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Jours tranquilles à Paris
juan guaido
20 février 2019

Venezuela. L’armée déterminée à empêcher l’entrée de l’aide

Semaine sous tension au Venezuela. Malgré les appels de l’opposant Juan Guaido, la majorité des militaires ont assuré rester fidèles à Nicolas Maduro et sont déterminés à empêcher l’aide humanitaire de passer les frontières.

Les militaires fidèles au président Nicolas Maduro se disent déterminés à défendre « l’intégrité territoriale » du Venezuela, face aux milliers d’opposants qui se préparent à converger vers les frontières le but de faire entrer l’aide humanitaire stockée aux portes du pays.

À l’appel de Juan Guaido, reconnu président par intérim par une cinquantaine de pays, quelque 700 000 volontaires, selon l’opposition, ont l’intention de se rendre à bord d’autocars le 23 février aux postes-frontière pour prendre livraison de l’aide humanitaire envoyée par les États-Unis et le Brésil. On ignore toutefois comment ils espèrent déjouer le blocus des militaires.

« Un clown qui se dit président par intérim »

Les présidents colombien Ivan Duque et chilien Sebastian Piñera, parmi les premiers à reconnaître Juan Guaido, ont prévu de se rendre vendredi dans la ville colombienne frontalière de Cucuta pour afficher leur soutien à l’opération. Plusieurs dizaines de tonnes de vivres et de médicaments envoyées par les États-Unis sont stockées dans cette ville, près du pont frontalier de Tienditas barré par les autorités vénézuéliennes.

« Les présidents à la botte des yankees comme ceux de Colombie et du Chili, qui encouragent la provocation et la violence contre le Venezuela, sont en train d’appeler à prendre d’assaut la frontière du Venezuela samedi prochain », a réagi Nicolas Maduro. Qualifiant Juan Guaido de « clown qui dit être président par intérim », il l’a mis au défi de « convoquer des élections » pour « renverser la situation avec le vote du peuple ».

Les militaires ont réaffirmé mardi leur « loyauté sans faille » envers Nicolas Maduro. Ils rejettent obstinément les appels à désavouer le dirigeant socialiste lancés par Juan Guaido et le président américain Donald Trump. Ils ont également annoncé la fermeture de la frontière maritime avec les îles néerlandaises d’Aruba, Bonaire et Curaçao, situées au large du Venezuela. Un avion en provenance de Miami chargé d’aide humanitaire est attendu à Curaçao.

« L’armée restera déployée le long des frontières »

Le ministre de la Défense, Vladimir Padrino, entouré du haut-commandement militaire, a assuré que l’armée ne céderait pas au « chantage ». Il a qualifié de « tissu de mensonges » la présentation par Donald Trump et Juan Guaido de « cette prétendue aide humanitaire » comme un sujet de confrontation entre civils et militaires vénézuéliens. « L’armée restera déployée et en alerte le long des frontières (…) pour empêcher toute violation de l’intégrité du territoire », a averti le ministre.

Juan Guaido a envoyé mardi un message sur Twitter à chacun des chefs militaires des régions frontalières : « Le 23 février, vous devez choisir entre servir Maduro et servir la Patrie », leur a-t-il écrit. Il a également demandé à ses partisans d’écrire à chaque soldat « en argumentant, sans violence, sans insulte » pour expliquer les « raisons pour lesquelles ils doivent se ranger derrière les millions (de Vénézuéliens) qui demandent l’entrée de l’aide ».

Jusqu’à présent, seuls quelques responsables militaires se sont ralliés à Guaido, pour la plupart des officiers subalternes ou n’exerçant aucun commandement. Dernier en date : un conseiller militaire adjoint du Venezuela à l’ONU, le colonel Pedro José Chirinos, qui s’est déclaré mercredi « en désobéissance totale et absolue face au gouvernement illégalement constitué de Monsieur Nicolas Maduro » dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux.

Pénuries de nourriture et de médicaments

Samedi, le Brésil va également mettre à disposition de l’aide humanitaire à Boa Vista et Pacaraima (nord) « en coopération avec les États-Unis ». Des aliments et médicaments seront disponibles pour être collectés « par le gouvernement (autoproclamé) de Juan Guaido, par des camions venézuéliens conduits par des Vénézuéliens », a précisé le porte-parole de la présidence brésilienne, Otavio Régo Barros.

L’entrée d’aide venue des États-Unis est un sujet extrêmement sensible au Venezuela, même si le pays est en proie à des pénuries de nourriture et de médicaments qui ont poussé à l’exil plus de deux millions de Vénézuéliens depuis 2015, selon l’ONU. Nicolas Maduro voit dans l’aide humanitaire les prémices d’une intervention militaire américaine, et rejette la responsabilité des pénuries sur les sanctions de Washington. Les tractations diplomatiques se concentrent sur cette question de l’assistance à un peuple qui a faim.

Un mois après s’être autoproclamé président

Après une rencontre avec Juan Guaido mardi, les ambassadeurs de France, du Royaume-Uni, d’Italie, d’Espagne et d’Allemagne, ont annoncé 18 millions dollars d’aide, outre l’envoi par la France de 70 tonnes de médicaments et de vivres. Nicolas Maduro a annoncé l’acheminement mercredi de 300 tonnes de médicaments achetés à la Russie, alliée de Caracas, en plus des 933 tonnes achetées récemment à la Chine, la Russie et Cuba.

Juan Guaido a choisi la date symbolique du 23 février pour l’entrée de l’aide, un mois tout juste après son autodéclaration comme président par intérim, à la suite de la décision du Parlement de déclarer Nicolas Maduro comme « usurpateur » considérant qu’il a été réélu frauduleusement.

Vendredi, un concert pro-Guaido avec des artistes internationaux est prévu à Cucuta, financé par le milliardaire britannique Richard Branson. Un autre concert, organisé par le pouvoir chaviste, aura lieu au même moment, côté vénézuélien.

Mardi, le musicien britannique Roger Waters, un des fondateurs du groupe Pink Floyd, a critiqué le concert organisé par le fondateur du groupe Virgin, qui, selon lui, « n’a rien à voir avec l’aide humanitaire », mais « avec le fait que Richard Branson a pris pour argent comptant ce que disent les États-Unis » sur la situation au Venezuela.

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8 février 2019

Juan Guaido : « Personne ne s’immolera pour Maduro »

Par Jean-Pierre Bricoure, Caracas, correspondance

Dans un entretien au « Monde », le président autoproclamé du Venezuela estime que son rival a perdu le soutien de la population et qu’il est « acculé dans les cordes ».

Propos recueillis par Jean-Pierre Bricoure (Caracas, correspondance)

Propulsé à la tête de l’Assemblée nationale du Venezuela le 5 janvier, Juan Guaido, jeune dirigeant de 35 ans, a multiplié les initiatives pour chasser du pouvoir le président Nicolas Maduro. Alors que l’affrontement entre les deux hommes se poursuit, divisant la communauté internationale et menaçant la stabilité régionale, M. Guaido estime, dans un entretien au Monde, que son rival a désormais perdu le soutien de la population et qu’il est « acculé dans les cordes ».

