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Jours tranquilles à Paris
juan guaido
28 janvier 2019

Venezuela : Juan Guaido appelle à manifester pour faire basculer l’armée

Ces deux rassemblements sont prévus mercredi et samedi, alors que l’ultimatum lancé à Nicolas Maduro par six pays européens pour l’organisation d’élections libres expire dimanche.

Pour faire basculer l’armée, principal soutien du président élu Nicolas Maduro, le président autoproclamé du Venezuela, Juan Guaido, mise sur deux manifestations, mercredi 30 janvier et samedi 2 février.

« Mercredi de midi à 14 heures, partout au Venezuela nous descendrons dans les rues (…) pour exiger des forces armées qu’elles se mettent du côté du peuple, et samedi [nous appelons à] une grande mobilisation dans tout le Venezuela et le monde pour accompagner le soutien de l’Union européenne et l’ultimatum », a déclaré dimanche 27 janvier le député de droite de 35 ans, chef du Parlement.

Six pays européens (Espagne, France, Allemagne, Royaume-Uni, Portugal, Pays-Bas) ont donné samedi à Nicolas Maduro huit jours pour organiser des élections, faute de quoi ils reconnaîtront Juan Guaido comme président. L’ultimatum expirera dimanche 3 février.

L’Union européenne a brandi pour sa part une menace plus floue : elle « prendra des mesures » si des élections ne sont pas convoquées « dans les prochains jours », y compris concernant « la reconnaissance du leadership » dans le pays. Samedi, « nous célébrerons ce soutien inédit du monde entier à notre cause, mais aussi en comptant sur le fait que sera sur le point d’expirer l’ultimatum de l’Union européenne (sic), pour parvenir à la fin de l’usurpation, au gouvernement de transition et à la convocation d’élections libres », s’est félicité Juan Guaido. Jusqu’à présent, Nicolas Maduro se montre inflexible. « Personne ne peut nous donner d’ultimatum », a-t-il déclaré à la chaîne CNN Turk.

Une offre d’amnistie pour les militaires et fonctionnaires

Encouragé par le soutien international, Juan Guaido cherche à fissurer la loyauté de l’armée, essentielle au maintien au pouvoir de Nicolas Maduro depuis 2013. Il offre donc l’amnistie aux fonctionnaires et militaires acceptant de le soutenir, dans une loi que ses partisans se sont chargés de distribuer dimanche aux centres de police et de l’armée du pays.

« Aujourd’hui, nous sommes allés tendre la main (…) Soldat du Venezuela, nous plaçons nos espoirs en toi et en ton engagement envers notre Constitution », a-t-il déclaré. « Ce n’est pas le moment d’avoir peur. »

Face aux opposants qui leur remettaient le texte de loi, certains soldats ont toutefois brûlé ou déchiré le document, qui offre « toutes les garanties constitutionnelles » aux militaires et civils qui « collaborent à la restitution de la démocratie ». « L’armée est avec notre commandant en chef, Nicolas Maduro », a déclaré l’un d’eux.

Des dissensions apparaissent

Pendant ce temps, Nicolas Maduro supervisait des exercices militaires au fort Paramacay, dans le nord du Venezuela. « Genou à terre pour combattre le coup d’Etat, je le dis à toutes les forces armées bolivariennes : union maximale, discipline maximale, cohésion maximale », a-t-il lancé aux troupes. Il les a aussi mises en garde : « Etes-vous des putschistes ou respectez-vous la Constitution ? (…) Traîtres jamais, loyaux toujours ! »

Des dissensions commencent en effet à apparaître. Attaché militaire du Venezuela à Washington, le colonel José Luis Silva a annoncé samedi ne plus reconnaître M. Maduro comme président légitime et a exhorté ses « frères militaires » à faire de même.

« Soldat du Venezuela, je te donne un ordre : ne réprime pas les manifestations pacifiques (…), ne tire pas sur le peuple », a lancé Juan Guaido, après une semaine de mobilisations qui s’est soldée par 29 morts et plus de 350 arrestations.

