HAB GALERIE SOLO GROUP SHOW TATURO ATZU, TATZU NISHI, TATZU OOZU, TAZU ROUS, TATSUROU BASHI, TAZRO NISCINO
Tatzu Nishi (Voyage à Nantes 2015) par TELENANTES
C’est au créateur de la Villa Cheminée à Cordemais d’investir de son humour provocateur et décapant la HAB Galerie. Cette première exposition personnelle de l’artiste japonais en France s’intéresse à la manière dont Taturo Atzu, alias Tatzu Nishi, joue avec nos conventions en reliant des notions habituellement opposées : le public et le privé, le beau et le laid, le bon goût et le mauvais, le sérieux et le caustique.
Dans ce jeu avec les codes, l’artiste a décidé, tout au long de sa carrière, de changer de nom, passant de Tazro Niscino à Tatzu Nishi puis Tatsurou Bashi avant de revenir au second, puis maintenant Taturo Atzu.
C’est ainsi qu’on peut parler d’une “exposition personnelle collective”, sans doute premier “solo group show” de l’histoire de l’art !
Taturo Atzu use ici des formes et objets qui composent l’espace public en créant une sorte de jardin où une fontaine est composée d’une voiture et de sculptures en plâtre de jardinerie… Une lampe de bureau hors normes éclaire des photographies montrant Nantes sous un jour nouveau… Des sculptures issues des collections du musée des Beaux-Arts de la ville deviennent des caryatides contemporaines, tandis qu’un urinoir s’est échappé pour venir s’accrocher au milieu de l’exposition !
C’est en faisant preuve d’une grande liberté de faire et de penser que l’artiste rapproche le païen du sacré, l’historique de l’anecdotique. En jouant avec ces “valeurs“, il nous fait prendre conscience de leur sens profond.
T'aurais pu me le dire avant de partir !
Le mat d'éclairage public est l'un des objets que Toturo Atzu a le plus utilises tout au long de sa carrière. Alors qu'il y a dans le monde un nombre incalculable de lampadaires, on n y prête jamais attention. Leur omniprésence les rend invisibles. L'artiste en fait ici l'élément central d'une installation qui oscille entre drame et humour. On a devant les yeux le résultat d'un choc violent mois absurdité de l'occident, son caractère ubuesque, ôte tout sentiment d'effroi. L'œuvre ouvre au contraire les portes de l'imaginaire, laissant tout un chacun se construire sa propre histoire. Les rôles sont en effet inversés : la voiture, bien que produite en masse est souvent considérée comme un marqueur social, on y accorde de la valeur. Le lampadaire est en quelque sorte à son service. Ici, la voiture est réduite à la passivité, embrochée par un objet que tout le monde ignore !
Vespa boule à facettes
Taturo Atzu a consacré la quasi-totalité de son activité artistique à présenter des pièces en extérieur. Pour sa première exposition personnelle en intérieur, sa préoccupation est restée de s'adresser à ceux qui n'ont pas l'habitude de fréquenter des musées. En utilisant des objets du quotidien, il instaure de fait une certaine familiarité. Ce scooter, objet des plus banals, acquiert un statut hors du commun en étant recouvert de petits miroirs, à la manière des boules à facettes. En s'appuyant sur la qualité de réfléchissement du miroir, il tente ainsi de faire rentrer l'extérieur à l'intérieur de la galerie et inversement, de foire sortir les œuvres dons l'espace public. C'est d'ailleurs après avoir arpenté les rues de Nantes lors de la Nuit du VAN le 3 juillet que l'engin de locomotion est devenu sculpture, accrochée dans cet entre-deux espaces qu'est le sas de la HAB Galerie, comme une invitation à entrer dons l'exposition.
Fontaine de la mode et de l'immuable
Cette installation, Assemblage d'éléments hirsutes, fait référence aux fontaines omniprésentes dons nos villes. Comme souvent, Taturo Atzu donne à l'œuvre un titre explicite. Alors que la mode change sons cesse (les modèles de voiture en font partie), on ne cesse de reproduire une certaine esthétique classique notamment issue de la statutaire gréco-romaine. Bien que très différents dans l'image qu'ils colportent, ces objets, voiture, bennes et sculptures en plâtre, ont pour point commun d'être omniprésents dons le paysage urbain. Ils sont aussi tous issus d'un mode de production industrielle. Par la manière quelque peu bricolée et brutale dont il crée l'installation, il entend prendre ses distances avec un art qui s'appuierait uniquement sur des techniques de pointe dans l'objectif d'une esthétique irréprochable. Manière pour lui de pourfendre l'idée même de "bon goût".
Trois endroits pour reconnaître un adulte indépendant
C'est sans doute dons cet ensemble d'œuvres que l'art de la contradiction de Taturo Atzu atteint son paroxysme. Des toilettes, lieu de l'intime où l'on s'extrait du regard des autres, se retrouvent éparpillées dons l'espace d'exposition. Ce ne sont pos des pièces rapportées puisqu'elles ont bel et bien été enlevées des toilettes publiques de la HAB Galerie pour trouver une nouvelle place, obligeant ainsi les tuyaux d'évacuation à sillonner l'espace ! L'une est installée au sommet d'un échafaudage, installation démesurée pour ce genre d'usage, simplement pour foire profiter de la lumière naturelle. L'autre se retrouve dons l'atelier technique, espace habituellement interdit d'accès. Enfin, un urinoir se retrouve accroché à un pilier, au beau milieu de l'exposition. A travers ce dernier objet, comme d'ailleurs dans l'humour dont fait preuve Taturo Atzu pour cet ensemble d'œuvres et dans le titre qu'il lui donne, on peut bien sûr y voir un hommage à Marcel Duchamp qui en 1917 avait défrayé la chronique (et changé plus tard le cours de l'histoire de l'art) en exposant un urinoir.
Bonjour bébé
Cette œuvre mêle allègrement les niveaux de valeurs qu'on accorde aux objets. Le caractère unique des œuvres d'art y côtoie la banalité du quotidien. Alors qu'on est habitué à contempler peintures et sculptures ou sein d'un musée, elles sont ici mises en situation dons un intérieur des plus communs : une chambre à coucher. Une scène de vie familiale s'y déroule : un homme et une femme observent leur enfant s'ébattre sur le lit. Taturo Atzu affuble au buste de Victor Hugo par Rodin un corps grossièrement taillé tandis que la prêtresse d'Eleusis est couverte d'un masque pareillement difforme. A la noblesse du bronze et du marbre se greffe la pauvreté du polystyrène. En choisissant d'accrocher des peintures de paysages derrière les fenêtres, l'artiste nous extrait du lieu d'exposition. Il prolonge ainsi sa démarche de mêler l'art à la vie le plus intimement possible. Œuvres de la collection du Musée des Beaux-arts de Nantes Métropole : Eugène Fromentin, Chasse à la gazelle dans le Hodna, 1856, huile sur toile. Jean-Baptiste Oudry, La rentrée du troupeau, 1740, hui/e sur toile Charles-Auguste Lebourg, La prêtresse d'Eleusis, 1874, marbre Jean-Baptiste-Joseph Debay, Hercule enfant étouffe les serpents envoyés par Junon 1830, marbre. Auguste Rodin, Victor Hugo écoutant les sirènes, 1897-1902, bronze.