d’agressions sexuelles et de chantage (« si je peux te baiser, je te promets un shooting pour Vogue »). Plus près de nous, et plus récemment, le photographe et street artist français Wilfrid A., connu pour ses tags « L’amour court les rues », a fait l’objet de plus d’une vingtaine de plaintes pour viols et agressions sexuelles — dont certaines déposées par des mineures. Il faisait venir ses victimes chez lui pour être prises en photo, jouant sur sa notoriété.

Comment rendre plus sain un milieu qui exploite depuis si longtemps les corps féminins, notamment ceux des jeunes femmes ? Comment mieux protéger les mannequins et leur permettre de (re)prendre le contrôle de leur image ? Des questions épineuses qui résonnent avec l’évolution de la société.

Le milieu du mannequinat est-il particulièrement sexiste ?

Le mouvement #MeToo, né dans l’industrie du cinéma aux États-Unis, a résonné depuis bien au-delà des frontières d’Hollywood, car le problème est loin de se limiter à une seule enclave professionnelle. C’est bien pour ça qu’on parle de violence systémique : elle s’inscrit dans un système très large et ne se résume pas à des cas particuliers.

L’historienne de l’art Françoise Monnin répond, pour madmoiZelle, à la question « Est-il correct de dire qu’historiquement, les hommes ont été en charge du marché de l’art et ont exploité pour leur profit les corps féminins ? ».

L’art et son marché sont l’image de la société dans laquelle ils s’épanouissent. […] Aussi longtemps que les femmes ne furent pas admises dans les écoles d’art, ne dirigèrent pas de galeries d’art, n’enseignèrent pas l’histoire de l’art et ne l’écrivirent pas, il en est allé ainsi, comme cela fut le cas dans l’ensemble des professions.

La situation a changé progressivement au XXe siècle, après deux guerres mondiales. Avant cela, à de très rares exceptions, les seuls rôles dévolus à la femme dans le monde de l’art furent ceux de modèle, de muse et plus rarement de mécène.

Au sujet des artistes qui abusent des femmes leur servant de modèles, Françoise Monnin rappelle, là encore, que ce n’est pas spécifique à un milieu.

Selon le contexte historique et géographique, la société réagit plus ou moins vigoureusement [aux abus sexuels, NDLR]. Elle a globalement, jusqu’à fort récemment, eu plutôt tendance à minimiser et même à étouffer de tels scandales.

Mais attention à ne pas tomber dans la caricature : les abus de pouvoir existent dans TOUS les milieux influents.

Marion Séclin, qui a commencé à poser il y a douze ans, rejoint les propos de l’experte : le mannequinat n’est pas plus inégalitaire que le reste de la société.

Ce n’est pas un milieu plus sexiste qu’un autre, il est à l’image du monde dans lequel on vit. C’est comme dans l’audiovisuel : les hommes ont les postes qui leur permettent de te mettre en lumière, et de façon insidieuse ils attendent que tu ne sois rien sans eux, un peu comme les réalisateurs qui ne veulent pas de comédiennes trop intelligentes…

Le photographe aime diriger, jouer un rôle un peu paternaliste. C’est propre aux métiers artistiques. Ces hommes, souvent, ont besoin que tu sois la matière première et eux le sculpteur.

Marion Séclin continue en analysant la façon dont le mannequinat s’inscrit dans un monde patriarcal — fait par et pour les hommes.

Ce sont principalement des hommes qui se font de l’argent sur le corps des femmes. Quand je bosse pour des marques (et non pour des photos artistiques), les shootings sont toujours dans une forme de male gaze, pensés par rapport au regard masculin. Même quand c’est une femme derrière l’appareil. Car c’est le male gaze qui engrange du bénéfice.

Cependant, ça non plus, ce n’est pas propre au milieu du mannequinat : on vit dans un monde de mecs. Si ce n’était pas le cas, mes photos seraient différentes, mais le reste de mon existence aussi. Je ne peux pas isoler mon activité professionnelle du fait que le patriarcat existe dans tous les pans de ma vie.

Dans la vraie vie des mannequins

Il y a dans l’essai d’Emily Ratajkowski un peu de la réalité cachée du mannequinat, celle qu’on ne voit pas sur les photos. L’histoire d’une jeune femme qui monte dans un bus pour aller chez un photographe qu’elle ne connaît pas, seule, qui se retrouve nue sur son lit — ou peut-être celui de sa fille, elle n’est pas sûre.

Marion Séclin raconte une histoire similaire, à l’issue bien moins tragique.

Mes premières photos, c’était du nu, avec un homme photographe, chez lui. J’avais dix-sept ans.

Heureusement, il était très pro, il n’y avait pas une once d’excitation dans notre interaction. La seule remarque qu’il a faite sur mon intimité, c’est quand il m’a prévenue que le cordon de mon tampon dépassait et qu’il vaudrait mieux que je le décale.

Contrairement à Emily Ratajkowski, Marion Séclin n’a pas subi de violences sexuelles dans le cadre de son travail. Mais elle a été dégradée, on lui a parlé de façon irrespectueuse, elle s’est retrouvée seule à tenter de protester face à des situations anormales. Elle ne nie pas qu’il y a de GROS changements à faire dans le milieu du mannequinat.

Quand les mannequins se détachent de leur propre corps

Il y a, dans l’essai d’Emily Ratajkowski, un rapport à son propre corps franchement déstabilisant, qui ressemble, dans certaines descriptions, à la sidération frappant parfois les victimes de viol. Cette impression de se voir d’en-dehors, comme si on était à l’extérieur de soi. « Emrata » écrit :

Au moment où je me suis déshabillée, quelque chose en moi s’est dissocié. J’ai commencé à flotter en-dehors de mon corps, je me suis regardée monter sur le lit. J’ai cambré mon dos et mis en avant mes lèvres, en me concentrant sur ce à quoi je devais ressembler à travers l’objectif. Le flash était si puissant et j’avais bu tant de vin que des taches noires énormes s’étendaient, flottaient devant mes yeux.