Beaucoup de choses ont été écrites sur vous ces dernières semaines, vous-même, vous vous exprimez abondamment, mais on a du mal, in fine, à vous situer sur le champ politique. Même le positionnement de votre parti Volonté populaire fait débat. Que dites-vous ?

La question idéologique est, pour moi, un peu anachronique. Ce qui importe aujourd’hui au Venezuela est la mise en place de politiques d’assistance sociales, d’inclusions, d’autonomisations et d’égalité des sexes. C’est essentiel pour les populations les plus vulnérables du pays. L’autre priorité est l’économie. Je soutiens la libre entreprise de marché, l’autonomisation de l’entrepreneuriat et la compétitivité.

Pour le dire simplement, je suis de centre gauche sur les questions sociales. Je partage une grande partie des valeurs de la social-démocratie, en particulier sur les questions liées à la diversité, les avancées en matière des droits. Sur le plan économique, on peut dire que je suis du centre, tendance libéral.

Mais débattre du Venezuela en termes de droite et de gauche est, selon moi, erroné. La triste réalité du pays n’a été que pillage et corruption. Le mot « pueblo », le peuple, a été galvaudé pour voler les ressources de notre territoire. Il n’y a pas d’idéologie là-dedans. La réalité des problèmes du moment touche aux valeurs fondamentales de l’humanité et de la démocratie.

Volonté populaire fait partie de l’Internationale socialiste depuis 2015. Vous sentez-vous à l’aise avec cela ?

Pour être franc, je pense qu’ils ont été un peu ingrats dans la gestion de la crise vénézuélienne. Ils ont été trop prudents pour dénoncer le régime dictatorial en place parce qu’ils abordaient le problème vénézuélien en termes précisément de droite et de gauche. Peu importe si les dictateurs sont de gauche ou de droite, ils restent des dictateurs opposés à la démocratie.

Vous avez immédiatement obtenu le soutien de Donald Trump. Pourquoi le président américain continue-t-il d’agiter la menace d’une intervention militaire ?

Je pense que toute cette histoire d’intervention a été déformée et récupérée. A nos yeux, elle masque le fait que nous sommes en train de construire une véritable majorité dans le pays, avec une Assemblée nationale souveraine et élue, soutenue à l’étranger par, non seulement, les Etats-Unis, mais aussi l’Europe, le Canada et les pays d’Amérique latine. Soixante pays nous reconnaissent à ce jour. Alors réduire tout cela à un des éléments qui est sur la table minimise les années de sacrifices et de combats que les Vénézuéliens ont menés pour recouvrer notre démocratie et notre liberté.

Mais cette menace a été brandie encore récemment. N’est-elle pas un argument de choix pour Nicolas Maduro ?

Aujourd’hui, rien n’est bon pour Maduro. Il est acculé dans les cordes. L’intervention est le seul argument qui lui reste pour influencer l’opinion publique internationale. Ici, cela n’a pas d’impact sur l’opinion publique. Tout le monde sait qu’au Venezuela, il n’y aura pas d’affrontement entre civils, personne ne va s’immoler pour Maduro. Il n’a aucun soutien de la population. Il n’a plus d’argent parce que lui et ses proches l’ont volé. Alors, il essaie de vendre cette thèse de l’intervention pour se poser en victime. Il n’y parvient pas, sauf peut-être dans quelques pays. Il est important de réaffirmer, ici, que chaque décision visant à mettre un terme à cette usurpation du pouvoir sera prise par des Vénézuéliens.

Une vingtaine de pays européens vous soutiennent. Qu’attendez-vous de plus ?

Beaucoup de choses. En premier lieu, la pleine reconnaissance de mes fonctions de président par intérim, ce qui inclut la protection des avoirs vénézuéliens. Hier, le régime a tenté de transférer de l’argent vénézuélien sur un compte en Uruguay. Heureusement, nous avons stoppé l’opération. Nous devons absolument protéger les avoirs vénézuéliens car [nos adversaires] ont déjà pillé plus de quatre fois le produit intérieur brut (PIB) du Venezuela au cours des dix dernières années.

La deuxième chose est que nous avons besoin de soutien pour livrer l’aide humanitaire et ouvrir efficacement des corridors d’acheminement. Enfin, la troisième chose serait une pression diplomatique pertinente afin d’asseoir un gouvernement de transition stable permettant d’instaurer une réelle gouvernance et de générer les bases nécessaires à la reconstruction du pays. Après cela, nous pourrons parler du sauvetage de l’économie et des besoins techniques qui nous sont indispensables.

L’Europe, par exemple, a une expérience indéniable dans le domaine de la reconstruction. Lorsque nous comparons les indicateurs de la crise vénézuélienne avec certaines périodes européennes, nous sommes très semblables. Nous devons entièrement reconstruire le système de santé, les transports publics, le trafic routier, le système éducatif. Sans oublier que 3,3 millions de personnes ont quitté le pays ces dernières années.

Mais nous avons les ressources naturelles et les liens sociaux forts qui nous permettront, avec l’aide internationale, l’apport d’experts et de fonds, de reconstruire le pays de manière non traumatisante. Je suis confiant.

L’armée est le pilier du régime. Que faudrait-il pour qu’elle prenne ses distances avec Nicolas Maduro et appui une transition ?

Au Venezuela, il existe un proverbe qui dit que « les militaires sont fidèles jusqu’à ce qu’ils ne le soient plus ». Ce que je veux dire c’est qu’une transition ne se décrète pas, elle se construit. Si vous évaluez la situation actuelle, vous conclurez que nous avons près de 90 % de la population avec nous. Je pense réellement que le soutien populaire à Maduro est inexistant.

Aujourd’hui, une des variables manquantes à cette transition est effectivement l’armée. Qu’avons-nous à lui offrir ? Nous avons déjà offert des garanties et une amnistie. Nous avons également expliqué qu’elle a un rôle à jouer dans la reconstruction du pays. Bref, nous avons formulé de nombreuses offres et propositions. Nous travaillons. Lorsqu’ils nous auront rejoints, je vous dirai qu’elle élément a joué le rôle déclencheur.

Pendant des années l’opposition vénézuélienne s’est illustrée par ses divisions et intérêts antagonistes. Qu’est-ce qui vous rend si différent ?

Nous n’avons jamais cessé de travailler, de croire et de travailler encore. Et c’est cela peut-être le plus important : nous sommes l’aboutissement d’un très long processus. Nous sommes unis et résolument tournés vers l’avenir. Nous sommes une alternative crédible au pouvoir, conforme à la Constitution et dotée du soutien de la communauté internationale.

Mais vous-même, qu’est-ce qui vous rend différent ?

J’ai été constant toute ma vie, persistant aussi. Je suis un fan de l’équipe de baseball « Los Tiburones de la Guaira » (originaire de Vargas, l’équipe n’a rien gagné pendant des années), ce qui veut dire que je suis un optimiste de nature.

Vous avez dit un jour connaître « le pouvoir du chavisme ». Qu’en est-il ?

En 2016, je vous aurai dit qu’il s’agit d’une force politique représentant 20 % à 30 % de la population. J’aurais également affirmé qu’à ce moment-là les chavistes constituaient une force importante et influente dans le pays, qu’ils pouvaient se mesurer aux autres partis par le biais de mécanismes démocratiques, gagner ou perdre des élections, puis tenter de les gagner à nouveau.