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27 janvier 2019

ONU : la communauté internationale divisée sur la crise politique au Venezuela

Par Marie Bourreau, New York, Nations unies, correspondante - Le Monde

La Russie et la Chine ont dénoncé l’ingérence américaine dans les affaires intérieures du pays. Caracas a rejeté un ultimatum de Madrid, Paris et Berlin réclamant des élections libres.

Washington avait espéré réunir un soutien – sous la forme d’une déclaration – pour encourager la transition démocratique au Venezuela et son président autoproclamé Juan Guaido. Mais le secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo est reparti d’une réunion d’urgence du Conseil de sécurité des Nations Unies (ONU), samedi 26 janvier, avec un aperçu des divisions profondes qui animent la communauté internationale sur la réponse à apporter à la crise politique qui secoue le pays depuis le 23 janvier.

La Russie, la Chine, la Guinée Equatoriale et l’Afrique du Sud ont commencé par tenter d’empêcher la tenue de la réunion réclamée par Washington, en faisant valoir que la crise politique que traverse ce pays d’Amérique latine n’était pas une menace à la paix et la sécurité dans le monde.

« Si quelque chose représente une menace (…), ce sont les actions honteuses et agressives des Etats-Unis et de leurs alliés qui visent à évincer un président du Venezuela légitimement élu », a déclaré l’ambassadeur russe, Vassily Nebenzia, qui a accusé Washington de fomenter un coup d’Etat au Venezuela.

Faux, ont répondu neuf des quinze membres qui ont rappelé l’exode de plus de trois millions de Vénézuéliens dans les pays limitrophes, dont près de 700 000 au Pérou, faisant peser sur ces Etats un risque de déstabilisation grave.

« Tentatives d’ingérences »

La réunion a donc eu lieu, et elle a permis aux amis du président Nicolas Maduro de s’exprimer. La Chine, la Russie, la Bolivie, le Nicaragua, la Bolivie et des pays des Caraïbes ont indiqué leur soutien à son gouvernement et ont dénoncé « les tentatives d’ingérences » dans les affaires intérieures vénézuéliennes. Moscou a violemment dénoncé les « jeux sales » de Washington et ses tentations de « changement de régime » en Amérique latine, « son sport favori » a ironisé M. Nebenzia, en rappelant l’historique de la baie des Cochons à Cuba ou de l’affaire Iran-Contra au Nicaragua. « Vous mettez le pays au bord du précipice d’une guerre intestine sanglante », a-t-il encore prévenu.

Très offensif, Mike Pompeo a rappelé le lourd passif de violation des droits de l’homme du président Maduro, qui « n’hésite pas à affamer » son peuple pour mener « une expérience socialiste ». La situation humanitaire dans le pays exige « une réaction immédiate » de la communauté internationale, a exhorté M. Pompeo qui a rejeté « les indécisions et les tentatives de diversion ». Les Vénézuéliens « ne peuvent plus attendre », a-t-il soutenu avant de demander à ses alliés de choisir leur camp, « soit du côté de la force de la liberté soit du côté du chaos et de Maduro ».

Symptomatique des relations de plus en plus difficiles avec Pékin et Moscou, le secrétaire d’Etat américain a par ailleurs accusé la Chine et la Russie de « soutenir un régime en faillite dans l’espoir de récupérer des milliards de dollars grâce à des investissements inconsidérés et à une assistance consentie au fil des ans ».

Les Européens, qui soutiennent, pour leur part, une position alternative – l’organisation d’élections libres sous huit jours sous peine de reconnaître Juan Guaido comme président – ont peiné à convaincre. Seuls Paris, Berlin et Madrid soutiennent officiellement cette proposition et l’ultimatum fixé par les capitales a été immédiatement rejeté par Caracas et ses soutiens. « L’Europe nous donne huit jours ? Pourquoi ? D’où tire-t-elle qu’elle peut nous imposer une telle idée ? C’est infantile », s’est élevé le ministre des affaires étrangères vénézuélien Jorge Arreaza.

