Week end du patrimoine - A la découverte du Mur de l’Atlantique au Bego, dimanche prochain
Madeleine Juberay, directrice de l’office de tourisme, conduira la visite. Et pour la première fois, l’association Liberty Breizh Memory Group ouvrira le bunker au public
Entretien
Madeleine Juberay ,directrice de l’office de tourisme.
Depuis plusieurs années vous organisez en été des visites du Mur de l’Atlantique. D’où vient cette idée ?
C’est en 2004 que j’ai organisé la première visite. À mon arrivée à Plouharnel, il y a une quinzaine d’années, je partageais mon temps entre la bibliothèque et l’office de tourisme. Dans le cadre de la mission culturelle à la bibliothèque, j’ai été chargé de faire découvrir aux enfants de la commune le patrimoine local. J’ai donc fait un travail de collectage d’informations sur les différents monuments de la commune. Je me suis découvert alors une passion pour tout ce patrimoine. C’est l’essence même de cette visite du Mur de l’Atlantique sur notre commune, comme la visite du vieux bourg, de Sainte-Barbe ou encore des mégalithes.
Ces visites, principalement organisées en été, sont-elles réservées à un public de connaisseurs ?
Pas du tout. Les visites organisées en été sont plus orientées vers les vacanciers. Nombre d’entre eux ont déjà visité d’autres sites du Mur de l’Atlantique. Mais tout au long de l’année, je conduis également des visites pour des groupes constitués. Certains sont très pointus et viennent ici pour compléter des connaissances. D’autres au contraire veulent se rendre compte, comme généralement les vacanciers en été. Très souvent ils sont impressionnés par la réalité de ce qu’a été ce mur pendant la guerre. La tour de tir, l’emplacement des quatre cuves à canon ou encore le bunker de commandement sont autant de lieux qui font notre histoire. Au retour des visites, les gens se disent surpris. Cela va bien audelà de ce qu’ils pensaient. Parfois des questions plus précises se font jour, comme par exemple de savoir si les habitants locaux travaillaient sur ce site. Et quand je réponds par l’affirmative, du fait des conditions financières intéressantes proposées par l’occupant, certains se sentent peu à l’aise. Ils assimilent cela à du travail avec l’ennemi.
Vous avez décidé de proposer une visite pendant ces Journées. Pourquoi ?
Ces journées font état du patrimoine. Or ce mur est un patrimoine. Et puis, pour la première fois, l’association Liberty Breizh Memory Group ouvrira le bunker dont ils ont la charge au public.
Dimanche, à 14 h 30, devant le Musée de la chouannerie, route de Quiberon. Tarif 2 €, gratuit pour les moins de 12 ans. Source Ouest France
http://jourstranquilles.canalblog.com/archives/2013/09/08/27852069.html
http://jourstranquilles.canalblog.com/archives/2014/08/01/30343275.html
http://jourstranquilles.canalblog.com/archives/2015/08/15/32489282.html
Voir mes précédents billets sur "Le Mur de l'Atlantique" en Bretagne :
PLOUHARNEL : Une balade à travers les... 17/07/2015
Bretagne : Ici tournait le chantier de... 20/09/2014
Les asperges de Rommel... à Kerhillio... 07/06/2014
Plouharnel : Les vestiges du Mur de... 23/10/2013
Plage de Kerminihy - Erdeven - Bunkers... 22/10/2013
Plouharnel - le site du Bégo (tourisme... 19/09/2013
Bretagne - Le mur de l'atlantique 16/04/2013
Erdeven. Les asperges de Rommel... 01/03/2013
Le site du Bégo - Presqu'île de Quiberon 11/08/2012
Pour y accéder (après avoir noté les différentes dates) voir l'historique en cliquant sur le lien suivant : http://jourstranquilles.canalblog.com/archives/index.html
Plouharnel - le site du Bégo (tourisme historique)
LE MUR DE L'ATLANTIQUE
Après une reconnaissance de terrain, les allemands choisissent Plouharnel qui possède 1 400 hectares de dunes, placées depuis 1927 sous une servitude dite de « champ de tirs » vierge de toute habitation. Plouharnel se trouve non loin de la base de Lorient et apparaît comme un lieu stratégique permettant de couvrir toute la côte morbihannaise depuis l'embouchure de la Laïta (Finistère) jusqu’à Belle-lle. Une batterie sur l'Ile de Croix assurera un point d'appui supplémentaire. La batterie du Bégo servira de défense éloignée de la ville de Lorient et interdira l’approche par mer en venant du sud. Dès le printemps 1941, les allemands investissent donc les dunes. Commence alors la construction d'ouvrages bétonnés qui formeront une des trois plus importantes batteries de la façade atlantique. Trois cents soldats prennent leur quartier au Bégo. L'organisation Todt, chargée du suivi des travaux, emploie des volontaires venus des pays conquis, attirés par un salaire correct, des prisonniers de guerre français, en général originaires des colonies, des déportés. .. 4 000 morbihannais y travaillent. Deux années seront nécessaires à la construction de ce point d'appui.
