Barre d’Etel. La communication fâchée avec la géographie
Le tourisme et sa communication sont-ils fâchés avec la géographie ? La question irrite, en tout cas, beaucoup d’Étellois. Depuis plusieurs jours, est affichée sur la façade vitrée du syndicat d’initiative, une grande photo montrant la barre d’Etel surmontée de la mention « Baie de Quiberon ». Or, selon les cartes maritimes et la connaissance du pays, la baie de Quiberon se situe à l’Est de la presqu’île, entre Quiberon et La Trinité. Côté Ouest, il s’agit de la baie d’Etel.
Les réseaux sociaux se sont enflammés sur cet affichage perçu comme un effacement de l’identité d’Etel, déjà apparent sur les panneaux routiers au pont du Sac’h. Cet affichage résulte, en fait, de la communication touristique unifiée au niveau du pays d’Auray, via l’intercommunalité, avec Quiberon comme accroche.
Une « ineptie » selon le maire
« Contrarié », le maire s’est exprimé ce lundi sur l’affaire afin d’épauler la gronde des Ételloises et Étellois. Il révèle dans un communiqué de presse l’intervention de la Ville : « La municipalité est donc intervenue auprès des services de la communauté de commune, qui dans l’application de la loi NOTRe a la compétence tourisme, pour leur demander de corriger cette « ineptie ». Le maire a ainsi précisé que le vice-président d’Aqta (Auray Quiberon Terre Atlantique) tourisme et président de la SPL, Bernard Hilliet, s’était engagé à « solutionner ce problème sous trois jours maximum ». L’indication « baie de Quiberon » sera finalement supprimée et l’identité de pays restaurée.
La digue de la barre d'Étel va être réhabilitée
Depuis les tempêtes répétées de 2014, la digue qui protège l’entrée de la ria est endommagée, et laisse rentrer du sable. Des travaux sont prévus prochainement. Le maire envisage l'extraction et la récupération du sable.
« Il faut intervenir au plus vite pour sécuriser l’état de l’ouvrage, insiste Adrien Le Formal, maire de Plouhinec. Il y a une accumulation de sable au niveau de la barre qui est préoccupante. Si le sable continue de rentrer, la barre pourrait finir par se fermer. »
La commune voisine d’Étel est directement touchée par la dégradation de la digue, car elle a été construite, en 1962, sur son domaine maritime. D’après le maire, l’écosystème serait menacé, ainsi que des professionnels comme les ostréiculteurs, « car le sable remonte jusqu’au fond de la ria ».
Des travaux à l’horizon 2019
Un discours assez alarmant, mais un brin apaisé depuis que les travaux ont été pris en considération par les services de l’État.
Mi-avril, une réunion s’est tenue entre la Région, le Département, les communes avoisinantes, les usagers et la Compagnie des ports. « Une réhabilitation de la digue est programmée. Il y a eu consensus général sur la nécessité de rendre son utilité à cet ouvrage », explique Marina Le Corguillé, directrice du port.
Les études préalables sont lancées, mais aucun délai n’est annoncé pour le début des travaux. « Étant donné qu’on intervient sur un site fragile et protégé, les autorisations vont être longues à obtenir. Rien ne sera fait avant 2019 », indique Adrien Le Formal.
Le budget des travaux, sans les études, est estimé à 600 000 €, dont la moitié serait prise en charge par l’état, 30 % par le conseil départemental et 20 % par les communautés de communes.
Un obstacle naturel
Entre-temps, la barre reste l’obstacle naturel qu’elle a toujours été. « Il n’y a pas plus de difficulté à sortir ou entrer depuis que l’épi est apparu (morceau de la digue qui s’en est en partie détaché). Le nombre de jours fermés et ouverts ne varie pas. Des grands bateaux comme « La Louise » ou « La Reine des flots » ont pu passer sans problème », tient à préciser la directrice.
La directrice rappelle que le port assure un accompagnement à l’entrée de la ria. Il suffit aux plaisanciers d’appeler sur le canal 13. « On assiste les bateaux 3 h avant et 2 h après la pleine mer. »
Pour la Société nationale de sauvetage en mer (SNSM), rien n’a changé mais il faut rester vigilant. « Le banc est de plus en plus important, la passe est de plus en plus réduite, mais pour l’instant, on sort normalement. Il faut sonder la barre plus souvent, car c’est sûr, ça n’améliore pas la situation », relate Yannick Delval, président de la station d’Étel.
Récuperer le sable
Pour Guy Hercend, maire, « la barre sans passe est un scénario improbable. Il y a toujours eu des bateaux à rentrer et sortir, même quand la digue n’existait pas. » Mais il ne nie pas « que l’épi laisse passer un peu de sable, et qu’il est bon d’intervenir ».
Dans ce dossier, le maire souhaite que la commune bénéficie d’une autorisation particulière, celle de récupérer le sable qui sera extrait.
« À l’occasion de ces travaux, on pourrait peut-être, avec les services de l’État, envisager une prise de sable au niveau de la barre, pour les besoins des professionnels et des communes de la ria. Ce serait du sable de la ria pour la ria. »Un sable dont le maire aimerait pouvoir disposer de manière pérenne.