« Pourquoi Macron se penche-t-il sur le Venezuela au lieu de se pencher sur la crise des “gilets jaunes” ? », s’est aussi interrogé à voix haute M. Arreaza. Paris a immédiatement rejeté une comparaison « déplacée et hors sujet » en rappelant que « les élections en France sont démocratiques » et que le gouvernement traite des « affaires intérieures dans le respect de l’état de droit et le dialogue ».

Sortie de crise difficile

Les débats, qui ont duré près de cinq heures, ont laissé entrevoir une sortie de crise difficile. « Toutes les parties devront très bientôt céder du terrain et négocier les conditions de la transition, y compris les réformes en profondeur nécessaires pour organiser des élections honnêtes. Sinon, les tensions dans le pays et les appels à une intervention militaire vont s’aggraver », a insisté Ivan Briscoe, directeur pour l’Amérique latine de l’International Crisis Group.

Le chef de la diplomatie vénézuélienne n’a d’ailleurs pas manqué de souligner l’ironie de la présence autour de la table en forme de fer à cheval du Conseil de sécurité d’Elliott Abrams, nommé par le département d’Etat vendredi envoyé spécial au Venezuela. Alors jeune diplomate sous l’administration de Ronald Reagan, M. Abrams avait organisé le financement des rebelles Contra au Nicaragua sans l’approbation du Congrès américain. Il avait menti deux fois sur son rôle avant d’être gracié en 1991 par George H. W. Bush.

Les alliés de Caracas n’ont pas hésité à y lire une réhabilitation de la doctrine Monroe par l’administration Trump, faisant de l’Amérique latine une arrière-cour des Etats-Unis qui échapperait à leur politique de non-intervention. Le Venezuela pourrait en être le premier exemple.

25 janvier 2019

Au Venezuela, Juan Guaido, chef de l’opposition par hasard, « président » par effraction

Par Marie Delcas, Bogota, correspondante

Propulsé à la tête de l’Assemblée nationale le 5 janvier parce que son parti n’avait plus de chefs, le jeune dirigeant de 35 ans a multiplié les initiatives pour chasser le président Maduro du pouvoir.

Inconnu au bataillon médiatique il y a encore trois semaines, Juan Guaido a fait la une de la presse latino-américaine, jeudi 24 janvier. La veille, à Caracas, le tout nouveau président de l’Assemblée nationale vénézuélienne s’était autoproclamé président de la République par intérim « devant Dieu tout puissant » et devant la foule des manifestants venue exiger le départ de l’actuel chef de l’Etat Nicolas Maduro.

A 35 ans, et sans être passé par les urnes, Juan Guaido est désormais « le président légitime » du pays pour les Américains et leurs alliés sud-américains. Pour M. Maduro, il est « un gamin qui joue à la politique », une « marionnette de l’Empire », un « putschiste ». Le chef de l’Etat se targue, lui, d’avoir été élu et réélu. Mais, de par le monde, une soixante de pays contestent sa réélection et jugent illégitime son deuxième mandat, entamé le 10 janvier.

Propulsé sur le devant de la scène

Pour les opposants, le jeune député à la figure élancée et au verbe parfois hésitant est l’homme qui leur a rendu l’espoir. « Le soir du réveillon, nous étions complètement déprimés, racontait Victoria, 46 ans, qui est descendue dans la rue mercredi. Rien ni personne ne semblait capable de freiner la descente aux enfers du pays. Rien ni personne ne semblait capable de déloger le gouvernement de Nicolas Maduro. Aujourd’hui, nous nous sentons capables de tout. »

« Juan Guaido n’était pas dans le radar des médias », admet la journaliste Luz Mely Reyes. Personne n’avait pensé à ce député discret pour assurer la relève d’une opposition à bout de souffle dans un pays ravagé par la crise économique. Propulsé sur le devant de la scène politique par hasard, Juan Guaido a su séduire. La fonction a fait l’homme, et M. Guaido n’a cessé de gagner en assurance.