Une véritable petite ville naîtra au milieu des dunes !
Une route
Très vite, on construit à travers la dune une route en ciment pour l'acheminement des matériaux et de l'artillerie.
Un réseau ferroviaire
A partir de la ligne ferroviaire Auray-Quiberon, on organise un éventail de nouveaux rails et d'aiguillages permettant de rejoindre les positions de tir. Une seconde dérivation de la voie ferrée Auray-Quiberon arrive jusqu'à la barre d'Etel qui approvisionnait en sable les chantiers de construction de la base sous-marine de Lorient. Un hôpital, des baraquements en bois à usage d’habitation apparaissent en bordure de la route cimentée.
Des tranchées
Des tranchées rectilignes sont creusées dans le sable pour y installer les réseaux de câbles électriques et les conduites d'eau.
Un château d’eau
Un château d’eau permet l'arrivée de l'eau courante indispensable à la survie de ce « peuple des dunes » et à la fabrication du béton. Quatre cuves immenses pour loger les canons 340 B tirant à plus de 30 km.
Cette batterie nommée Va300 formera un triangle entouré de quelques 38 000 mines, délimité par des kilomètres de barbelés isolant 3 canons d’une portée de plus de 30 kilomètres. Des tranchées relieront les abris à personne à trois positions de tir. Sur le littoral, des obstacles de plage, pieux et poteaux de bois compléteront la défense, suite à la visite de Rommel le 13 avril 1944.
Chaque canon
Caractéristiques
Poids total : ' 66 tonnes
Longueur du canon : 16,15 mètres
Amplitude pointage vertical : - 8 à + 45°
Amplitude pointage latéral :10°
Poids de projectile : 427 kilos
Vitesse initiale : 860 mètres/seconde
Portée maximale : 33.200 mètres.
Les trois canons : Destinés primitivement à la Marine Française, transformés en 1914 dans les ateliers de St Chamont pour l'armée de Terre, trois canons 340B achèvent leur longue carrière dans les dunes de Plouharnel. Transportés par voie ferrée, le seul tube d'un canon pèse plus de 67 tonnes. Afin de mesurer les tirs, une première tour provisoire en bois est construite. Puis, en 1944, une tour d’observation en béton haute d'environ 20 m (6 étages) avec des murs de 2 m d'épaisseur se dresse vers le large. Au sommet, un télémètre, appareil optique de 5 m d'envergure nécessaire à l'appréciation des distances de tir des canons, est installé.
Un poste de commandement se trouve au pied de la tour d'observation. Des centaines de bunkers, casemates, tobrouks, abris à munition surgiront du sable. Aujourd’hui on compte encore une centaine de vestiges de cette période. Le site est visible et ouvert au public.
Certains s'interrogent sur la présence de ces « blocs de béton » qui dénaturent le paysage. Faut-il faire table rase de ces témoins du patrimoine militaire du 20ème siècle ou doit-on au contraire, préserver durablement ces traces du passé en aménageant ce site ?
Quelques définitions :
TOBROUK : trou individuel bétonné pour mitrailleuses lourdes ou légères, mortiers, touretles de char.
BLOCKHAUS : l'usage du mot Blockhaus est erroné. Il nous vient du nom des abris allemands en bois de la première guerre mondiale et veut dire maison en rondin, il n'est pas du tout utilisé par la Wehrmacht sur l'Atlantikwall. Les allemands utilisent le mot Bunker et quelquefois le mot blockhaus pour nommer les abris à personnels.
BUNKER : terme générique désignant les constructions militaires allemandes en béton.
CASEMATE : de l'espagnol casa (maison) et matar (tuer). Abri pour pièces d'artillerie.