Un sentiment partagé par Marion Séclin.

Pour survivre, j’ai dû apprendre à considérer mon enveloppe comme un accessoire, apprendre à ne pas avoir de pudeur. Il faut se désensibiliser, se détacher de son propre corps.

Ce corps, alors, n’appartient plus à la femme qui l’habite ; il devient la propriété du photographe et du public, de tous ces yeux affamés qui se posent sur la peau nue.

« Emrata » a vu ses photos exploitées sans son accord, a publiquement exprimé le fait qu’elle ne souhaitait pas que les gens se rendent aux diverses expositions les mettant en scène. Peine perdue. Les galeries n’ont pas désempli, la foule de curieux et curieuses se déversant jusque dans la rue. Un aperçu :

Poser nue et être une victime, équation impossible dans un monde empoisonné par la culture du viol

L’essai d’Emily Ratajkowski est passé entre les mains de professionnels du journalisme qui ont accompli un travail de fact checking indispensable. Ils ont donc contacté Jonathan Leder pour avoir son opinion sur les accusations perpétrées à son encontre. Il répond :

Vous savez de qui on parle, hein ? On parle de la meuf qui était nue dans Treats! magazine, et qui se trémoussait à poil dans le clip de Robin Thicke [Blurred Lines, NDLR]. Vous pensez vraiment que quiconque va croire qu’elle est une victime ?

Rhétorique classique de la culture du viol : une femme à l’aise avec son corps et sa sexualité ne peut pas être victime de violences sexuelles. Elle « ne demande que ça », après tout. Poser nue et avoir l’audace de vouloir consentir avant d’être pénétrée ? Quelle idée !

Heureusement, BEAUCOUP de gens croient aujourd’hui Emily Ratajkowski. Grâce au travail accompli depuis des décennies par les féministes, les mentalités changent peu à peu et le grand public intègre l’idée que rien n’empêche une femme d’être victime de violences sexuelles : ni sa personnalité, ni ses vêtements, ni son travail, ni sa sexualité.

Ils sont nombreux à avoir relayé l’accusation portée par « Emrata » envers Jonathan Leder, sans remettre en question la possibilité de l’agression d’une mannequin dans le cadre de son travail.

Comment améliorer le monde du mannequinat ?

Est-il possible de rendre le milieu du mannequinat plus sain ? Marion Séclin a quelques conseils pour les jeunes femmes qui se lancent. Elle refuse de leur enjoindre de « se méfier », et veut plutôt leur donner des outils.

Évoluer en étant méfiante, ça m’a fait rater beaucoup d’expériences et d’opportunités. Dire aux femmes de se méfier, c’est dire qu’elles ont un contrôle sur ces violences, alors que ce n’est pas le cas.

Ce que j’ai envie de dire aux jeunes mannequins, c’est : quand quelque chose ne te convient pas, quand tu ne te sens pas bien, tu te barres. Tu dis « non », et tu te barres. Les photographes savent que les meufs restent quoiqu’il arrive, qu’elles ont peur. Il faut que la peur change de camp, que tout le monde sache qu’une mannequin maltraitée va se barrer et donc planter le tournage.

Car c’est ça qui retient la parole, souvent — même pas la peur de parler ou d’être susceptible, mais la peur d’être celle qui a planté le tournage, qui a fait perdre une journée à toute l’équipe. C’est le mantra : « il ne faut pas planter le tournage ».

Plante le tournage. Jusqu’à ce qu’ils apprennent.

Mais c’est surtout aux photographes que Marion Séclin a quelques conseils à donner.

Je conseillerais aux photographes de prendre enfin conscience du monde dans lequel les femmes vivent. Je leur conseille de se représenter le PIRE des connards et de se dire « C’est ça que la mannequin en face de moi a peur que je sois ». Un peu d’empathie, d’humanité.

Je leur conseillerais de ne pas considérer les mannequins comme leurs filles, de ne pas entretenir ce rapport paternaliste aussi bizarre que fréquent dans le milieu. De ne pas partir du principe qu’ils sont les seuls capables de retranscrire leur image.

Car les photos, ça se fait à deux. Il n’y a pas un génie qui a l’œil et un objet passif qui est la femme. Il faut se comprendre pour tirer le meilleur du duo.

Et puis ils pourraient parler, aussi. Il n’y a pas que les photographes qui posent problème, ce sont parfois les coiffeurs, maquilleurs, acteurs, techniciens qui sont irrespectueux, et personne ne leur dit rien. Une mannequin qui proteste a plus à perdre qu’un photographe qui reprend ses collègues.

Pourquoi personne ne dit rien ? Parce qu’« on va pas planter le tournage quand même ». Eh bien non, on ne va pas le planter, on va juste INTERVENIR. Il suffit souvent d’une voix pour que la situation s’arrête. Il suffit d’un peu de courage.

En attendant la parité dans le milieu (« Je n’ai pas peur de dire non quand je suis photographiée par une femme », confie Marion Séclin), ces précieux conseils pourraient faire avancer les choses dans le bon sens. Afin qu’un jour, plus aucune jeune femme ne vive ce qu’Emily Ratajkowski a vécu, gardant le silence pendant sept longues années avant d’oser, enfin, s’exprimer.

19 septembre 2020

Bettina Rheims

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19 septembre 2020

Marisa Papen sur la plage

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