Le 5 janvier, il a été désigné à la tête de l’Assemblée nationale, parce que les partis d’opposition qui y sont majoritaires depuis 2015 ont convenu de faire tourner sa présidence. Sauf que son parti, Voluntad Popular (VP, droite), dont le tour était venu, est aujourd’hui acéphale. Le leader de VP, Leopoldo Lopez, purge à domicile une peine de quatorze ans de prison. Le numéro deux du parti, Carlos Vecchio, a choisi de s’exiler pour échapper à la justice, étroitement contrôlée par le pouvoir. La troisième figure de VP, Freddy Guevarra, s’est réfugié à l’ambassade du Chili en 2017.

Pavé au poing

Dès son investiture, M. Guaido a multiplié les initiatives. L’Assemblée nationale a déclaré le président Nicolas Maduro « usurpateur » et a planché sur une loi d’amnistie pour inciter les militaires à le lâcher. Ces mesures sont symboliques, les députés ayant été dépourvus de tout pouvoir. Mais, aux yeux de l’opposition et d’une partie de la communauté internationale, l’Assemblée est la seule institution « légitime » dans un Etat noyauté par les chavistes.

Juan Guaido est originaire de l’Etat du Vargas. Avec sa mère et ses six frères et sœurs, il a quitté la région après les inondations meurtrières de 1999. La famille s’est installée à Caracas. Au sein de la droite bien née, il fait figure d’homme simple. Ingénieur électrique de formation, il est entré en politique dans la rue, à l’occasion des manifestations étudiantes de 2007 contre Hugo Chavez.

Dix ans plus tard, en 2017, il est encore dans la rue lors des violentes manifestations contre le gouvernement de Nicolas Maduro. Pavé au poing, il a gagné ses galons d’opposant radical et peut se permettre aujourd’hui de se montrer conciliant. Jeudi, devant les caméras de la chaîne CNN, M. Guaido a évoqué la possibilité d’octroyer les bénéfices de la loi d’amnistie à Nicolas Maduro et son gouvernement.

« L’homme du moment »

Fabiana, son épouse de 26 ans au parler franc, contribue également à l’image du nouveau leader. Le 22 janvier, la jeune femme a adressé aux militaires de son pays un message vidéo pour leur demander de « remplir leur devoir » et de s’unir à la cause de la transition démocratique. Le couple a une petite fille de 20 mois.

Pour l’ancien diplomate Nicolas Rojas, « l’histoire nous dit que ces personnages qui surgissent d’un moment historique pour assurer la transition vers la démocratie ne durent pas forcément. Ce fut le cas d’Alfonso Suarez en Espagne. Peu importe que Guaido n’ait pas l’étoffe d’un grand chef d’Etat. Il est l’homme du moment ».

L’opposition n’en doute pas. Mais Juan Guaido n’a joué que la première manche d’une partie qui est loin d’être gagnée. Nicolas Maduro continue pour sa part de répéter qu’il n’envisage pas de démissionner.

24 janvier 2019

Venezuela : le président du Parlement s’autoproclame « président en exercice »

juan

Juan Guaido, opposant au président Nicolas Maduro, a prêté serment, mercredi, à Caracas. Donald Trump l’a aussitôt reconnu officiellement.

Juan Guaido, le président du Parlement vénézuélien, contrôlé par l’opposition, s’est autoproclamé, mercredi 23 janvier, « président en exercice » du pays devant des dizaines de milliers de partisans, réunis à Caracas pour protester contre le président Nicolas Maduro. « Je jure d’assumer formellement les compétences de l’exécutif national comme président en exercice du Venezuela pour parvenir (…) à un gouvernement de transition et obtenir des élections libres », a lancé l’opposant de 35 ans depuis une tribune.