Mais si vous me demandez aujourd’hui ce qu’ils représentent, je vous dirai qu’ils sont chaque jour moins nombreux. Ils ont nourri trop de contradictions, tourné le dos au monde démocratique. Toutefois, j’estime qu’ils sont nécessaires pour assurer la stabilité future du pays. Autant j’ai reconnu l’importance des militaires et fais des propositions, autant je reconnais celle des chavistes et celle aussi des nombreux ex-chavistes. Tous ici sont importants à mes yeux pour permettre à un gouvernement de transition de se stabiliser et trouver un minimum d’accords afin d’institutionnaliser le Venezuela.

Des camions d’aide humanitaire arrivent à la frontière du Venezuela Près d’une dizaine de camions d’aide humanitaire américaine destinée au Venezuela sont arrivés, jeudi 7 février, près du pont international Tienditas, dans la ville frontalière de Cucuta, du côté colombien de la frontière avec ce pays. Le chargement a été réceptionné par l’Unité nationale de gestion des risques de catastrophes (UNGRD), l’organisme étatique chargé des secours en Colombie, qui a précisé dans un communiqué qu’il se limitait à la recevoir et à l’entreposer dans un centre de stockage de Cucuta. La manière dont cette aide traversera la frontière reste un mystère. Le gouvernement de Nicolas Maduro, désavoué par les Etats-Unis, l’Union européenne (UE) et plusieurs pays latino-américains, a averti qu’il ne la laisserait pas entrer, la considérant comme un cheval de Troie en vue d’une intervention militaire que Washington n’a pas écartée. Bogota et Caracas n’ont plus de relations depuis 2017 et le président colombien Ivan Duque est à la tête des pressions diplomatiques exercées sur la « dictature » au Venezuela, selon ses termes. Le Groupe de contact international sur le Venezuela, créé à l’initiative de l’UE, a lancé un appel à une solution négociée lors de sa réunion inaugurale à Montevideo, la capitale uruguayenne. La haute représentante de l’UE pour les affaires étrangères, Federica Mogherini, a déclaré à l’ouverture de la réunion, qui rassemblait treize pays européens et latino-américains, que seule une solution pacifique et politique permettrait d’éviter au Venezuela de plonger dans le chaos.

5 février 2019

Analyse - Pourquoi les Européens emboîtent le pas de Donald Trump au Venezuela

venezuela

Par Marc Semo

La France et dix-huit autres pays européens ont reconnu lundi Juan Guaido comme chef de l’Etat par intérim.

Le mot gêne toujours. Interrogé sur France Inter lundi 4 février au matin à propos de « l’ingérence » que représenterait la reconnaissance par la France et d’autres pays européens – ils étaient dix-neuf au total, mardi matin – de l’opposant vénézuélien et président du Parlement Juan Guaido comme chef de l’Etat par intérim chargé d’organiser des élections présidentielles anticipées, le ministre des affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a éludé, préférant parler d’« appel » et « de demande à l’aide » d’un pays en pleine crise. La tragédie vénézuélienne est en train de remettre sur le devant de la scène le « devoir d’ingérence » au nom de l’humanitaire.

« L’indifférence serait encore pire que l’ingérence », souligne un diplomate. Emmanuel Macron s’est personnellement engagé sur la crise vénézuélienne, et il a par deux fois rencontré personnellement des personnalités de l’opposition, dont l’ancien président du Parlement Julio Borges, qui a dû se réfugier en Colombie.

Les Européens ne pouvaient rester sans rien faire. Les capitales les plus impliquées, dont Paris, paraissent pourtant agir dans le sillage de Washington. Le mouvement est en effet parti de Donald Trump qui, dès le 23 janvier, reconnaissait comme chef d’Etat par intérim et seul président légitime Juan Guaido. Il fut aussitôt suivi par le Canada et la plupart des pays d’Amérique latine, à commencer par ceux, désormais majoritaires, ayant à leur tête, comme la Colombie et le Brésil, des présidents de droite ou d’extrême droite.

Confus, imprévisible, accusé à raison d’« isolationnisme », le président américain ouvrait ainsi un processus politique à même de mettre fin à la longue agonie d’un régime autoritaire à bout de souffle et à l’inexorable descente aux enfers d’une population plongée dans la misère, alors même que ce pays pétrolier de 32 millions d’habitants dispose des plus importantes réserves au monde. Pour le moment, il garde la main, même si les menaces d’une intervention militaires inquiètent aussi bien l’opposition vénézuélienne que les Européens.

« Gorbatchev ou Al-Assad »

Dans un tel contexte, face à une Union européenne incapable d’exprimer au nom des Vingt-Huit une position qui ne soit pas un lénifiant plus petit dénominateur commun, six capitales européennes – Paris, Madrid, Berlin, Londres, Amsterdam et Lisbonne – ont lancé le 27 janvier un ultimatum donnant huit jours au président en titre, Nicolas Maduro, pour organiser une élection présidentielle, sans quoi ils reconnaîtraient, eux aussi, le chef du parlement Juan Guaido comme président par intérim afin qu’il organise un tel scrutin. Ce délai de huit jours visait, selon le mot d’un diplomate français, « à laisser un peu de temps à Nicolas Maduro pour décider s’il veut être Gorbatchev ou Bachar Al-Assad ». L’autocrate de Caracas a rejeté ces exigences. Nombre de capitales européennes dans le sillage de Madrid et de Paris ont donc à leur tour franchi le pas de la reconnaissance de Juan Guaido.

L’implication des Européens dans ce qui peut sembler être une crise interne à un pays sud-américain – mais ce qu’elle n’est pas – pourrait paraître étonnante. Les positions de Paris et des autres capitales européennes les plus en pointe, sont parfaitement cohérentes. Le Parlement, dont Juan Guaido était le président avant de se proclamer chef d’Etat par intérim au nom de la Constitution, reste aujourd’hui la seule instance vénézuélienne élue dans un scrutin pleinement légitime et accepté par tous, même s’il date de 2015.

L’élection présidentielle de mai 2018 de Nicolas Maduro pour un second mandat avait été, en revanche, marquée par des fraudes massives dénoncées par les observateurs internationaux. Les Européens, à commencer par la France, avaient considéré ce scrutin comme « illégitime ». Les ambassadeurs des Vingt-Huit ont refusé d’assister à la prestation de serment, le 10 janvier, de Nicolas Maduro.

Impossible de rester absent

Le blocage de la Grèce, de la Hongrie du très autoritaire Viktor Orban ou de l’Italie, dont la coalition gouvernementale est divisée, a empêché la cheffe de la diplomatie européenne Federica Mogherini d’exprimer une position forte au nom des Vingt-Huit. Pour Paris, comme Madrid, Londres ou Berlin, il était néanmoins impossible de rester absent. C‘est la crédibilité même de la politique étrangère et de sécurité commune de l’Europe qui en cause, même si le Venezuela peut sembler un théâtre lointain.

