Catherine Deneuve a reçule prix Lumière des mains de Roman Polanski.
L’actrice a reçu hier à Lyon, devant une foule de personnalités du cinéma, le 8e prix Lumière. Longue séquence émotion.
Si le journalisme, comme disait Clemenceau, c’est parfois un sujet, un verbe et un compliment, alors disons-le tout net : Catherine Deneuve, reine, à Lyon, de la 8 e édition du Festival Lumière qui s’achève demain soir, n’a jamais été si belle. Belle et lumineuse dans la ville des inventeurs du cinéma. Belle, hier après-midi en chemisier perle moucheté au Théâtre des Célestins, lors de sa participation à un « master class ». Belle de jour hier soir, en robe noire, accompagnée de sa fille, Chiara Mastroianni, sur la scène du grand amphithéâtre du centre de congrès plein de 1 500 invités parmi lesquels une ribambelle de bobines fameuses. Tous présents pour cette grande mademoiselle du cinéma français honorée du 8ème prix Lumière.
On voit assez bien, en général, quand les acteurs, les réalisateurs y sont pour se montrer. Là ils sont venus pour la montrer. Sans ordre d’apparition au générique, Sandrine Kiberlain, Julie Depardieu, Laura Smet, Emilie Dequenne, Marisa Paredes, Quentin Tarantino, Benoît Magimel, Vincent Lindon, Costa Gavras, Roman Polanski — qui a remis le trophée —, Gilbert Melki, Lambert Wilson, trois Jean-Paul : Belmondo, Rouve et Rappeneau… La star s’attendait évidemment à un hommage. Mais au vu de sa réaction projetée sur grand écran, l’actrice, première femme à figurer au palmarès de cette manifestation, a pris la vague de plein fouet. Tout en elle battait la chamade. « Depuis elle, le cinéma ne peut plus filmer pareil ! » s’est exclamé Thierry Frémaux, délégué général du Festival de Cannes, mais ici enfant du pays et créateur de cette manifestation dont on sent bien que les Lyonnais sont amoureux. La soprano Natalie Dessay a rouvert les parapluies de Cherbourg et tout le monde a oublié qu’il pleuvait dehors. Vincent Lindon a une nouvelle fois prouvé qu’il était un fabricant de discours et d’émotion hors pair en empruntant au passage une formule à Robert Mitchum : « Vous êtes un peu plus qu’une femme, quand nous, les acteurs, sommes parfois un peu moins qu’un homme. » Daniel Auteuil a fabriqué un petit film malicieux dans lequel il se débrouille pour embrasser Deneuve sur la bouche. Quentin Tarantino a évoqué « Catherine Deniouve » la première fois qu’il l’a rencontrée : « J’aurais tout cassé pour elle. » Wilson a chanté et dansé. Quant au réalisateur Bertrand Tavernier, il a déclaré : « Si on veut parler de la variété, de l’audace, de l’enracinement du cinéma français, il n’y a qu’à prendre la filmographie de Catherine Deneuve. »
Et Catherine ? Qu’a-t-elle dit ? « C’est une situation exceptionnelle que je revivrai jamais. Tout ça est assez bouleversant. » Puis faisant allusion au film « Profils paysans », de Raymond Depardon, elle a dédié son prix « à tous les agriculteurs de France ». Demain elle poursuivra son sillon.