Totalement inconnu il y a encore quelques mois, cet ingénieur, membre du parti Volonté populaire (VP), est devenu, le 5 janvier, le plus jeune président du Parlement et s’est imposé comme le principal adversaire du chef de l’Etat vénézuélien. Il a réussi à remobiliser les adversaires du président, divisés et affaiblis ces derniers temps. C’est « un gamin qui joue à la politique », a dit de lui Nicolas Maduro. La Cour suprême vénézuélienne, plus haute juridiction du pays, composée de fidèles au régime, a ordonné une enquête pénale contre les membres du Parlement, en les accusant d’usurper les prérogatives du président Maduro.

L’armée rejette l’autoproclamation de Juan Guaido comme président par intérim, a affirmé, mercredi, le ministre de la défense, Vladimir Padrino. « Le désespoir et l’intolérance portent atteinte à la paix de la nation. Nous, soldats de la patrie, nous n’acceptons pas un président imposé à l’ombre d’intérêts obscurs ni autoproclamé en marge de la loi. L’armée défend notre Constitution et est garante de la souveraineté nationale », a écrit le ministre sur Twitter.

Adoubement américain

Donald Trump, lui, l’a aussitôt reconnu. « Aujourd’hui, je reconnais officiellement le président de l’Assemblée nationale vénézuélienne, Juan Guaido, comme président par intérim du Venezuela », a-t-il indiqué dans un communiqué. Jugeant que l’Assemblée nationale était « la seule branche légitime du gouvernement », M. Trump rappelle que cette dernière a déclaré le président Nicolas Maduro « illégitime ».

« Le peuple du Venezuela a courageusement parlé contre Maduro et son régime et exigé la liberté et l’Etat de droit, écrit le président américain. Je continuerai à utiliser toute la puissance économique et diplomatique des Etats-Unis pour faire pression en faveur du rétablissement de la démocratie vénézuélienne. »

Un responsable américain a précisé par ailleurs que « toutes les options » étaient sur la table si le régime Maduro avait recours à la violence. « Les Vénézuéliens ont trop longtemps souffert aux mains du régime illégitime de Maduro », a ajouté M. Trump un peu plus tard dans un tweet tandis que le chef de la diplomatie, Mike Pompeo, appelait explicitement Nicolas Maduro à « céder la place ».

En réaction, Nicolas Maduro a annoncé que son pays rompait ses relations diplomatiques avec les Etats-Unis. « Dehors ! Qu’ils s’en aillent du Venezuela, ici il y a de la dignité, voyons ! », a déclaré M. Maduro, qui a donné soixante-douze heures aux représentants diplomatiques américains pour quitter le pays.

« Les Etats-Unis ne reconnaissent pas le régime de Maduro. (...) Par conséquent, les Etats-Unis ne considèrent pas que l’ancien président Nicolas Maduro ait l’autorité légale pour rompre les relations diplomatiques avec les Etats-Unis ou pour déclarer nos diplomates persona non grata », a rétorqué dans un communiqué le département d’Etat américain.

Reconnu par le Canada et plusieurs pays latino-américains

Le Brésil, dont le nouveau président Jair Bolsonaro affiche constamment son hostilité à M. Maduro, « reconnaît Juan Guaido comme président », a écrit le ministère des affaires étrangères. Mais contrairement à Washington qui n’excluait pas d’intervenir si M. Maduro écrasait la contestation par la force , Brasilia a écarté cette idée. « Notre politique extérieure n’est pas d’intervenir dans les affaires internes d’autres pays », a déclaré à la presse à Davos, en Suisse, le vice-président Hamilton Mourao.

Dix autres pays membres du groupe de Lima, qui dénonçait régulièrement les abus du régime de M. Maduro, ont également dit reconnaître M. Guaido : Argentine, Canada, Chili, Colombie, Costa Rica, Guatemala, Honduras, Panama, Paraguay et Pérou. Le secrétaire général de l’Organisation des Etats américains (OEA), Luis Almagro, a également félicité M. Guaido. « Il a toute notre reconnaissance pour impulser le retour de la démocratie dans ce pays », a-t-il écrit sur Twitter.