Car la crise vénézuélienne n’est pas seulement une crise interne. Le Conseil de sécurité l’a reconnu en acceptant la demande américaine d’une réunion d’urgence, le 26 janvier, malgré l’opposition de Moscou et de Pékin.

Près de trois millions de Vénézuéliens ont fui vers les pays voisins, et il s’agit aujourd’hui de la plus grave crise de réfugiés dans le monde, du propre aveu du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés. La stabilité des pays voisins – la Colombie, le Brésil, l’Equateur – est en jeu, avec des implications directes pour la France, car la Guyane est proche du Venezuela.

Clivages géopolitiques

Les Européens se devaient d’autant plus d’agir que cette crise a d’évidentes implications politiques régionales dans une Amérique latine soumise à de nouvelles divisions idéologiques, entre des présidents de droite populiste dure, comme le Brésilien Jair Bolsonaro ou le Colombien Ivan Duque, et ceux des derniers bastions de la gauche, renforcés par l’élection, au Mexique, d’Andres Manuel Lopez Obrador.

L’affrontement Maduro-Guaido est aussi le révélateur de clivages géopolitiques majeurs. Présente militairement au Venezuela tout comme Cuba, la Russie a pris fait et cause pour le président en titre dénonçant les « ingérences de Washington ». Moscou y voit une occasion de rappeler qu’il a retrouvé son rang de grande puissance globale, à même de défier les Etats-unis dans leur arrière-cour, et de faire échec à la tentative de Donald Trump de « renversement du régime ».

Le geste de Paris et de ses partenaires ne va pas changer grand-chose dans l’immédiat. « L’isolement du régime sur la scène internationale est déjà bien réel, y compris avec la mise en œuvre de sanctions financières, mais cette décision est un symbole fort qui permet aussi à Juan Guaido de ne pas dépendre seulement de Donald Trump », souligne Paula Vasquez, chercheuse au CNRS et spécialiste du Venezuela.

La cheffe de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, a mis sur pied avec plusieurs pays d’Amérique latine, dont le Mexique et l’Uruguay, un groupe de contact pour tenter de trouver une issue politique à la crise sous 90 jours. Une démarche de fait complémentaire à celle des capitales les plus engagées, qui font monter la pression. L’objectif est de permettre un départ du pouvoir négocié de Nicolas Maduro. Nul ne se fait trop d’illusion, à commencer par Federica Mogherini elle-même, qui reconnaissait que « compte tenu des expériences passées et de la situation dans le pays, les chances d’arriver à un résultat positif sont faibles ».

4 février 2019

La lettre politique de Laurent Joffrin - La farce tragique de Maduro

Six pays européens, dont deux dirigés par des coalitions de gauche, l’Espagne et le Portugal, ont donc reconnu Juan Guaidó, principale figure de l’opposition vénézuélienne, comme président par intérim chargé d’organiser une nouvelle élection présidentielle. On dira : de quoi se mêlent-ils ? Pourquoi emboîter le pas, d’un continent à l’autre, à Donald Trump, qui a le premier proclamé la légitimité de Juan Guaidó ? Lui qui a ressuscité par sa balourdise éléphantesque le vieil imperium que les Etats-Unis, depuis le président Monroe, se sont abusivement attribué sur les affaires de l’Amérique latine, ranimant ainsi le spectre de l’impérialisme yankee ?

Ils se mêlent en fait des affaires de la démocratie. L’Union européenne avait en son temps émis de très sérieux doutes sur la validité de l’élection du président en titre, Nicola Maduro, organisée à la va-vite par une commission électorale aux ordres du régime, boycottée par l’opposition et marquée par toutes sortes de fraudes. Or la constitution vénézuélienne, un peu comme en France, prévoit qu’en cas d’empêchement du président en titre, celui de l’Assemblée – Juan Guaidó en l’occurrence – exerce un intérim avant l’organisation d’un nouveau scrutin. Guaidó est en quelque sorte un Poher un peu expéditif, qui prend acte de l’illégitimité de Maduro et presse le pas vers de nouvelles élections, régulières, celles-ci. D’où la reconnaissance européenne.

Les soutiens du régime vénézuélien crient au coup d’Etat manipulé de Washington. C’est oublier le contexte. Successeur de Chavez, plus terne et plus répressif, Maduro a ruiné son pays. Assis sur les plus grandes réserves de pétrole au monde, il a réussi en quelques années à diviser par deux le PIB du Venezuela, à réduire son peuple à la misère et à provoquer l’exil forcé de plus de deux millions de ses compatriotes. Appuyé sur l’armée, gangrené par la corruption, le régime a résisté à toutes les protestations en usant d’une répression multiforme et brutale.

La France insoumise, toujours rangée derrière Maduro, dénonce en France, à raison, la répression trop brutale des « gilets jaunes» qui a occasionné de nombreuses blessures graves. Elle oublie de critiquer la répression vénézuélienne, qui a causé la mort de dizaines de personnes en quelques semaines. Politiquement daltonienne, elle soutient avec la même ferveur les «gilets jaunes» et les uniformes kaki des sbires de Maduro. Une légère contradiction…

Le président vénézuélien a proposé d’organiser de nouvelles élections législatives, ce que certains ont interprété comme un geste d’ouverture. En fait, il s’agit d’une mauvaise blague. C’est l’élection du président qui est contestée, non celle du Parlement, qui s’est déroulée dans des conditions honorables et qui a débouché sur la victoire de l’opposition. Maduro, élu illégitimement, propose de rester en place et de dissoudre l’assemblée légitime, privant Guaidó de son point d’appui légal. A juste titre, cette farce potentielle a aussitôt été récusée par l’opposition.

Il n’est qu’une issue à la crise qui a plongé dans le malheur un peuple longtemps abusé et qui se révolte aujourd’hui : l’organisation d’une élection présidentielle sincère. Alors on verra alors si ce régime populiste reçoit toujours l’assentiment du peuple.

LAURENT JOFFRIN

4 février 2019

Paris reconnaît Juan Guaido comme président par intérim

Plusieurs capitales européennes ont pris les devants contre Nicolas Maduro, en l’absence de position commune des Vingt-Huit
L’ultimatum de huit jours lancé par sept capitales européennes (Paris, Madrid, Berlin, Londres, Amsterdam et Lisbonne, rejointes au dernier moment par Vienne) a sans surprise été rejeté par le président vénézuélien en titre Nicolas Maduro. Dans un entretien avec la chaîne de télévision espagnole La Sexta dans la soirée du 3 février, il a clamé qu’il ne ferait « pas preuve de lâcheté face aux pressions » pour organiser un scrutin présidentiel.

Paris considère désormais, selon les propos du ministre des affaires étrangères Jean-Yves Le Drian sur France Inter, que « le président de l’Assemblée nationale Juan Guaido est, en tant que chef de l’Etat par intérim, habilité à organiser des élections présidentielles ». La reconnaissance a été annoncée par la France, l’Espagne, le Royaume-Uni et d’autres le 4 février en milieu de matinée.

La veille, Nathalie Loiseau, secrétaire d’Etat aux affaires européennes, avait qualifié de « farce tragique » la proposition de Nicolas Maduro d’élections législatives anticipées. Le Parlement, qui a proclamé Juan Guaido chef de l’Etat par intérim, a été élu en 2015 dans un scrutin régulier, alors que l’élection présidentielle de mai 2018 a été marquée par de nombreuses fraudes dénoncées par les observateurs internationaux. Les Européens, comme les Etats-Unis et la plupart des pays démocratiques, se sont refusés à reconnaître comme légitime le second mandat de Nicolas Maduro.

« Pas de l’eau tiède »

La reconnaissance de Juan Guaido par ces sept capitales est un fait acquis. Elles suivraient ainsi les Etats-Unis, le Canada et de nombreux pays d’Amérique latine, dont la Colombie et le Brésil, qui avaient lancé le mouvement le 23 janvier. Le Parlement européen a franchi le pas le 31 janvier, appelant l’ensemble des pays de l’UE à faire de même. Mais il est encore difficile pour les Vingt-Huit de se mettre d’accord sur une position commune forte.

Les premières réactions de la chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, ont été pour le moins prudentes, voire embarrassées. Alors Paris, comme Madrid, Berlin et Londres, ont décidé de durcir le ton, rappelant, comme l’a fait Emmanuel Macron dans un Tweet en français et en espagnol, le caractère « illégitime » de l’élection de Nicolas Maduro, puis lançant un ultimatum pour un nouveau scrutin.

« Nous avons pris cette initiative parce qu’il était impossible, face à la gravité de la crise, de s’en tenir à de l’eau tiède », explique un haut diplomate français, soulignant que « de tels compromis sur la base du plus petit dénominateur commun en politique étrangère sont le symbole même d’une Europe qui ne marche pas ».

Les divisions sont apparues dans toute leur évidence lors de la réunion des ministres des affaires étrangères des Vingt-Huit, à Bucarest le 1er février. Face aux six capitales les plus engagées, une majorité est restée prudente. Une poignée d’Etats membres, à commencer par la Hongrie de Viktor Orban et la Grèce, restent pour le moins complaisants vis-à-vis du régime vénézuélien. La coalition italienne est profondément divisée, la Ligue (extrême droite) de Matteo Salvini étant au diapason du Brésil et des Etats-Unis, alors que le Mouvement 5 étoiles (« antisystème ») de Luigi Di Maio campe sur la position d’Athènes.

L’objectif des Vingt-Huit est d’aider à une sortie en douceur de Nicolas Maduro. « Nous voulons une issue pacifique et démocratique ; la violence a trop été utilisée au Venezuela et nous voulons éviter toute tentation militaire », avait expliqué Federica Mogherini à l’issue de la réunion. Elle avait annoncé que l’UE mettait sur pied un groupe de contact avec des pays d’Amérique latine restés sur une ligne médiane, comme l’Uruguay et le Mexique, pour trouver sous trois mois un terrain d’entente entre M. Maduro et M. Guaido. La première réunion devrait se tenir le 7 février à Montevideo.

Grand écart

Federica Mogherini et le président uruguayen Tabare Vazquez ont expliqué que la rencontre « vise à contribuer à créer les conditions nécessaires à l’émergence d’un processus politique et pacifique permettant aux Vénézuéliens de déterminer leur propre avenir, par la tenue d’élections libres, transparentes et crédibles ».

La logique de cette démarche, comme le délai évoqué de quatre-vingt-dix jours – qui n’est pas un ultimatum, a rappelé la chef de la diplomatie européenne –, tranche avec la pression mise par les six, à commencer par Paris, convaincu que le temps presse. Les divergences sont de méthode et de temporalité plus que de fond, mais l’Europe n’en est pas moins contrainte au grand écart.

Or l’Union européenne a potentiellement un rôle important à jouer dans la crise. « Il est fondamental, car les Etats-Unis semblent décidés à aller très vite, évoquant même une intervention qui, même ponctuelle, laisserait de profondes séquelles, explique Paula Vasquez, chercheuse au CNRS et spécialiste du Venezuela. Paris, Madrid et Berlin ont pleinement pris conscience du caractère désormais irréversible du mouvement contre Maduro. »

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3 février 2019

Venezuela : "Il semble très difficile que Nicolas Maduro puisse se maintenir au pouvoir à moyen ou long terme"

L'historien Olivier Compagnon explique à franceinfo pourquoi le président du Venezuela a perdu toute forme de crédibilité auprès d’une immense partie de sa population.

Entretien.

La pression s'accentue sur Nicolas Maduro. Samedi 2 février, l'opposition est descendue dans la rue pour obtenir le départ du président vénézuelien et soutenir le chef de l'oppsition, Juan Guaido, 35 ans, qui s'est autoproclamé chef de l'Etat. Et dimanche 3 février, l'ultimatum fixé par six pays européens expire. La France, l'Espagne, l'Allemagne, le Royaume-Uni, le Portugal et le Pays-Bas ont en effet donné jusqu'à cette date à Nicolas Maduro pour convoquer de nouvelles élections, faute de quoi ils reconnaîtront le chef de l'opposition Juan Guaido comme président.

Le Venezuela est-il sur le point de basculer ?

Entretien avec Olivier Compagnon, historien et directeur de l'Institut des hautes études de l'Amérique latine, pour mieux saisir les enjeux.

Franceinfo : Quelle est la portée de l'ultimatum de six pays européens, dont la France, ordonnant à Nicolas Maduro de convoquer des élections ? L'Europe a-t-elle réellement un poids au Venezuela ?

Olivier Compagnon : Je ne crois pas que cet ultimatum puisse réellement peser dans le rapport de force. Les six pays de l'Union européenne n'ont pas souhaité s'aligner immédiatement sur la position de Donald Trump et de nombreux pays latino-américains (dont le Brésil de Jair Bolsonaro et la Colombie d'Ivan Duque, voisins du Venezuela et viscéralement hostiles à Maduro), qui ont reconnu Juan Guaido comme président légitime dans les minutes ou les heures qui ont suivi son autoproclamation.

Ils ont eu raison dans la mesure où cette stratégie de la tension, dans un climat déjà très polarisé, risque de mettre de l'huile sur le feu et d'augmenter le risque d'affrontements violents au Venezuela. Mais ils n'ont pas tenté non plus de promouvoir une solution négociée de sortie de crise, comme le fait par exemple le Mexique. Celui-ci cherche à mettre les forces en présence autour d'une table afin d'envisager un scénario de sortie de crise qui serait accepté par tous les protagonistes. C'est probablement une occasion de plus qui a été manquée d'affirmer l'UE, ou du moins une partie de l'UE, comme un acteur crédible des relations internationales.

Quel scénario vous paraît le plus probable ? Le départ de Nicolas Maduro est-il inéluctable ?

Il semble très difficile qu'il puisse se maintenir au pouvoir à moyen ou long terme. Outre les pressions diplomatiques et les sanctions économiques qui pèsent sur le régime, celui-ci a perdu toute forme de crédibilité auprès d'une immense partie de la population vénézuélienne. La dérive très autoritaire en cours depuis la défaite enregistrée aux élections législatives de décembre 2015, la corruption avérée au plus haut sommet de l'Etat, l'inflation qui croît de façon exponentielle, la pénurie de produits de première nécessité ou encore le fait que 80 à 90% des Vénézuéliens vivent désormais sous le seuil de pauvreté sont autant de facteurs qui ont rompu le lien entre la révolution bolivarienne et l'opinion vénézuélienne.