Le Mexique maintient lui son soutien au président Maduro. Tout comme Cuba, où le président Miguel Diaz-Canel a exprimé sur Twitter son « soutien et solidarité au président Nicolas Maduro devant les tentatives impérialistes pour discréditer et déstabiliser la Révolution bolivarienne ».

L’Union européenne (UE) a appelé à écouter la « voix » du peuple du Venezuela et a réclamé des élections « libres et crédibles ». « Les droits civils, la liberté et la sécurité de tous les membres de l’Assemblée nationale, y compris de son président, Juan Guaido, doivent être (...) pleinement respectés », a ajouté la haute représentante de l’UE, Federica Mogherini, au nom des Vingt-Huit. Le président du Conseil européen, Donald Tusk, a dit sur Twitter « espérer que toute l’Europe va être unie en soutien des forces démocratiques au Venezuela ». « Contrairement à Maduro, l’Assemblée parlementaire, y compris Juan Guaido, ont un mandat démocratique », a-t-il ajouté. En France, l’Elysée consulte ses partenaires européens, a déclaré une source interne à l’Agence France-Presse (AFP).

« Rendez-vous historique »

Opposants et partisans du président Nicolas Maduro sont descendus en masse dans les rues mercredi dans tout le pays, dans un climat de haute tension. Treize personnes ont été tuées en deux jours dans le cadre de ces manifestations antigouvernementales, a dit à l’AFP mercredi une organisation non gouvernementale de défense des droits humains. Ces morts, la majorité par arme à feu, ont été enregistrées dans la capitale Caracas aussi bien que dans d’autres régions du pays, selon l’Observatoire vénézuélien des conflits sociaux (OVCS), organisation d’opposition au président Nicolas Maduro.

« Nous avons un rendez-vous historique avec notre pays, avec l’avenir de nos enfants », a lancé mardi, en pleine session parlementaire, le président du Parlement, unique institution contrôlée par l’opposition. Juan Guaido avait appelé, le 11 janvier, au lendemain de l’investiture de Nicolas Maduro pour un deuxième mandat contesté, à une « grande mobilisation dans tous les coins du Venezuela ».

De leur côté, les partisans du gouvernement, habillés de rouge pour la plupart, se sont retrouvés dans d’autres points de la capitale pour apporter leur soutien au chef de l’Etat et rejeter les revendications de l’opposition, qu’ils considèrent comme une tentative de coup d’Etat orchestrée par Washington. « L’unique transition au Venezuela est celle vers le socialisme », a déclaré, mardi, Diosdado Cabello, le président de la puissante Assemblée constituante, fidèle à Maduro, qui a également appelé les partisans du gouvernement à manifester en nombre dans différentes régions du pays.

Climat explosif

En cette date historique, qui célèbre les soixante et un ans de la chute de la dictature de Marcos Perez Jimenez, le 23 janvier 1958, les opposants et partisans du président socialiste souhaitaient compter leurs forces.

Le président vénézuélien a été investi le 10 janvier pour un deuxième mandat, contesté par l’opposition et non reconnu par les Etats-Unis, l’UE et de nombreux pays d’Amérique latine.

Les commerces, écoles et institutions sont restés fermés mercredi, tandis que de rares véhicules étaient visibles dans les rues. Les violentes manifestations de 2017 qui ont fait 125 morts sont encore dans toutes les mémoires.

Ces mobilisations sont organisées dans un climat explosif, deux jours après le bref soulèvement d’un groupe de vingt-sept militaires qui se sont retranchés quelques heures dans une caserne du nord de Caracas, en lançant des appels à l’insurrection.

Dans sa première allusion à cet événement, plus de vingt-quatre heures après l’arrestation des militaires rebelles, Nicolas Maduro a déclaré, mardi, que l’armée « avait donné d’innombrables preuves de discipline, de cohésion, de préparation pour affronter n’importe quelle menace des ennemis de la patrie ».

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