Reste à savoir comment l'éviction de Nicolas Maduro va se jouer et il est probable, comme souvent dans l'histoire du Venezuela depuis son indépendance en 1830, que les forces armées vont jouer un rôle majeur.

De quels atouts Juan Guaido peut-il disposer s'il prend effectivement le pouvoir ? A-t-il les moyens de sortir le Vénézuela de la crise ?

Juan Guaido bénéficiera assurément de l'appui de la communauté internationale et d'une grande partie de l'opinion vénézuélienne, dans un premier temps du moins. Mais trois grandes difficultés vont surgir rapidement. D'une part, il conviendra d'éviter un scénario de guerre civile entre le nouveau gouvernement et les derniers soutiens de la révolution bolivarienne, qui n'est pas totalement à exclure tant la polarisation politique est forte et les rancœurs sont profondes depuis le début des années 2000.

D'autre part, si l'opposition apparaît actuellement unie comme un seul homme dans une sorte de geste libératrice, elle n'est en réalité pas du tout homogène et il y a fort à parier que des tensions vont apparaître en son sein. Enfin et c'est sans doute le plus inquiétant, tous les spécialistes disent qu'il faudra au moins quatre ou cinq ans pour remettre à flot l'économie vénézuélienne et notamment la production pétrolière qui, faute de maintenance et d'investissements productifs, a atteint son plus bas niveau depuis près d'un demi-siècle.

1 février 2019

En Turquie, le soutien unanime au président vénézuélien Maduro vaut de l’or

Par Marie Jégo, Istanbul, correspondante - Le Monde

Du pouvoir à l’opposition, les Turcs estiment que la crise à Caracas est liée aux tentatives de déstabilisation occidentales. Mais l’amitié d’Ankara n’est pas totalement désintéressée…

LETTRE D’ISTANBUL

Il est contesté en son pays, perçu comme un paria sur la scène internationale… mais il y a un pays où le président vénézuélien Nicolas Maduro jouit d’une popularité sans égale : la Turquie. Le hashtag « We are Maduro » y est tweeté et retweeté à l’envi.

Toutes les chapelles politiques – islamo-conservateurs, chantres du nationalisme, kémalistes aguerris, militants de gauche – le soutiennent. Les islamistes louent « le champion de l’anti-impérialisme », les marxistes saluent « le révolutionnaire ».

Dans un rare élan d’unanimité, les éditorialistes de la presse progouvernementale (Sabah, Yeni Akit, Yeni Safak) et ceux de l’opposition (Sözcü, Birgün, Cumhuriyet) se sont mis à parler d’une seule voix. Maduro, disent-ils, est le jouet des puissances occidentales, les Etats-Unis au premier chef, qui veulent le renverser pour faire main basse sur les richesses du pays.

Trois ingrédients agrémentent la narration : le complot, la CIA, la manipulation des réseaux sociaux. Pour le reste, l’opposition n’existe pas et la crise économique est une vue de l’esprit. Et d’ailleurs, Nicolas Maduro n’est pour rien dans la transformation de son pays, décrit jadis comme le plus riche d’Amérique latine, en une nouvelle république de Weimar, où la population manque de tout et où les prix grimpent d’heure en heure.

Un même horizon idéologique

Le quotidien Cumhuriyet en est sûr, le président américain Donald Trump n’avait en tête que les matières premières vénézuéliennes – or, pétrole et gaz – lorsqu’il a reconnu comme légitime le président vénézuélien autoproclamé, Juan Guaido, principal opposant au régime.

Une reconnaissance qui n’est pas non plus du goût du numéro un turc Recep Tayyip Erdogan : « Si l’on ne respecte pas le résultat des élections, où est la démocratie ? » Son soutien est sans failles. « Maduro, mon frère, tiens bon. Nous sommes avec toi ! », lui a-t-il déclaré par téléphone le 24 janvier.

Erdogan, l’islamiste, a toutes les raisons de s’identifier à Maduro, le socialiste, en cette période de troubles au Venezuela si semblable au soulèvement d’une partie de l’armée turque qui a failli le renverser, en juillet 2016, avec la bénédiction des Etats-Unis. Il en est persuadé et c’est ce que pense aussi une bonne partie de la population turque.

Les présidents turc et vénézuélien ont en partage un même horizon idéologique, essentiellement anti-américain. Nicolas Maduro a visité la Turquie à quatre reprises, notamment en juillet 2018, lorsqu’il a assisté à l’investiture de son homologue, qualifié par lui de « leader du nouveau monde multipolaire ».

Ankara, premier importateur d’or vénézuélien

M. Erdogan lui a rendu la politesse, le 3 décembre 2018. A peine arrivé à Caracas, il s’est vu remettre la médaille « El Libertador » (le libérateur) ainsi qu’une épée semblable à celle de Simon Bolivar, le héros de l’indépendance vénézuélienne.

Comme le président turc ne se déplace jamais sans un aréopage d’hommes d’affaires, des contrats ont été signés, les entrepreneurs qui l’accompagnaient étant demeurés sourds aux mauvais augures du Fonds monétaire international (FMI), qui prévoit un taux d’inflation à 10 000 000 % au Venezuela pour 2019.

L’association du patronat musulman (Musiad) a ouvert une représentation sur place et la Turkish Airlines, l’une des rares compagnies aériennes présente au Venezuela, continue d’assurer ses vols vers Caracas. La liaison aérienne est vitale. Sur le tarmac de l’aéroport, des tonnes d’aide humanitaire venue de Turquie sont déchargées quotidiennement tandis que d’autres avions-cargos décollent pour Istanbul, leurs soutes remplies d’or.

Ankara est en effet le premier importateur d’or en provenance du Venezuela. De juillet à décembre 2018, plus de vingt tonnes d’or « non monétaire » (c’est-à-dire non raffiné), soit l’équivalent de près de 1 milliard d’euros, ont été acheminées vers la Turquie, officiellement pour y être raffinées. Un processus suivi de près par Tareck El Aissami, le vice-président vénézuélien chargé de l’économie, qui effectue de fréquentes visites à Ankara ; la dernière en date, le 16 janvier, l’a emmené à Corum, au nord-est de la capitale, où l’or du Venezuela est en partie traité.

Une guerre financière est dans l’air

Avant 2018, le métal précieux était acheminé pour traitement en Suisse mais cette destination n’est plus une option. « Imaginez que cet or arrive en Suisse et que l’on nous dise qu’il doit y rester en raison des sanctions », avait expliqué, en juillet, Victor Cano, le ministre du développement minier du Venezuela. Il l’avait dit pour justifier l’accord signé entre les banques centrales turque et vénézuélienne au sujet du transfert de l’or.

Des cargaisons du métal jaune vénézuélien attendent aussi d’être transportées vers la Russie, le principal soutien et le grand débiteur de Nicolas Maduro. L’agence Bloomberg affirme ainsi qu’un Boeing 777 de la compagnie charter russe Nordwind Airlines s’est posé sur l’aéroport de Caracas, le 28 janvier, dans l’attente de son chargement en or. Démenti de Moscou et de Simon Zerpa, le ministre vénézuélien des finances.

Une guerre financière est dans l’air. Soutenu par la Russie, la Turquie, la Chine, Cuba, la Corée du Nord et l’Iran, Nicolas Maduro doit faire feu de tout bois pour sauver les meubles, surtout depuis que l’administration américaine s’est mis en tête de lui « couper les fonds », comme l’a souligné Steven Mnuchin, le secrétaire au Trésor.

Heureusement pour M. Maduro, ses alliés du « front multipolaire », soit la Turquie, la Russie et l’Iran, ont déjà réfléchi à la question. Recourir au troc, miser sur l’or, privilégier l’utilisation des devises nationales dans les échanges commerciaux, telles sont les priorités de la nouvelle alliance. Tout doit être mis en œuvre pour lutter contre l’hégémonie américaine, contourner les sanctions et, si possible, affaiblir le dollar, la monnaie honnie.

Tellement honnie qu’en août 2018, la banque centrale russe a décidé de convertir en or les dollars contenus dans sa réserve, peu après s’être délestée d’une large partie de ses bons du Trésor américain. Ankara l’avait précédée sur cette voie, en juin, retirant ses réserves d’or, soit 28,6 tonnes, des coffres-forts de la Réserve fédérale américaine. « Nous n’avons rien laissé », s’était réjoui Mehmet Simsek, à l’époque vice-premier ministre.

31 janvier 2019

Des milliers de Vénézuéliens appellent l’armée à se rebeller contre Maduro

Désireux de trouver une solution pacifique à la crise politique, l’Uruguay et le Mexique ont annoncé l’organisation d’une conférence des pays « neutres » à Montevideo le 7 février.

Des milliers d’opposants vénézuéliens, menés par le président autoproclamé Juan Guaido, ont manifesté, mercredi 30 janvier, pour convaincre l’armée de tourner le dos au président Nicolas Maduro qui tente, lui, de serrer les rangs.

« Ne tirez pas contre un peuple qui se bat aussi pour sa famille », a lancé à l’appel des militaires M. Guaido, député de 35 ans et chef du Parlement contrôlé par l’opposition, à l’occasion d’un rassemblement dans la capitale Caracas.

« Une marionnette des “gringos” au Venezuela ? »

Portant une blouse médicale qu’on lui a offerte, il a défilé au côté de patients et d’infirmiers. « Nous avons retrouvé une majorité puissante qui peut changer le pays », en plein naufrage économique, s’est-il félicité. « Guaido est arrivé et l’espoir est revenu », chantaient ses partisans, tapant sur des casseroles et faisant sonner des cornes de brume.

Peu avant cette mobilisation, l’opposant a reçu les encouragements du président des Etats-Unis, Donald Trump. Les deux hommes, qui se sont entretenus par téléphone, se sont mis « d’accord pour rester en contact régulier afin de soutenir le retour vers la stabilité du Venezuela ». « Le combat pour la liberté a commencé ! », a tweeté, dans la foulée, le locataire de la Maison Blanche. De quoi prêter le flanc aux accusations de M. Maduro, qui crie au coup d’Etat orchestré par Washington.

Supervisant des manœuvres militaires à Caracas, le dirigeant socialiste a appelé l’armée à l’unité face aux appels à la rébellion des Etats-Unis et de M. Guaido, qui leur a promis l’amnistie. « Vous voulez que gouverne une marionnette des “gringos” au Venezuela ? », a-t-il lancé ensuite dans un meeting face à des jeunes Vénézuéliens.

La pression diplomatique des Etats-Unis se fait chaque jour plus insistante : premiers à accepter Juan Guaido comme président, ils martèlent que « toutes les options sont sur la table », y compris une intervention militaire. Washington se dit aussi prêt à livrer 20 millions de dollars (17,4 millions d’euros) en aliments et en médicaments, frappés de pénuries dans le pays pétrolier, mais cela passe par le feu vert de l’armée.

Dans une tribune publiée mercredi par le New York Times, Juan Guaido affirme que le soutien de l’armée est « crucial » pour parvenir à renverser le gouvernement de Nicolas Maduro. Il stipule aussi que des réunions secrètes ont eu lieu avec des membres des forces de sécurité et assure que la plupart de ses interlocuteurs ont été d’accord pour affirmer que le status quo au Venezuela ne pouvait plus continuer.

M. Guaido exige la mise en place d’un gouvernement de transition puis des élections libres, soutenu en ce sens par les Etats-Unis ainsi qu’une grande partie de l’Amérique latine et de l’Europe. M. Maduro se dit « prêt à discuter avec Donald Trump » et à « s’asseoir à la table des négociations avec l’opposition ». M. Guaido a répondu mercredi y être ouvert, seulement si cela permet « la fin de l’usurpation » du pouvoir par le socialiste.

Une quarantaine de morts et plus de 850 arrestations

Soucieux de trouver une solution pacifique à la crise politique que traverse le Venezuela, l’Uruguay et le Mexique ont annoncé de leur côté l’organisation d’une conférence des pays « neutres » à Montevideo le 7 février.

Le risque de troubles civils est élevé au Venezuela, pays pétrolier de 32 millions d’habitants, un des plus violents au monde. Neuf jours de mobilisations se sont ainsi soldés par une quarantaine de morts et plus de 850 arrestations, selon les chiffres de l’organisation des Nations unies.

Dans cette ambiance tendue, deux journalistes français étaient, mercredi, en détention depuis vingt_quatre heures, tandis que dans la soirée deux reporters de l’agence espagnole EFE ont été arrêtés et deux reporters chiliens ont été expulsés après avoir été retenus près de quatorze heures.

Des manifestations des deux camps sont prévues samedi : « Nous allons nous échauffer dans la défense de la patrie, pour nous préparer à de nouvelles batailles et de nouvelles victoires », a clamé le numéro deux du chavisme, Diosdado Cabello.

30 janvier 2019

Venezuela : Washington accentue la pression sur Nicolas Maduro

Les Etats-Unis ont menacé mardi de « sanctions supplémentaires » Caracas, qui a interdit à Juan Guaido de sortir du pays et a gelé ses comptes bancaires.

Le président Nicolas Maduro était confronté, mardi 29 janvier, à une pression croissante des Etats-Unis, qui ont brandi la menace de « sanctions supplémentaires » et donné de nouveaux gages à son opposant autoproclamé président Juan Guaido, auquel le régime vénézuélien veut interdire de quitter le pays. Le Tribunal suprême de justice (TSJ) du Venezuela a interdit mardi à l’opposant de quitter le pays et a gelé ses comptes bancaires.

Washington envisage des « sanctions supplémentaires »

« Nous recherchons toujours des sanctions supplémentaires (…) afin de s’assurer que nous protégeons les actifs du pays pour le peuple du Venezuela », a affirmé le secrétaire au Trésor américain, Steven Mnuchin. « Il n’y a pas de doute que nous essayons de couper les fonds au régime », a-t-il reconnu. Lundi, les Etats-Unis avaient déjà serré la vis sur le pétrole vénézuélien en visant la compagnie pétrolière PDVSA, à laquelle ils ont interdit de faire du commerce avec des entités américaines et dont ils ont gelé les avoirs à l’étranger.

Le département d’Etat américain a en outre annoncé, mardi, que les Etats-Unis avaient formellement donné à Juan Guaido, dont ils ont reconnu l’autorité, le contrôle des comptes bancaires de son pays sur leur territoire.

Juan Guaido a affirmé avoir « discuté avec le président » Donald Trump, commencé à prendre le contrôle des actifs du Venezuela à l’étranger et débuté « le processus de nomination des comités de direction de PDVSA et Citgo », filiale de raffineries aux Etats-Unis. Caracas dispose des plus importantes réserves de brut au monde, même si sa production a fondu par manque d’entretien des installations.

Caracas vise Guaido

Furieux des sanctions américaines, Nicolas Maduro a réagi en lançant : « Le sang qui peut couler au Venezuela sera sur vos mains, Donald Trump. » Impuissant face au géant américain, le régime de Maduro a choisi de s’attaquer à Juan Guaido. Le procureur général, Tarek William Saab, avait ainsi annoncé l’ouverture d’« une enquête préliminaire » et demandé l’application de « mesures de précaution » contre M. Guaido, dont « l’interdiction de sortir du pays » et « le blocage de ses comptes ».

La Maison Blanche a mis en garde mardi le gouvernement de Nicolas Maduro contre la tentation de s’en prendre à Juan Guaido. « Ceux qui tentent de saboter la démocratie et de s’en prendre à Guaido en subiront les conséquences », a tweeté John Bolton, conseiller à la sécurité nationale de Donald Trump.

Les Etats-Unis ont appelé mardi les ressortissants américains à « ne pas se rendre » au Venezuela en raison des risques pour leur sécurité en pleine crise politique et diplomatique.

Le Parlement nomme des « représentants diplomatiques »

Déterminé à provoquer le départ de M. Maduro, le Parlement vénézuélien, dirigé par Juan Guaido, 35 ans, se réunissait mardi pour débattre d’un « plan de sauvetage du pays » et de la possibilité d’« élections libres et transparentes ». Des tensions étaient perceptibles peu avant le début de la session, alors que des militants chavistes s’étaient réunis face au Parlement.

Le Parlement a nommé des « représentants diplomatiques » (ambassadeurs et chargés d’affaires) dans une dizaine de pays ayant reconnu son chef, en tant que président par intérim. Les pays concernés sont l’Argentine, le Canada, la Colombie, le Costa Rica, l’Equateur, les Etats-Unis, le Honduras, le Panama et le Pérou, ainsi que le « Groupe de Lima », groupe d’une dizaine de pays du continent américain, qui ont tous décidé de ne plus reconnaître le socialiste Nicolas Maduro comme chef de l’Etat.

Juan Guaido, qui dirigeait la séance parlementaire au cours de laquelle ces nominations ont été approuvées, en a profité pour s’adresser aux 2,3 millions de Vénézuéliens qui, selon l’ONU, ont quitté le pays depuis 2015 en raison de la grave crise économique. « Vous nous manquez. Voici vos représentants, qui vont veiller à vos intérêts, mais aussi à votre retour rapide dans la patrie », a-t-il déclaré sous les applaudissements des députés.

Appel à de nouvelles manifestations

Juan Guaido appelle à manifester mercredi puis samedi, alors que tous les regards sont tournés vers son pays, en plein naufrage économique. Les manifestations d’opposants ont fait plus de quarante morts en une semaine, a affirmé l’ONU mardi. L’ONG vénézuélienne Provea a fait état d’au moins trente-cinq morts, mais a aussi évoqué huit « exécutions illégales » lors d’opérations policières.

La communauté internationale redoute une catastrophe humanitaire au Venezuela, qui se débat entre hyperinflation (10 000 000 % en 2019 selon le FMI) et graves pénuries de nourriture et de médicaments.

Bataille diplomatique

Dans le camp des partisans de Maduro, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a fustigé les sanctions « illégales » de Washington. La Russie a investi des milliards de dollars dans les hydrocarbures et les armes au Venezuela. Principal créancier de Caracas, la Chine s’est elle aussi dite « opposée » à ces sanctions qui « vont mener à une détérioration dans la vie de la population au Venezuela ». Outre Pékin et Moscou, Nicolas Maduro reste soutenu par la Corée du Nord, la Turquie ou encore Cuba.

Mais de plus en plus de voix se rallient à Juan Guaido, notamment en Europe où six pays (Espagne, France, Allemagne, Royaume-Uni, Portugal, Pays-Bas) ont donné jusqu’à dimanche au président socialiste pour convoquer des élections, faute de quoi ils reconnaîtront son adversaire.

Des dissensions se font jour au sein de l’armée

Le deuxième angle d’attaque de l’opposition et de Washington est l’armée, l’autre pilier qui maintient au pouvoir le chef de l’Etat depuis 2013 mais où des dissensions ont commencé à apparaître. John Bolton, conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, a exhorté l’armée à accepter une transition « pacifique, démocratique et constitutionnelle » du pouvoir.

Juan Guaido a offert l’amnistie aux fonctionnaires et militaires acceptant de le soutenir. Mardi, il a lancé sur Twitter un appel aux fonctionnaires de la justice : « A ceux qui sont au siège du Tribunal suprême : le régime est dans sa phase finale, c’est inéluctable, et vous n’avez pas à vous sacrifier pour l’usurpateur [Maduro] et sa bande ! »

29 janvier 2019

Venezuela : le président autoproclamé "remercie Emmanuel Macron pour son soutien à la démocratie"

Juan Guaido s'est félicité que le président français suive "de très près la situation au Venezuela".

Au Venezuela, le bras-de-fer continue entre le président Nicolas Maduro et son opposant Juan Guaido, président du Parlement qui s'est autoproclamé chef de l'État par intérim. Ce dernier a répondu aux questions des envoyés spéciaux de franceinfo dans le pays, mardi 29 janvier, alors qu'il se rendait dans l'hémicyle. Pour la première fois, Juan Guaido a "remercié Emmanuel Macron pour son soutien à la Constitution, à la lutte pour la liberté et la démocratie au Venezuela", alors que le président français avait déclaré le 24 janvier que l'Europe "soutenait la restauration de la démocratie" après "l’élection illégitime de Nicolas Maduro en mai 2018".

"Un soutien important à la cause vénézuélienne"

"Emmanuel Macron a suivi de très près la situation au Venezuela, s'est félicité Juan Guaido. Il s'intéresse beaucoup aux questions de démocratie et de liberté... Pas seulement au Venezuela, mais dans le monde entier. Et je crois qu'il y a un soutien important à la cause vénézuélienne."  

"Ce qu'on voit en ce moment au Venezuela, a poursuivi l'opposant, c'est le résultat de beaucoup de sacrifices, d'efforts et de contestations. Nous avons rejeté le résultat électoral du 20 mai dernier. Nous sommes parvenus à ce que tout le monde reconnaisse notre Constitution et la cause démocratique vénézuélienne."

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